Économie : un 5e tableau de la compétitivité métropolitaine en demi-teinte

Publié le 4 février 2015 à  14h00 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

C’est au sein de La Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille-Provence que le 5e tableau de la compétitivité métropolitaine a été présenté par Eric Ammar, vice-président de la CCI Marseille-Provence et Jean-Luc Chauvin, président de l’UPE 13. Puis, sont intervenus des entrepreneurs du territoire qui ont soulignés les potentialités immenses et les freins existants en France et sur ce territoire. Tour à tour Vincent Berge, président Think and go NFC, Corinne Versini directrice Générale Genes’ink, Christophe Deguerre, président I3S Solutions et Delphine Defrance, directrice du Cabinet Ekos Ingenierie, ont ainsi présenté leur entreprise, les enjeux auxquels ils sont confrontés.

Le 5e tableau de la compétitivité métropolitaine présenté par Eric Ammar et Jean-Luc Chauvin (Photo Philippe Maillé)
Le 5e tableau de la compétitivité métropolitaine présenté par Eric Ammar et Jean-Luc Chauvin (Photo Philippe Maillé)

«Les chefs d’entreprise ne perdent pas espoir, en revanche les opportunités de business stagnent. Le marché est aphone même si des secteurs tels que l’industrie et le tourisme continuent à se développer. Le nombre de demandeurs d’emplois progresse de 5%. Nous avons encore une situation meilleure que la moyenne nationale mais nous nous en rapprochons», indique Eric Ammar. Plus optimiste, Jean-Luc Chauvin veut voir le verre à moitié plein. Il se réjouit en premier lieu de l’activité conteneurs portuaires «qui a connu une croissance de 11% l’an passé. C’est très important car les grandes métropoles portuaires qui se redressent le font à partir de leur port». Puis en vient au tourisme : «On pouvait s’interroger sur l’après Capitale européenne de la culture 2013, et bien l’activité se poursuit. Concernant l’hôtellerie, avec 5,4 millions de nuitées, nous connaissons une stabilité par rapport à 2013.» Tout en précisant que «le prix des chambres a baissé notamment du fait des opérateurs en ligne». Insistant également sur le fait que la dynamique qui s’est créée en matière de congrès se poursuit. Et enfin, fer de lance du tourisme, il annonce: «Nous avons accueilli 1,3 millions de croisiéristes, 97 escales et cela malgré la grève de la SNCM. Pour 2015, les perspectives sont de 1,5 millions de croisiéristes, sachant que l’on en espère 2 millions voire plus, grâce à des travaux structurels sur le Port».

«Un quart des cessations d’activités dans la région concerne le BTP»

Puis d’évoquer l’aéroport Marseille-Provence: «mp2 dédié au low-cost, a connu une progression record avec 2 millions de passagers, un résultat positif malgré la grève des pilotes d’Air France. Et 14,5 millions d’euros de travaux vont être réalisés entre 2015 et 2017 sur MP1 afin de le moderniser. Des travaux qui vont aider le BTP qui connaît une situation tragique, c’est le premier secteur touché par la crise. Il a vu son chiffre d’affaires chuté de 17% entre 2010 et 2014, l’emploi ne baissant que de 11%. Mais si la crise continue on peut avoir de vraies inquiétudes lorsque l’on voit le nombre de défaillance. Un quart des cessations d’activités dans la région concerne le BTP. Et ce ne sont pas des entreprises récentes qui sont touchées mais des sociétés qui existent depuis 30, 40 ans et qui comptent de 30 à 50 salariés. Et la situation ne devrait pas s’arranger du fait de la réduction des dotations de l’État et du recul de la demande des particuliers, sans oublier le dumping social produit par la directive Bolkestein».
Ce territoire bouge, notamment avec des start-up innovantes. La parole est donnée à Vincent Berge dont la start-up, Think and Go NFC, 15 salariés, implantée entre Meyreuil et Sophia Antipolis et développe des solutions innovantes pour les puces sans contact, dites NFC. De nombreux prix d’innovation en France et à l’international viennent couronner son travail et ses brevets. «Nous avons 4 ans d’existence, nous sommes seuls sur notre secteur et notre taux de croissance et de 20%. notre objectif n’est pas 20 mais 200% de croissance. Mais, il nous faut des financements. Or, si aux États-Unis la vitesse d’adoption des nouvelles technologies est forte, tel n’est pas le cas en France et, même si certains le font, il faut déplorer que les banquiers ne jouent pas le jeu. Alors, malheureusement, il nous faudra peut-être partir aux États-Unis. D’autant que nous vendons en Asie notre matériel, nous n’en avons pas vendu un seul dans la région. Nous sommes allés jusqu’à en proposer gratuitement à des complexes commerciaux, sans réponse…».

«Lorsque l’on arrive à l’innovation nous ne sommes plus que 17e parce que nous ne savons pas la financer»

Corinne Versini fournit de nouveaux matériaux à Vincent Berge. Sa société, Genes’Ink, est pionnière dans la conception et la fabrication de nanoparticules actives qui sont appliquées sur des revêtements grâce à des formulations d’encres uniques. Des encres qui présentent des propriétés conductrices ou semi-conductrices qui permettent des applications innovantes. «Sur un produit nous sommes seuls, sur un autre nous sommes 5 ou 6 au monde. Le problème c’est que la recherche en France c’est super, nous sommes 6e au monde. En revanche lorsque l’on arrive à l’innovation nous ne sommes plus que 17e parce que nous ne savons pas la financer. Les banques fonctionnent comme des banques et donc elles ne nous financent pas. Les business angels ne connaissent pas la technologie».
Delphine de France, Ekos ingénierie, un bureau d’études spécialisé en ingénierie environnementale d’insister «sur l’importance de l’économie circulaire, une économie qui se développe dans les grandes filières mais qui doit aujourd’hui connaître une croissance dans l’inter-filière».
Christophe Deguerre, d’expliquer que 13S Solutions est un intégrateur de solutions de sécurité, de surveillance et de suivi pour personnes dépendantes comme les pensionnaires de maisons de retraite, EHPAD, maisons médicalisées. Des solutions qui s’adressent également aux enfants en bas âge accueillis au sein des crèches. «Nous proposons des solutions innovantes, telles que des étiquettes dans les vêtements qui évitent toutes stigmatisations et garantissent la sécurité des résidents tout en leur permettant de déambuler à nouveau».
Eric Ammar considère: «Nous sommes à un moment critique, nous ne sommes pas au niveau que nous pouvions atteindre et nous avons du mal à mettre en œuvre les potentialités ». Alors que pour Jean-Luc Chauvin: «Nous sommes en pleine crise de modèle, il faut innover, créer un nouveau modèle» avant d’insister sur les potentialités qu’offrent la francophonie et la rive Sud de la Méditerranée.
Michel CAIRE

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