Convention Annuelle des maires de la région Sud – Renaud Muselier: « Nous ne cherchons pas l’indépendance nous réclamons de la liberté »

Publié le 4 mars 2019 à  13h00 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h49

Une 2e convention pour les maires de la Région sud (Photo Claude Almodovar)
Une 2e convention pour les maires de la Région sud (Photo Claude Almodovar)

Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a présidé la deuxième Convention Annuelle des Maires de la région Sud, en présence de Dominique Bussereau, Président de l’Assemblée des Départements de France, et de nombreux maires, présidents d’intercommunalités et présidents de Départements de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Au total, ce sont près de 1 200 personnes qui ont participé à ce rendez-vous annuel au cours duquel la Région a présenté l’ensemble de ses dispositifs dédiés aux collectivités du territoire. «On ne réussira pas les réformes dont la France a besoin pour continuer à rayonner dans le monde avec un projet jacobin», lancera Renaud Muselier avant d’ajouter: «Nous ne cherchons pas l’indépendance nous réclamons de la liberté. Et cette liberté suppose le respect. Le respect des territoires et de leurs élus. Il faut donc desserrer l’étau que l’État fait peser sur les collectivités».

Renaud Muselier président de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Photo Robert Poulain)
Renaud Muselier président de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Photo Robert Poulain)

«Les Maires et les élus des territoires sont les fantassins de la République»

Une manifestation qui aura été pour Martine Vassal, la présidente du Département 13 et de la métropole Aix-Marseille-Provence l’occasion d’affirmer à quel point elle est «persuadée que les maires doivent être au cœur du renouveau politique attendu par nos concitoyens». Pierre-Paul Leonelli, conseiller régional représentant Christian Estrosi, président délégué de la Région, allait dans le même sens: «Les maires et les élus des territoires sont les fantassins de la République avec une responsabilité incontestable et incontestée : celle d’écouter, de comprendre et de répondre aux attentes des Français». «Nous ne sommes pas une politique d’ajustement de décisions prises en haut», lance pour sa part Hubert Falco, le maire de Toulon. Et Dominique Bussereau exprimera lui aussi sa soif de régionalisation et sa critique d’une Loi NOTRe «qui n’est décidément pas la nôtre». Des critiques donc, mais aussi des propositions «pour sortir de la crise» avant la publication d’un texte, le 13 mars, juste avant la fin du grand débat, cosigné par François Baroin, président de l’Association des maires de France, Hervé Morin, président de l’Association des régions de France et Dominique Bussereau, pour un acte III de la décentralisation.

«Prétendre gouverner le pays sans tenir compte des représentations territoriales ne pouvait conduire qu’à l’asphyxie politique»

Renaud Muselier rappelle que cette manifestation s’inscrit dans la démarche initiée en septembre dernier autour du Président du Sénat Gérard Larcher et des présidents de Régions de France, Départements de France et Villes de France. «Cette démarche, « Territoires Unis » lancée ici même à Marseille en marge du Congrès des Régions de France». «Reconnaissons, poursuit-il, qu’à notre manière, nous avons été précurseurs. A l’époque, la mode venue d’en haut et complaisamment relayée par beaucoup de médias, consistait à fustiger les corps intermédiaires et à s’en prendre sans vergogne aux élus locaux». Souligne: «Nous avions émis le pronostic selon lequel prétendre gouverner le pays sans tenir compte des représentations territoriales ne pouvait conduire qu’à l’asphyxie politique et ajouter au désarroi national. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’actualité ne nous a pas donné tort. nous avions raison d’affirmer que dans un pays comme la France, rien ne bouge, rien ne peut changer, rien ne peut s’améliorer sans dialogue ni prise en compte des préoccupations du terrain».

