Conseil municipal de Marseille: débats récurrents autour du stationnement, transport, écoles, Grande Mosquée…

Publié le 4 octobre 2016 à  10h09 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Plus de 6 heures, c’est la durée de la séance du Conseil municipal de ce lundi 3 octobre. Il est vrai que le menu était quelque peu indigeste avec 270 délibérations à l’ordre du jour. L’opposition de gauche (PS, PCF- Front de gauche et EELV) et d’extrême droite (FN) a animé les débats s’offrant même une déviation en évoquant les transports quand il n’était question que de stationnement; s’en est suivi le récurrent débat autour des écoles, sans oublier en toute fin de séance celui de la Grande Mosquée.

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
La séance a commencé avec une minute de silence en hommage à Colette Babouchian, adjointe aux crèches mais a très vite laissé place à quelque discorde dès le 1e rapport sur l’aménagement des Places de l’Amiral Muselier et de l’Honnêteté dans le 8e. Annie Levy-Mozziconacci (PS) conseillère des 6/8 a déploré l’abandon de ces deux places depuis 2 ans qui voient leurs commerces fermer les uns après les autres. Et de réclamer que le beau ait droit de citer dans tout Marseille. Elle finit par évoquer le nom de Muselier «trahi par les siens ». Yves Moraine, Maire LR de ce secteur rétorque en la proposant comme «Présidente d’honneur de l’association des amis de Renaud Muselier». Puis de se défendre en rappelant qu’il a réuni CIQ et commerçants sur ce dossier et que la présence d’un aquarium en sous-sol compliquait tout. «Un aquarium qui, rappelons-le a fermé voilà plus de 20 ans et que Propriétés&Co, un investisseur privé l’a acheté pour le reconvertir en bureaux et en parking», indique-t-il. Néanmoins, poursuit-il: «Des infiltrations d’eau ont fait tout stopper y compris les travaux de surface que la mairie avait confié à la Soleam». Yves Moraine s’est voulu tout de même rassurant : «La Soleam va intervenir pour refaire l’étanchéité quitte à se retourner pour en faire supporter les frais par le propriétaire privé.» Et d’insister en soulignant que «les commerces ne sont pas en train de souffrir, tout au contraire, ils ont fait de bonnes affaires avec l’Euro 2016.» Jean-Luc Ricca, adjoint LR en charge de la circulation, a ensuite présenté le rapport sur le stationnement payant sur la voirie. Un dossier qui a suscité une levée de bouclier. La Frontiste Jeanne Marti, dénonce des mesures qu’elle juge «inefficaces» et «à l’opposé des objectifs affichés»: un centre ville plus apaisé. Benoît Payan, Président du groupe socialiste s’insurge pour sa part des hausses de tarif du stationnement, «100% pour les résidents hors abonnement» et a accusé la Mairie d’avoir là «déjà une machine à sous à défaut d’un casino». Il réclame alors le retrait du rapport pour traiter «du problème des 153 heures de perdues dans les embouteillages» et préconise d’écouter «les chefs d’entreprise qui déplorent mettre moins de temps pour aller de Marignane à Paris que de Marseille à Marignane».

L’automobiliste marseillais subit une triple peine: Il n’a pas d’alternative à la voiture, perd son temps dans des bouchons et doit régler des prix exorbitants de stationnement

