Conseil municipal de Marseille : Canebière-Feuillants, l’îlot de la discorde

Publié le 18 juin 2013 à  6h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h38

Suite à l’appel à projets lancé en janvier 2012 pour la restauration des 5 immeubles composant l’îlot Canebière-Feuillants, Christian Pellicani (PCF) déplore que le choix de la municipalité se soit porté sur un groupe de promotion immobilière. La municipalité assure qu’elle a agi dans le cadre « d’une méthodologie irréprochable » et « d’une réflexion collective ».

Christian Pellicani (PCF) (en haut à gauche) estime qu'
Christian Pellicani (PCF) (en haut à gauche) estime qu’

Elle n’était sans doute pas la plus attendue des 364 délibérations inscrites à l’ordre du jour du conseil municipal de Marseille de ce lundi 17 juin, mais aux yeux de Christian Pellicani (PCF), elle est emblématique de la politique menée par la municipalité. Alors l’élu du groupe Communiste, Républicain et Citoyen n’a pas hésité à monter au créneau sur le rapport 42 qui devait entériner la cession de 5 immeubles composant l’îlot Canebière-Feuillants (1er) à la Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise (Soléam). Ces bâtiments « datent du XIXe siècle et présentent une belle unité architecturale élevée de 5 étages sur entresol et d’un 6e étage en retrait, offrant environ 4 000 m² de surface utile », rappelle l’élu du 1er secteur. Or, un appel à projets, « sur la base d’un cahier des charges fixant les objectifs et les contraintes », a été lancé en janvier 2012 pour restaurer ce groupe d’immeubles dans le cadre du Périmètre de restauration immobilière (PRI) centre-ville.
Et c’est le choix opéré par la municipalité suite à l’examen des 5 réponses à cet appel à projets que déplore Christian Pellicani. « Vous avez, une fois de plus, rejeté l’offre la plus originale qui aurait pu ouvrir un « Espace Urbain Participatif » et innovant au centre-ville. Projet qui associait les habitants du quartier et l’ensemble des acteurs locaux. Le collectif des Feuillants, qui s’est inscrit dans l’appel à projets, aurait pu donner à notre ville une vitrine européenne dans le domaine de la rénovation urbaine », estime l’élu communiste. Mais de souligner que « la commission a préféré privilégier un groupe de promotion immobilière qui va bénéficier de facilités : un prix au m² très attractif, 2,5 M€ pour 4 000 m² soit 625 € le m² ; des investissements de la communauté urbaine pour la création d’une nouvelle station de tramway au niveau de l’îlot les Feuillants. Et sûrement dans le temps d’autres contributions comme cela s’est fait sur d’autres projets d’aménagements », énumère-t-il.

« Le mieux disant au regard de vos critères »

Ainsi l’élu communiste insiste sur le fait que la réponse du groupe Fondeville, à travers ses filiales Agir Promotion et Arrelia, « a été le mieux disant au regard de vos critères ». « Le groupe s’est engagé à conserver ses biens en patrimoine pour une durée minimale de quinze ans après réalisation d’un espace restauration/brasserie/bar, d’un espace d’hôtellerie 4 étoiles (environ 80 chambres) et d’un espace bien-être et spa. Vous avez choisi un investisseur qui réalise des plus-values le plus vite possible et qui nous laissera dans quinze ans un nouveau problème », tranche-t-il.
Et Christian Pellicani d’enfoncer le clou en soulignant qu’« une fois de plus c’est une opportunité de faire autrement qui se ferme et, contrairement à nos deux collègues élus de Marseille qui ont reçu une « Marianne d’Or » pour leurs actions sur la ville, vous n’aurez pas par votre politique et vos choix la « Marianne de la Démocratie Participative » ». Avant de préciser que « le groupe Communiste, Républicain et Citoyen membre du Front de Gauche votera contre la cession de l’îlot à la Soléam car nous ne partageons pas les projets qui devraient y être réalisés ».
Danielle Servant, adjointe au maire déléguée à l’Autorisation de construire, rétorque, au nom de la majorité municipale, que ce rapport « fait suite à un travail collectif dans la démarche et le choix : arrêtons de remettre en cause les méthodes ». Des propos corroborés par Arlette Fructus, adjointe au maire déléguée à l’Engagement municipal pour le Logement, qui confirme que « le projet des Feuillants a été mené dans un cadre collectif ». « Les appels à projets ont tous été auditionnés, y compris celui du collectif des Feuillants, alors qu’il ne respectait pas les règles, car il était intéressant. Il s’agit d’une méthodologie irréprochable, d’une réflexion collective. C’est un projet qui a demandé des années de mise en place », indique-t-elle, avant d’estimer que « c’est une réussite ». Et Arlette Fructus de juger que « les propos de M. Pellicani ne vont pas dans le sens du dynamisme de notre ville, de la Canebière ».
La délibération était ensuite adoptée.

Serge PAYRAU

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