Françoise Nyssen au Camp des Milles: « il est impératif de faire connaître ce lieu d’éducation, de culture et son exceptionnel travail d’éducation à la citoyenneté »

Publié le 23 août 2018 à  22h38 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h57

«Ce lieu de mémoire est aussi un lieu de transmission, d’éveil à ce qui peut mener au pire. C’est un lieu qui vous habite et qui vous transperce. Beaucoup d’artistes ont été internés ici et ont créé pour résister. Il est impératif de faire connaître ce lieu d’Éducation et de Culture et l’exceptionnel travail d’éducation à la citoyenneté mené ici. Ce travail est particulièrement important aujourd’hui où il y a urgence». C’est en ces termes forts que la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, très émue, a conclu sa visite du Site-mémorial du Camp des Milles, ce jeudi 23 août. Une date hautement symbolique puisque marquant le départ, il y a 76 ans, du 3e des 5 convois de déportation du Camp des Milles vers Auschwitz. 134 personnes furent déportées ce jour là.

Alain Chouraqui, présentant les innovants dispositifs d’éducation à la citoyenneté du Site-mémorial à Françoise Nyssen, devant un schéma décrivant les 3 étapes du racisme aux crimes de masse (Fondation du Camp des Milles -Mémoire et Éducation)
Alain Chouraqui, présentant les innovants dispositifs d’éducation à la citoyenneté du Site-mémorial à Françoise Nyssen, devant un schéma décrivant les 3 étapes du racisme aux crimes de masse (Fondation du Camp des Milles -Mémoire et Éducation)
Accompagnée d’élus de la Région, Françoise Nyssen a pu découvrir les nombreux dispositifs pédagogiques innovants du Site-mémorial du Camp des Milles, notamment la résistance par l’art et la culture face aux barbaries. L’occasion pour Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation de rappeler que «La mémoire et l’Histoire sont de la culture vivante. Nous faisons de ce lieu un lieu vivant pour éclairer le présent en particulier, dans une perspective d’éducation à la citoyenneté face à la montée des extrémismes qui ont montré jusqu’où ils peuvent conduire nos sociétés démocratiques.» Autre point d’orgue de la visite ministérielle : l’inauguration avec Alain Chouraqui d’une salle comportant des œuvres de l’artiste Ernst Randerath réalisées en 1942. Interné au Camp des Milles, il put être sauvé de la déportation. Celle-ci fut suivie d’un dépôt de gerbe, dans le cadre des commémorations des 76 ans des Déportations et Résistances au Camp des Milles et en mémoire des deux mille hommes, femmes et enfants juifs déportés de ce lieu en août et septembre 1942. Lors de cette cérémonie, Bertrand Manen – fils d’Henri et Alice Manen, reconnus «Justes parmi les Nations» pour avoir œuvré en faveur des internés des Milles – lut le témoignage d’un policier présent lors des déportations, retranscrit dans le carnet de bord de son père «Au fond de l’abîme» : «J’ai été dans la coloniale. J’ai été en Chine. J’ai vu des massacres, la guerre, les famines. Je n’ai rien vu d’aussi horrible que cela…». La ministre a pu échanger sur le parcours de visite avec Herbert Traube ancien interné du Camp des Milles, rescapé de la déportation et engagé dans la résistance. Celui-ci a évoqué son perpétuel travail de mémoire auprès des jeunes et la vigilance que chaque citoyen doit avoir face aux extrémismes identitaires : «Hitler a pris le pouvoir avec 30% des voix. C’est pour cela que je conjugue toujours résister au présent… ». La visite de la ministre s’est achevée par Salle des peintures murales située dans les parties extérieures du Site mémorial. Elle abrite d’imposantes peintures murales réalisées par des artistes internés en 1940-1941. En complément des actions citoyennes menées par le Site-mémorial du Camp des Milles, Françoise Nyssen a
également pris connaissance des actions culturelles mises en place par le site, dans le cadre de ses dispositifs liés à la «Résistance par l’art et la création». Elle a ainsi pu échanger avec des artistes du spectacle vivant «N°187», programmé annuellement au Site-mémorial et destiné particulièrement aux jeunes de l’éducation formelle et informelle. Ce spectacle est une adaptation libre et pluridisciplinaire du «Diable en France» de Lion Feuchtwanger, écrivain interné au Camp des Milles.

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