Effondrement d’immeubles à Marseille : « Une enquête est ouverte pour homicides et blessures involontaires », annonce le procureur

Publié le 8 novembre 2018 à  14h55 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h09

Le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux et Eric Arella, Directeur Interrégional de la Police Judiciaire (Photo Mireille Bianciotto)
Le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux et Eric Arella, Directeur Interrégional de la Police Judiciaire (Photo Mireille Bianciotto)
A la suite de l’effondrement de trois immeubles à Marseille, le procureur de la République s’est exprimé sur l’enquête. «En l’état il est prématuré de pouvoir établir et d’imputer des responsabilités pénales. A ce stade, les causes de l’effondrement ne sont pas établies et on ignore d’ailleurs lequel des deux immeubles l’a provoqué», a déclaré Xavier Tarabeux, lors d’une conférence de presse donnée, ce mercredi, au côté d’Eric Arella, directeur interrégional de la police judiciaire. Ce dernier a notamment souligné que 85 enquêteurs «sont mis à contribution» dans un dispositif identique à celui qui est déclenché en cas d’attentat. Ouverte pour homicides et blessures involontaires, l’enquête est dirigée par le pôle «accidents collectifs» de la juridiction marseillaise.

son_copie_petit-297.jpgLes témoignages recueillis attestent que l’immeuble situé au numéro 65 a bougé avant de s’affaisser. Le procureur précise que vers 2 heures du matin, une locataire a appelé les marins-pompiers, inquiète de voir s’aggraver une fissure dans son appartement. Elle s’est ensuite ravisée et a recontacté les secours afin qu’ils n’interviennent pas. Peu avant l’effondrement, un occupant du troisième étage n’a pas pu ouvrir sa porte, tandis qu’un autre a quitté son domicile sans pouvoir fermer la sienne. Il a également rappelé que les immeubles de la rue d’Aubagne, ont été construits à la fin du XVIIIe siècle et ne possèdent pas de murs indépendants, mais s’appuient les uns contre les autres. Le numéro 63 appartenait dans sa totalité, depuis avril 2017, à Marseille Habitat, une société d’économie mixte qui l’avait acquis au terme d’une procédure d’expropriation -qui a duré 10 ans- menée du fait de son état de délabrement et de la carence de la copropriété. Ses ouvertures avaient été murées afin de prévenir l’entrée de squatteurs. La municipalité affirme que, le 1er novembre, ses services se sont assurés qu’il n’était pas occupé. «Les investigations portent sur l’état de cet immeuble et les risques d’effondrement qu’il pouvait présenter», a indiqué Xavier Tarabeux. Le numéro 65, un immeuble de cinq étages composé de dix logements, occupés uniquement par des locataires, «avait fait l’objet, le 19 octobre, d’un arrêté de péril grave et imminent, interdisant l’occupation d’un appartement du premier étage», explique-t-il. Selon le rapport de l’architecte désigné par le tribunal administratif, au rez-de-chaussée, une cloison séparant l’entrée de l’immeuble et une boutique inoccupée depuis des années, «constituait un danger pour les occupants». La stabilité d’un plancher du premier étage était qualifiée de «douteuse», sa structure en bois étant «détériorée par l’humidité». Mais les appartements n’étaient pas insalubres, «on n’est pas dans ce que l’on appelle les marchands de sommeil», a précisé le procureur. Les travaux urgents préconisés par l’expert (étaiement du plancher et protection de la cloison de l’entrée) avaient été réalisés le jour même, affirme le syndic de l’immeuble, dont l’un des représentants a été entendu par la police judiciaire. A l’exception de l’appartement du premier étage, les locataires de l’immeuble avaient été autorisés à regagner leur logement, après le passage de l’expert judiciaire accompagné des services spécialisés de la ville de Marseille. Selon le procureur un architecte expert judiciaire a été désigné pour établir les causes et la chronologie des événements. proc_x_tarabeux_drame_rue_aubagne_7_11_18.mp3 Mireille BIANCIOTTO

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