Sudopolis, une plateforme participative

Insiste sur sa volonté de s’adapter à de nouvelles pratiques: «Comment ne pas voir à l’heure du numérique, des réseaux sociaux, du zapping informatif, que l’on ne peut plus et il ne faut plus, gouverner comme avant ? De cette réalité, il faut faire une exigence nouvelle. C’est la raison pour laquelle nous allons lancer « Sudopolis ». En Grèce antique, la polis est une cité état. Une communauté de citoyens libres et autonomes. Il s’agit là de différents outils permettant de donner la parole aux citoyens.»
Sudopolis sera une plateforme participative sur le site internet de la Région qui permettra dans un premier temps aux 5 millions de Provençaux, Alpins et Azuréens de s’exprimer sur les politiques mises en place en amont et en aval. «Nous les consulterons régulièrement par le biais de mails, de SMS ou via une application dédiée sur des problématiques bien spécifiques. Nous pourrons le faire à l’échelle régionale ou à un niveau plus local», indique le président de Région qui prévient que «rien, vous m’entendez, absolument rien, ne doit venir altérer le principe fondamental de la démocratie représentative»l. Pour Renaud Muselier: «La crise -nous venons de vivre une phase particulièrement aiguë et qui n’est pas achevée- est pour une part la conséquence de ce mode de gouvernance. Qui peut croire qu’au terme d’un débat fécond avec les élus, on aurait décidé les règles absurdes qui concernent : la baisse drastique des dotations aux collectivités territoriales alors qu’elles représentent 70% de l’investissement public; l’application aveugle de la loi SRU alors que pour certaines communes il n’y a plus de foncier disponible; ou encore l’application sans nuance depuis Paris des 80 km/h ?».
Deux tables-rondes avaient eu lieu au préalable la première sur la région au service des territoires, la seconde sur l’aménagement numérique. A cette occasion Alain Weill, le PDG d’Altice France (SFR, BFM, RMC) s’était félicité d’avoir obtenu le contrat d’équipement des Alpes de Haute-Provence et des Hautes-Alpes ainsi que d’une partie des Bouches-du-Rhône. Puis de saluer le traitement du mouvement des gilets jaunes sur BFM: «Nous avons fait notre travail. Il était important de dire la vérité. Il y a eu une vague jaune qui nous a tous surpris. Puis il y a un deuxième temps avec le Grand débat national». Renaud Muselier ne manquera pas de réagir: «Je ne partage pas ton analyse…».

«On peut faire mieux au plan local et on doit pouvoir expérimenter»

Dominique Bussereau, Président de l’Assemblée des Départements de France  (Photo Robert Poulain)
Dominique Bussereau, Président de l’Assemblée des Départements de France (Photo Robert Poulain)

Pour Dominique Bussereau aussi il importe «d’associer les corps intermédiaires». Et de plaider en faveur d’un «Grenelles économique et social dans lequel les Maires seraient présents». Ajoute: «Nous sortons du grand débat avec l’idée que la décentralisation est une solution que l’État doit exploiter lui qui est très défaillant au plan local. On peut faire mieux au plan local et on doit pouvoir expérimenter». Et, donc, les Associations des Maires, des Départements et des Régions de France vont faire des propositions communes: «Nous avons décidé que l’on ne pourrait plus nous diviser et, ensemble, après Mitterrand/Defferre et Chirac/Raffarin, nous voulons une troisième décentralisation». Il fustige une loi NOTRe «recentralisatrice, bureaucratique». Rappelle: «Il est écrit dans la Constitution que notre République est décentralisée. Les technocrates parisiens ont trop tendance à l’oublier». Dénonce la suppression de la clause générale «qui fait que des choses qui se faisaient rapidement ne se font plus ou, lorsqu’elles s’imposent, peuvent relever du tribunal administratif». Avance: «La fusion Département-Métropole n’est pas forcément une bonne chose. Et celle de Lyon que l’on a donnée en exemple n’est pas si exemplaire que cela». Avoue ne pas être un grand fan «de l’élection au suffrage universel des élus intercommunaux». Et de conclure: «Je plaide pour que nous allions plus loin en matière de décentralisation et d’imagination. Chaque département doit pouvoir faire différemment car chaque territoire est différent. Il y a un besoin féroce de proximité de nos concitoyens. Il faut l’entendre et en finir avec la verticalité».
Michel CAIRE

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