Entre Mane et Forcalquier : petite musique entre amis pour célébrer Boulez

Publié le 30 juillet 2015 à  12h06 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Aux saluts à l’issue de la « Création pour Pierre Boulez ». De g. à dr. : Philippe Schoeller, le compositeur, Sergey Malov, Florent Boffard, Christophe Gaugué, Véronique Marin et Juliette Hurel (Photo M.E.)
Aux saluts à l’issue de la « Création pour Pierre Boulez ». De g. à dr. : Philippe Schoeller, le compositeur, Sergey Malov, Florent Boffard, Christophe Gaugué, Véronique Marin et Juliette Hurel (Photo M.E.)
A l’issue de l’interprétation du quintette de Brahms. De g. à dr. : Véronique Marin, Christophe Gaugué, Jean-Guihen Queyras, Pierre-Olivier Queyras, et Rosanne Philippens (Photo M.E.)
A l’issue de l’interprétation du quintette de Brahms. De g. à dr. : Véronique Marin, Christophe Gaugué, Jean-Guihen Queyras, Pierre-Olivier Queyras, et Rosanne Philippens (Photo M.E.)

La nuit tombe sur le Prieuré de Salagon à quelques encablures du petit village de Mane dans les Alpes-de-Haute-Provence. En ce mercredi soir estival, le lieu joue les prolongations de l’ouverture pour abriter le dernier concert donné ici dans le cadre des 27e Rencontres Musicales de Haute Provence. Ce 30 juillet et pour les trois dernières soirées, ce festival bucolique, royaume des chambristes, retrouvera le cloître des Cordeliers à Forcalquier. Pour l’heure les fidèles mélomanes sont nombreux à honorer le rendez-vous fixé par Jean-Guihen Queyras et ses amis proposant un programme largement construit autour de la musique de notre temps donnée entre les murs séculaires de l’édifice. Car cette année, le violoncelliste et la grande famille des rencontres musicales ont décidé de rendre hommage à Pierre Boulez pour ses 90 ans. Cette soirée du mercredi 29 juillet, aux dires même de Jean-Guihen Queyras, était la plus «dense» au niveau des compositions modernes et/ou contemporaines. Avec la Sonatine pour flûte et piano de Pierre Boulez, pour débuter la soirée. Ouverture virtuose et technique pour Florent Boffard au piano qui doit faire face à la sollicitation permanente de la partition et pour Juliette Hurel, flûtiste renommée, affectionnant la musique pour flûte du XXe siècle, notamment française. Une interprétation dense et vibrante. Suivait Esprit rude/esprit doux, une œuvre pour flûte et clarinette composée par Elliott Carter pour les 60 ans de Pierre Boulez. L’occasion pour Juliette Hurel de faire valoir sa belle technique aux côtés d’Alain Billard, à la clarinette. Au jeu du dialogue musical, les deux sont sortis gagnants. Frédéric Lagarde succédait à Florent Boffard au piano pour donner l’Étude n°1 «Désordre» de Ligeti. Une étude dédiée, comme les deux suivantes, à Pierre Boulez. Un travail sur le rythme et la virtuosité parfaitement exécuté par le musicien. Un très beau moment de musique allait suivre avec le mouvement lent pour quatuor à cordes composé par Webern en 1905. L’occasion pour Rosanne Philippens et Pierre-Olivier Queyras, au violon, Christophe Gaugué, alto et Véronique Marin au violoncelle de mettre en avant les qualités de leur jeu, offrant une couleur très particulière et chargée d’émotion à leur interprétation par ailleurs d’une grande précision.
«Magie, Orient, émotion, mystère…» Autant de mots employés par Philippe Schoeller venu présenter, avant qu’elle ne soit jouée, sa Création pour Pierre Boulez. Quatre minutes d’une composition bien structurée, qui s’épaissit au fil des secondes pour trouver toute sa plénitude et sa puissance expressive dans les dernières mesures. Pour servir cette partition, Sergey Malov au violon, Christophe Gaugué à l’alto, Florent Boffard au piano, Véronique Marin au violoncelle et Juliette Hurel à la flûte formaient un quintette de haut niveau. Un moment fort apprécié.
Après la pause, c’est Brahms qui était à l’honneur avec le Quintette à deux violoncelles qui n’est autre que la transcription du quintette pour piano d’Anssi Karttunen. Rosanne Philippens et Pierre-Olivier Queyras, au violon, Christophe Gaugué, alto et Véronique Marin au violoncelle étaient rejoints par Jean-Guihen Queyras pour donner cette œuvre avec passion et fougue, deux qualités dont Brahms aimait user. Aux grands élans romantiques des tutti, succèdent des dialogues entre les deux violons et les deux violoncelles : de la belle ouvrage pour mettre un point final à une soirée d’une grande richesse.
Michel EGEA

Pratique: Autres concerts les 30 et 31 juillet, le 1er août à 21 heures au Cloître des Cordeliers à Forcalquier – Billetterie et renseignements : 04 84 54 95 10 ou rmhp.fr – Par ailleurs, signalons que le 31 juillet à 11 heures, dans la salle «Lavande» du couvent des Cordeliers à Forcalquier, Jean-Guihen Queyras donnera une conférence concert sur le thème «Bach-Boulez : mêmes messages ?», similitudes et différences entre «Messagesquisses» de Pierre Boulez et une fugue de Jean-Sébastien Bach; avec le sextuor de violoncelles des rencontres Musicales – Entrée libre.

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