DEMI-FINALE DE TOP 14 : Toulon-Toulouse, quand le champion d’Europe défie le champion de France

Pas le temps de savourer. Tout juste auréolé de son titre de champion d’Europe de rugby glané de haute lutte face à Clermont samedi dernier à Dublin, le RCT se voit offrir un nouveau défi majuscule ce vendredi soir sur la pelouse du stade de la Beaujoire à Nantes : écarter le Stade Toulousain de la route du Stade de France pour se hisser pour la deuxième année consécutive en finale du Top 14. Un exploit que le club toulonnais n’a jamais réussi dans son histoire et qui constituerait une étape supplémentaire vers un retentissant doublé dont le staff « rouge et noir » ne veut, pour l’heure, absolument pas entendre parler.

Promis, juré, craché, cette fois, ce n’est pas lui qui mettra la pression sur ses joueurs : pour Mourad Boudjellal, tout à sa joie du titre européen glané après 7 ans de présidence, « la saison est terminée ». « Je ne sais même pas si je vais aller à Nantes » où le RCT joue ce vendredi 24 mai à 21 heures sa demi-finale de Top 14 face au Stade Toulousain, a même lâché samedi à Dublin le président varois. Avant d’ajouter dans son style caractéristique : « Les Toulousains peuvent venir en claquettes. Le Top 14, j’en ai rien à cirer. On est champions d’Europe, je vais savourer ça. Maintenant, ça appartient aux joueurs. S’ils veulent gagner le Top 14, ils vont aller se le chercher. »
Or, du côté des joueurs et du staff toulonnais, l’heure n’est pas à la démobilisation, loin s’en faut. Ainsi, c’est dans la capitale irlandaise, loin de l’effervescence de Toulon où leur exploit a envoyé des milliers de supporters en liesse dans les rues, qu’ils ont célébré entre eux leur titre européen. Dublin où ils sont restés jusqu’à ce mercredi afin de s’envoler directement pour la Bretagne pour préparer au mieux leur demi-finale de Top 14 face au Stade Toulousain. Et il faudra bien ça pour rêver de disputer une deuxième finale consécutive au Stade de France, ce qui serait une première dans l’histoire du club toulonnais, tant le défi proposé est une nouvelle fois majuscule.
Rappelons que Toulouse est ce club qui banalise une présence dans le dernier carré du championnat de France puisque le Stade disputera sa 20e demi-finale en 20 ans. Sur les 19 précédentes, il en a gagné 11, soit plus que le RCT dans toute son histoire débutée en 1908 (9). Les « rouge et noir » du pied des Pyrénées sont aussi les double champions de France en titre, ceux-là même qui avaient brisé les rêves de sacre toulonnais l’an passé en finale (18-12). Certes, les Toulousains semblent en retrait de Clermont et du RCT cette saison. Mais s’ils ont dû passer par les barrages, ils ont eu deux semaines, depuis leur nette victoire contre le Racing-Métro 92 à Ernest-Vallon (33-19), pour préparer cette demi-finale, soit une semaine de plus que les Toulonnais. En outre, le Stade Toulousain reste cette formidable machine qui n’a pas son pareil pour gérer les matchs couperets : là où les Clermontois ont peut-être fauté la semaine passée en écartant tous les ballons alors qu’ils avaient le match en main, il ne faudra pas attendre ce genre d’égarements de la part du club 19 fois champion de France et 4 fois champion d’Europe, un double record.

Deux équipes talentueuses en quête d’un authentique exploit

Si le manager toulousain Guy Novès la joue profil bas – un peu à la manière des Toulonnais avant la finale européenne contre Clermont d’ailleurs – en déclarant à nos confrères d’« Aujourd’hui en France » en début de semaine « on sait depuis samedi que nous allons jouer contre le champion, c’est une pierre de plus dans la difficulté qui nous attend », on n’est pas obligé de le croire. Car son équipe, qui a donc eu le temps de se préparer, apparaît, comme presque toujours, sans faille : une première ligne redoutable, avec en figure de proue l’éternel William Servat (35ans), qui avait concassé les Toulonnais l’an passé au Stade de France, un numéro 8 Louis Picamoles qui n’a jamais semblé aussi fort, et des joueurs dans une forme ascendante à l’image du trio magique de l’arrière Clément Poitrenaud, Maxime Médart, Yoann Huget, en passant par la paire de centres Yannick Jauzion-Gaël Fickou, qui a survolé les débats face au Racing.
De son côté, le RCT, qui jouera sa 3e demi-finale en 4 ans mais seulement sa 4e en 20 ans, aura lui aussi des arguments à faire valoir. D’autant que Mathieu Bastareaud, l’homme du match de la finale de H-Cup, a bel et bien été déclaré apte pour le service après un essai ce mercredi. Mais pour Bernard Laporte, pas question pour autant d’évoquer pour l’heure un doublé Coupe d’Europe-Championnat de France. Un exploit que le Stade Toulousain est le seul à avoir réalisé en 1996, un autre temps où la finale de la Coupe d’Europe s’était jouée le 6 janvier plusieurs mois avant celle du championnat le 1er juin. « Avant de parler de doublé, on va devoir jouer Toulouse. On a été marqué par les phrases des Clermontois, qui disaient qu’ils fêteraient le titre après. On s’est demandé s’il fallait qu’on vienne. On ne va pas faire pareil, on va respecter les gens », a résumé le manager toulonnais en début de semaine, toujours chez nos confrères d’« Aujourd’hui en France ».
Une prudence qui s’impose car les Toulousains sont eux aussi en quête d’un exploit retentissant : conquérir un troisième titre consécutif, ce qu’ils sont les derniers à avoir réussi avec quatre Boucliers de Brennus glanés entre 1994 et 1997. Mais c’est là encore un autre temps, celui des finales au Parc des Princes, aux prémices du professionnalisme qui a commencé à s’imposer dans le rugby français à l’aube de la saison 1995-1996.
Bref, entre deux équipes à l’appétit férocement aiguisé, en quête l’une et l’autre d’un exploit quelque part inédit dans le rugby moderne, on ne devrait pas s’ennuyer ce vendredi sur les coups de 21 heures au stade de la Beaujoire.

Marc BESAGNE

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