Conseil municipal : Les rythmes scolaires à Marseille « No pasaran »

Publié le 28 avril 2014 à  22h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h49

img_9939_conseil_municipal.jpgLe maire UMP de Marseille a fait voter, ce lundi 28 mars, lors de la séance du conseil municipal un moratoire pour la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires. De fait, le décret porté par Vincent Peillon puis revisité par Benoît Hamon, pourrait, pour quelque temps, passer à la trappe.
«Le gouvernement a fait un pas, il faut qu’il en fasse plus», indiquera Jean-Claude Gaudin. Et de part et d’autre de l’hémicycle d’aucun ne votera contre ce moratoire. Le PS refusera de participer au vote, le Front de gauche et EELV s’abstiendront et la majorité aura, une fois n’est pas coutume, le vote du FN.
Il en est qui aurait souhaité que ce débat n’ait pas lieu. En effet, Stéphane Mari président du groupe socialiste demandera au maire de retirer ce rapport. Ce dernier refusera, précisant : «Nous avons pris beaucoup de soin pour l’écrire».

«Dans la pratique, il était impossible de mettre cette réforme en place dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité»

Parole est donnée à Danielle Casanova, l’adjointe aux écoles. Elle réitéra les craintes soulevées autour de ce décret : «Dans la pratique, il était impossible de mettre cette réforme en place dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité ». Insistant que pour 45 minutes «de rollers ou de scoubidou», il fallait recruter 3 500 animateurs possédant le Bafa et prévoir 3 500 locaux pour ces activés. Expliquant que la majorité des enseignants «refusait que les activités dérangent leur classe». Ajoutant le repas supplémentaire du mercredi qu’«il fallait organiser pour quelques dizaines de milliers d’enfants ». Et tout cela pour un montant de « 23 à 27M€ » alors que dans le même temps, indique-t-elle: «l’État diminue la dotation générale de fonctionnement de 8M€».

«Un doublement des crédits afin que du soutien scolaire soit proposé aux enfants en difficultés»

Et de revenir sur ce que le maire nomme «les soldes de Benoît Hamon». « Les assouplissements, présentés ces derniers jours, qui proposent de réunir toutes les activités en une seule demi-journée, sont à contresens de l’esprit de cette réforme qui était d’alléger la journée de l’enfant », juge-t-elle. Rappelant : « Nous avons été élus par des familles inquiètes pour l’avenir de leurs enfants quand le rapport Pisa constate qu’en France un nombre croissant d’enfants ne possèdent pas les savoirs fondamentaux. La réponse à ce fléau ne peut consister à faire chaque jour 45 minutes de rollers ou de scoubidou ».
Et d’annoncer, pour la rentrée prochaine, que le projet municipal prévoit un doublement des crédits afin que du soutien scolaire soit proposé aux enfants en difficultés. En parallèle 2 activités scolaires seront proposées aux enfants n’ayant pas besoin de soutien scolaire.

«Cette réforme est une prescription médicale»

Annie Levy-Mozziconacci (PS) de s’insurger « Marseille va être la seule grande ville de France à souhaiter ne pas appliquer un décret que 99 % des communes appliqueront à la rentrée 2014 ».
Assurant que le principe de cette réforme de 4 jours et demi est soutenu par l’Académie de médecine qui avance : «La semaine de 4 jours est un contresens biologique qu’il faut abolir en aménageant le temps scolaire sur 4 jours et demi». Et milite à ce propos en faveur du samedi matin plutôt que le mercredi . Et de se réjouir que le décret Hamon permet indifféremment de faire le choix du samedi matin ou du mercredi.
Annie Levy-Mozziconacci brandit une autre référence celle du pédopsychiatre, Marcel Ruffo. « Il défend cette réforme sur le principe simple qu’elle est totalement favorable aux enfants et particulièrement ceux qui ont des difficultés d’apprentissage ». Plus encore, juge-t-elle : « Cette réforme est une prescription médicale» et elle a le mérite « d’améliorer une situation critique».
Elle préconise : «Nous avons jusqu’au 6 juin pour revoir tous ensemble notre copie, pour mettre en place les premières pierres d’un accueil éducatif de qualité pour les enfants et leurs familles ». Estimant que cette réforme doit s’envisager à « long terme ». Et de proposer : « Il faut rapidement mobiliser les acteurs territoriaux, de l’école, de la famille, les associations d’éducation populaire ».

«Cette réforme favorise la territorialisation de l’éducation»

Valérie Diamanti (FDG) souligne qu’en 2008 le ministre Darcos a diminué sans concertation le temps d’école. «Si aujourd’hui il faut l’augmenter, c’est pour apprendre et pas seulement pour des activités périscolaires ». Considérant que «cette réforme favorise la territorialisation de l’éducation » et entérine «les inégalités entre les communes et entre les quartiers d’une même commune, comme à Marseille»
Elle indique: «Avec les parents d’élèves, nous retenons 3 idées : L’attachement au caractère national de l’éducation, c’est-à-dire l’école de l’égalité de la République ; la réussite des enfants, dans le cadre d’une école de qualité et gratuite ; l’association et la participation des parents d’élèves aux réflexions sur des sujets aussi importants». Proposant: «Comme le réclament de nombreux collectifs de parents d’élèves, l’organisation des « États généraux de l’école » avec l’ensemble des acteurs concernés (parents, enseignants, personnels municipaux)».

«L’école de la République est en train de se tiers-mondialiser subissant la désastreuse politique d’immigration»

Si le frontiste Stéphane Ravier se félicite de cette démarche concernant le moratoire il s’étonne de «ce revirement de situation». « Nous avons en mémoire votre engagement d’appliquer la loi de la République ». Et chasse le naturel, il revient cette au galop, ironise donc « sur la capacité du maire à changer d’avis » et de nourrir quelque espoir sur des dossiers «qui nous préoccupent comme l’armement et le déploiement sur l’ensemble de la ville des policiers municipaux, ou encore le démantèlement des campements et l’expulsion des Roms ». L’élu FN ne s’arrêtera pas là. Évoquant le doublement des moyens pour les enfants en difficultés, « pour permettre dans le pays de Molière» aux enfants d’apprendre à lire, écrire et compter, constatant que l’école de la République «est en train de se tiers-mondialiser subissant la désastreuse politique d’immigration»…

«L’association des maires de France est totalement opposée à l’application de ce décret»

Le maire de Marseille aura le mot de la fin. A l’attention d’Annie Levy-Mozziconacci, il affirme: «Tant que nous ne savons pas à qui nous donnerons nos enfants, ni comment nous allons payer, nous ne voudrons pas de cette réforme ». Il tient à rappeler: «L’association des maires de France est totalement opposée à l’application de ce décret». Selon lui : « C’est une faute politique que d’avoir voulu passer en force. Le gouvernement socialiste a imposé 40 Md € d’impôts supplémentaires de prélèvement sur les ménages et les entreprises et veut camoufler cette initiative financière en créant des écrans de fumée ».
Et de lancer: « Personne n’est contre l’intérêt des enfants mais qui assumera la dépense? Que le ministre le dise et ce n’est au maire à mettre le doigt sur les difficultés».
Patricia MAILLE-CAIRE

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