Pour Karim Zéribi, (EELV), l’automobiliste marseillais «subit une triple peine: Il n’a pas d’alternative à la voiture, perd son temps dans des bouchons et doit régler des prix exorbitants de stationnement.» Il ne manque pas de réclamer au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, par ailleurs président de la Métropole, de poursuivre le Métro au-delà de Capitaine Gèze et le Tramway vers les 9e et le 10e «sans faire d’opposition entre le Nord et le Sud de Marseille». Il accuse alors Dominique Tian, le1e Adjoint LR, qui veut un Métro pour le Sud, «d’alimenter cette division» et a fini par railler le tracé même du Tram qui se superpose à celui du Métro. Jean-Marc Coppola (PCF-FDG) voit dans les transports à Marseille, «le principal obstacle à l’emploi et à la formation». Il fustige: «La hausse des tarifs de stationnement» en rappelant que Toulon, ville gérée par la droite, a montré au contraire que «les prix très bas entraînent une forte rotation». Il suggère un renversement total du projet de transport. Pour lui, pas de gare souterraine à Saint-Charles, «une hérésie» et «une solution unique» proposée par la SNCF pour 2030 et 2050. Il propose d’utiliser les 2,5M€ qu’elle coûterait pour «améliorer aujourd’hui les transports quotidiens». Il réclame à son tour le retrait du rapport pour examiner à nouveau les prix du stationnement en surface comme dans les parkings souterrains et propose dans le même temps que ces derniers reviennent «en gestion publique pour faire revenir l’argent dans les caisses de la Ville». Lisette Narducci (PRG), maire des 2/3 a défendu son secteur en demandant la pose d’horodateurs mais réclame, en revanche, «la gratuité du stationnement entre midi et deux», prenant dans ce cadre, la défense de ses commerçants. Les ténors de la majorité n’ont pas hésité à se manifester. Lionel Royer-Perrault, en réponse aux remarques du Front National, a rappelé «le passé et le passif» : le refus de Gaston Defferre de faire la Communauté urbaine et donc de créer un début d’histoire des transports. Insiste sur le Plan de Déplacement Urbain (PDU) qui a été voté en son temps et pour lequel aujourd’hui, «il faut hiérarchiser, avec des moyens que nous n’avons pas». Plaide pour une réflexion globale sur les transports. «Un sujet complexe que l’on ne peut pas laisser croire simple quand on voit Anne Hidalgo, maire PS de Paris déporter la pollution automobile en banlieue pour rendre les berges de la Seine sans voiture». Avant de conclure :«Mais, nous ne pouvons pas tout faire tout de suite». Il annonce, par ailleurs, une reprise des négociations des concessions des parkings qui arrivent à échéance en 2017. C’est à Dominique Tian (LR), 1er adjoint au maire de Marseille, qu’il revient de défendre un plan de transport par étapes, dont la première a été décidée et ne sera pas remise en cause. Pour la deuxième, 2025-2030, il engage à imaginer «une troisième ligne de Métro vers Bonneveine» que 150 000 personnes attendent. Pour lui, il n’y a pas de fracture entre le Nord et le Sud de Marseille mais «des projets de transport partout».

«Le seul tracé pertinent est celui qui va du Nord au Sud et qu’il est d’ailleurs inscrit au PDU»

