Elle est Marguerite de « Faust » à l’Opéra de Marseille – Nicole Car, soprano heureuse, femme comblée

Publié le 7 février 2019 à  18h08 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h47

Nicole Car, le charme et l’élégance d’une soprano australienne pour incarner Marguerite de Faust. (Photo Georges Antoni)
Nicole Car, le charme et l’élégance d’une soprano australienne pour incarner Marguerite de Faust. (Photo Georges Antoni)

Nicole Car était Violetta il y a quelques semaines sur la scène de l’Opéra de Marseille où elle a pris ses quartiers d’hiver avec son compagnon, le baryton Étienne Dupuis et leur fils Noah. Quartiers d’hiver car le couple se retrouve sur cette même scène pour le Faust de Gounod, lui incarnant Valentin et elle prêtant ses traits (et sa voix) à Marguerite. C’est en 2013 que la soprano australienne pose les pieds en Europe pour la première fois. «J’avais 25 ans et je voulais évaluer mon niveau en participant à un concours international en Allemagne. Et j’ai gagné», se souvient-elle. Autant dire que l’évaluation du niveau fut immédiate ; et que dès 2015 la jeune femme débutait une carrière prometteuse sur le vieux continent ébloui par le talent de cette voix du nouveau monde. Paris, Berlin, Zurich : la carrière était lancée. «Puis, j’ai rencontré Étienne et nous nous sommes installés ensemble ; aujourd’hui nous avons acheté un appartement à Paris. J’essaie de retourner à Sidney de temps en temps mais il faut se rendre à l’évidence que ma carrière est ici. J’ai des engagements en Europe jusqu’en 2022…» Marguerite, Violetta, Manon, autant de rôles ancrés dans la culture européenne, voire française, autant d’incarnations réussies par Nicole Car. Lorsqu’on lui demande comment une Australienne aborde ces rôles, elle sourit. «C’est vrai qu’à Melbourne, à l’université, nous n’avions pas de cours d’interprétation historiquement informée pour les opéras… Nous étions focalisés sur la technique. Alors, au moment d’aborder ces rôles, j’ai travaillé sur la connaissance, j’ai lu, questionné des metteurs en scènes. Et comme je suis avant tout une chanteuse d’opéra, que c’est ma nature, je n’ai pas eu trop de problèmes pour aborder ces rôles. Puis aujourd’hui, l’expérience aidant, je m’identifie beaucoup plus facilement aux personnages. Mais j’aime approfondir les choses. Pour Marguerite, par exemple, j’ai été très intéressée par le fait que, dans le « Faust » de Goethe elle ne soit qu’une petite partie du livre alors qu’elle est très présente dans l’opéra. » C’est à Marseille que pour la première fois la soprano australienne chantera en français en France ; un peu de trac supplémentaire ? «C’est vrai que j’ai un peu peur ; mais les collègues qui travaillent avec moi sur cette production sont très gentils et me conseillent. En français, on ne peut pas chanter avec les nasales ; il faut trouver des sonorités différentes. Mais je pense qu’il est encore plus difficile de chanter en allemand ou en russe. Mais une chose est certaine, c’est l’italien qui me convient le mieux naturellement.» En couple sur une même production, lorsqu’on demande à Nicole Car si les deux chantent jour et nuit les airs de Faust, elle répond en souriant. «Avant l’arrivée de notre fils, c’est vrai que nous parlions souvent de nos rôles respectifs. Maintenant, c’est rare. A l’extérieur de l’opéra nous voulons avoir une vraie vie sociale avec des amis. Puis nous tenons à être avant tout un papa et une maman pour Noah. Chez nous la pâte à modeler a remplacé la technique vocale… » Autre question qui nous brûle les lèvres : comment concilier vie de couple, rôle de parents et carrière dans des métiers aussi particuliers ? «La première année nous avons été séparés pendant six mois ! Mais cette saison, nous sommes presque toujours ensemble ; c’est rare. Pour notre enfant, pendant ses deux premières années, c’est ma mère qui est venue nous prêter main forte. Aujourd’hui, Noah est avec nous le plus souvent possible.» En ce qui concerne l’évolution de sa voix, l’analyse est claire. «Depuis ma grossesse, j’ai gagné en puissance et en graves tout en arrondissant un peu plus les aigus. Je pense avoir augmenté mes capacités respiratoires, ce qui me permet de chanter plus longtemps. Mais il est hors de question d’aborder des rôles qui ne sont pas encore de mon âge. J’aimerai être Tosca ou Aïda, mais il faudra attendre. Pour l’heure, je suis Marguerite aux côtés d’artiste formidables ici à Marseille.» Lorsque le couple va quitter Marseille dans quelques jours, ce sera pour aller à Berlin sur une production d’Eugène Onéguine ; ils y chantent ensemble. Puis ce sera Paris pendant quatre mois pour Carmen et Don Giovanni. Autant dire que Noah va encore bien profiter de ses parents pour quelques mois…
Michel EGEA

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