Conseil municipal de Marseille : La sécurité au cœur des débats

Publié le 7 octobre 2013 à  22h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h24

(Photo P.M.-C)
(Photo P.M.-C)
La sécurité est devenue le Graal des politiques menées à Marseille. Il est vrai que l’actualité marseillaise surmédiatisée a fait son œuvre et accéléré un processus qui se lovait dans la stagnation. Cheval de bataille pour les uns, défi à relever pour d’autres, toujours est-il qu’un tel engouement est peut-être le signal fort d’une société qui ne se porte pas très bien. Bref, aujourd’hui tel n’a pas été le propos au sein de l’hémicycle mais in fine une surenchère à qui mieux mieux de ce qui est ou pourrait être, de compétences régaliennes ou pas.
Caroline Pozmentier (UMP), a mis dans son escarcelle nombre d’éléments propres à pallier les retards dans le cadre « de l’engagement municipal en faveur de la sécurité des Marseillais ».

Une présence pérenne sur tout le territoire et la mise en place de brigades de nuit

La police municipale se voit ainsi dotée de 100 recrues supplémentaires – issues d’un concours qui s’est déroulé ce samedi 5 octobre – portant ainsi à 435 le nombre de policiers municipaux en 2014. L’élue précise en réponse à quelques quolibets lancés sur la fonction des agents : « Ils exercent des missions de police et pas des tâches administratives. Quant aux 40 agents du Centre de supervision, tous les jours ils orientent les patrouilles sur la voirie.» Des moyens supplémentaires leur sont également affectés au rang desquels des véhicules géolocalisables, tasers et flash-balls, gilets pare-balles, etc. Ce renfort d’hommes « va permettre une présence pérenne sur tout le territoire et la mise en place de brigades de nuit », explique Caroline Pozmentier. La vidéo-protection est également en plein essor, 1 000 caméras seront déployées d’ici la fin 2014 et 2 000 à horizon 2017. Suite à l’agression cet été d’un infirmier urgentiste l’AP-HM a défini un programme d’équipement de ses divers établissements, dont les parkings. Un programme qui doit améliorer le dispositif de vidéo surveillance, notamment par le biais de l’enregistrement des données et images. Les personnels seront également dotés d’un dispositif d’appel individuel destiné à les rassurer pendant l’exercice de leurs missions. Et c’est dans ce cadre que la Ville contribue à ce programme d’équipements estimé à 1, 7 million d’euros, à hauteur de 500 000 euros, dans un plan d’ensemble qui comprend 30 mesures, pour un coût de 4 millions d’euros. L’élue annonce, par ailleurs, la mise en place d’une Cellule de citoyenneté et de tranquillité publique « une concertation mais aussi de mesures fortes à caractère pédagogique au cas par cas pour la prévention de la délinquance des mineurs : absentéisme, accompagnement parental, etc. Sachant que 66% des actes violents sont commis par des mineurs. »
Un beau paquet cadeau qui ne laisse pas indifférent l’opposition et c’est Christophe Masse (PS) qui ouvrira le bal. « On aidera Marseille lorsqu’on acceptera d’aborder ces problèmes de sécurité comme des sujets sociétaux dépassant les idéologies et les dogmes réducteurs ». Face aux attaques sur l’insuffisance des effectifs de la police nationale, et du rôle de l’État, il juge que « le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, depuis un an, s’efforce à rattraper le retard du gouvernement précédent en terme d’effectifs policiers sur Marseille ». Rappelant que Nicolas Sarkozy a « scandaleusement taillé dans les effectifs de notre police nationale ». Au niveau de la vidéo-protection, il pointe le retard de Marseille par rapport à d’autres villes comme Lille et Strasbourg qui comptent 1 caméra pour 1 000 habitants alors que Marseille compte «1 caméra pour 2 500 habitants ». En ce qui concerne la police municipale, le constat n’est pas plus tendre : « Lyon 1 policier pour 1 450 habitants, Marseille 1 policier pour 2025 habitants, c’est-à-dire 415 municipaux en comptant les cent prochaines recrues. »

« La proximité est essentielle pour sécuriser notre ville »

Christophe Masse plaide pour une autre approche de la sécurité : « On ne peut pas offrir de nouvelles perspectives à Marseille en pensant seulement au tout-répressif ». Il évoque alors « la prévention afin de reprendre possession du terrain qui a été déserté avec une police en contact avec la population ». Après avoir rapporté les propos de Nicolas Sarkozy estimant que « la police ne devait pas être de proximité parce que les hommes en uniforme n’avait pas vocation à devenir des assistantes sociales», il assure que « la proximité est essentielle pour sécuriser notre ville ».
S’il partage « les appréciations sur la compétence de l’État et sa responsabilité », Joël Dutto regrette « la mise en œuvre d’une politique municipale qui oriente l’action de la police municipale, justement sur le champ de compétence qui relève de l’Etat. » Il estime que « cette conception de la police municipale vous a conduit à la doter d’armes non létales « flash ball et taser » mais face aux kalachnikovs , vous allez proposer de passer à un autre type d’armes. En étendant l’action de la police municipale aux horaires de nuit vous allez surexposez les fonctionnaires territoriaux à des risques et justifierez ainsi son armement. »
Il met également en avant son opposition à la vidéo surveillance « dans ce domaine, c’est plus le lobby des constructeurs et des installateurs qui prévaut que l’évaluation scientifique des résultats. » Il prend alors l’exemple de Cannes « la ville la plus sécurisée de la Région qui a défrayé la chronique dans le domaine de la criminalité cet été et le maire de cette ville qui se vantait d’avoir le plus grand nombre de caméras au mètre carré
A propos de l’AP-HM et les 500 000 euros attribués pour un dispositif de sécurité, Joël Dutto estime qu’ « il appartient à l’État d’assumer sa responsabilité ».
Karim Zéribi (EELV) de prévenir, pour sa part, que « la police municipale ne doit pas se substituer à la police nationale, elle est complémentaire. »
Le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin précise qu’il était opposé à l’armement de la police municipale, à cause du risque de bavures et de ses conséquences. Il souligne en direction de Christophe Masse : « En 1995, quand je suis arrivé, il y avait 50 policiers municipaux. Aujourd’hui, ils sont au nombre de 315 et on en ajoute 100 supplémentaires » Mais, renchérit-il: « La sécurité des personnes et des biens dépend de l’État. »
Patricia MAILLE-CAIRE

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