Guy Teissier, Président LR du Conseil de Territoire Marseille-Provence (ex MPM) entend bien les critiques des oppositions mais considère qu’«il s’agit d’un débat dans le débat du stationnement payant». Il rappelle que les parkings relais qu’il a réalisé quand il était à MPM et cite en exemple : «80 places à la Gare de la Pomme;100 à la Barrase et plusieurs centaines à Capitaine Gèze et à Dromel». Et juge : «Le seul tracé pertinent est celui qui va du Nord au Sud et qu’il est d’ailleurs inscrit au PDU.» Et de refaire les plans du Métro et du Tram de Marseille. Pour le Métro, il déplore que l’on n’ait pas choisi de faire une ligne vers Saint-Loup car, «ce sont 230 000 véhicules qui descendent et remontent la Vallée de l’Huveaune tous les jours». Selon lui, pas de doute «cela aurait été la seule ligne exploitable bénéficiaire et avec seulement 30% de récupérés de la route, ce serait 80 000 voitures de moins en ville». Pour le Tram, il signale deux prolongements, un vers le Sud, prévu et financé en partie quand il était Président de MPM et vers le Nord, au niveau du Lycée Saint-Exupéry. Ces travaux réalisés, il pense que, «alors seulement» on pourra envisager des bretelles vers les quartiers Sud. Une allusion critique à la ligne 3 évoquée par Dominique Tian. Enfin, il demande de ne pas faire de «tout» un débat et de considérer que le plan de stationnement payant de Jean-Luc Ricca vise à dégager un Centre-Ville «qui n’a pas été retracé entièrement par Haussman» et, où les parking restent «rares et chers». Pour lui, «il faudra renégocier avec les prestataires privés». Samia Ghali (PS), maire des 15/16 prend la parole, alors qu’elle n’avait pas prévu d’intervenir, pour réaffirmer qu’elle veut du transport partout, loin des rêves des uns et des autres qui défendent chacun les transports de leur secteur. Jean-Claude Gaudin, sonne la fin de ce débat. Il prédit que les critiques à ce stationnement payant seront comme celles contre les horodateurs, une acceptation, in fine à l’instar des CIQ et des commerçants qui «ne sont plus contre eux aujourd’hui». Il défend le Centre-Ville qu’il ne veut plus voir asphyxié et livré au stationnement anarchique des Marseillais. Passant à la Métropole, il en appelle au financement de l’État de ce dossier des transports que tous jugent prioritaire. La gauche et le FN ont voté contre ce rapport, Lisette Narducci et son groupe se sont abstenus. Le rapport a été voté. son_copie_petit-36.jpgLes rapports sur l’école présentés par Danièle Casanova (LR), adjointe aux Écoles, ont fait réagir Annie Lévy Mozziconnacci (PS) notamment devant ce nouveau lot de travaux programmés. annie_levi_mozziconacci_convertie.mp3

Samia Ghali reproche au maire de ne pas avoir associé l’opposition dans un Comité de suivi qui aurait pu accompagner l’Association «La Mosquée de Marseille».

Enfin, vint le rapport que tous attendaient : la résiliation de plein droit du bail emphytéotique de la Grande Mosquée de Marseille, après la mise en demeure du 4 août dernier. son_copie_petit-36.jpgLaure-Agnès Caradec (LR), Rapporteur, adjointe à l’urbanisme et présidente d’Euromed a rappelé l’histoire de ce projet de Grande Mosquée. En 2006, une première délibération est votée, avec un loyer de 300€ pour l’association «La Mosquée de Marseille». Le loyer est porté à 24 000€ à la suite d’une plainte du Front National et un jugement du Tribunal Administratif. La première pierre est finalement posée en 2010. Le projet de Grande Mosquée s’élève alors à plus de 20M€. Le Président de l’Association change, on le dit trop proche de Jean-Claude Gaudin et, Abderrahmane Ghoul succède à Nourredine Cheikh. Fatima Orsatelli (PS) en devient la Trésorière. L’Algérie pays financeur se retire, le bail limitait le financement étranger à 20% du montant total). Et l’association n’a recueilli que 200 000€ des fidèles Musulmans. En 2015, le Trésorier Payeur Général demande à la Mairie de faire respecter le bail. Des courriers sont envoyés sans jamais recevoir de réponse. Et pendant ce temps, le bâtiment qui se dresse sur le terrain se dégrade et il est même partiellement incendié. Laure Agnès Caradec revient sur ce dossier… laure-agnes_caradec_convertie.mp3 son_copie_petit-36.jpgA l’issue du vote, Samia Ghali réagit et se dit triste pour les Musulmans de Marseille et pour Marseille et reproche au maire de ne pas avoir associé l’opposition dans un Comité de suivi qui aurait pu accompagner l’Association «La Mosquée de Marseille». samia_ghali_converti.mp3 En marge du Conseil Municipal Jean-Claude Gondard, Directeur Général des Services a déclaré que cette Grande Mosquée a été l’idée forte du 2° mandat de Jean-Claude Gaudin. Indiquant: «On a mis du temps pour trouver le terrain, monter le bail, puis le 2° bail.» Le projet était un nouveau bâtiment avec un hall pour accueillir 2 000 à 3 000 personnes. Aujourd’hui, la Ville a un autre projet : «continuer le développement économique qui est à côté et finir la réhabilitation du quartier.» Mireille BIANCIOTTO

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