Exposition « David Dellepiane – Arts et Modernité » au Musée Regards de Provence

Publié le 9 octobre 2016 à  20h58 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h38

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David Dellepiane exposition coloniale 1906
David Dellepiane exposition coloniale 1906

Le Musée Regards de Provence met à l’honneur le peintre, affichiste, lithographe, portraitiste, illustrateur et décorateur, David Dellepiane (1866-1932). Provençal singulier, son approche mêle tradition et expérimentation. A la frontière des arts décoratifs, son œuvre, protéiforme, est pourtant d’une grande cohérence et d’une égale sensibilité. Cette exposition révèle les multiples facettes de son talent et permet d’apprécier ses champs d’inspiration et sa production dans sa diversité. Près d’une centaine de toiles, aquarelles, projets et affiches, provenant pour la plupart de collections privées jamais révélées au public, de musées et galeries, concourent à reconstituer le parcours d’un sincère aventurier de l’art, profondément attaché à Marseille et à la Provence. Au Musée Regards de Provence, du 7 octobre 2016 au 19 mars 2017.

Une lignée d’artisans d’art

Né à Gênes, dès l’âge de 9 ans, les Dellepiane s’installent à Marseille, dans le vieux quartier Saint-Jean où le jeune David grandit à l’ombre du port, entre la Tourette et la Cathédrale. Enfant de Marseille cosmopolite, la proximité du Vieux-Port fut une constante invitation au voyage et une réelle source d’inspiration.
Avec l’ouverture du canal de Suez le 18 novembre 1869, la Méditerranée se positionnait comme trait d’union entre Orient et Occident, rôle qu’elle avait tenu jusqu’au XVIème siècle. Marseille pouvait porter alors son titre de «Porte de l’Orient».
L’ambiance artistique quotidienne riche de fantaisie de sa famille artisan d’art, a favorisé l’éclosion de sa vocation, sa curiosité, sa motivation pour le travail bien fait, ses gouts éclectiques, son sens de l’humour, son intérêt pour l’histoire et l’archéologie, mais aussi la patience et l’humilité. Formé à l’école des Beaux-Arts de Marseille et au sein de plusieurs ateliers, l’influence de ses professeurs mêlée de celle de la proximité du port à une connaissance indéniable de la navigation l’amène naturellement à se tourner vers le genre de la marine.

Vers une modernité tempérée

Sa période parisienne apparaît comme le moment du basculement de l’artiste dans la modernité, à l’approche de l’Art nouveau. La découverte du Louvre, ses visites de galeries avant-gardistes, magasins de chinoiseries et de japonaiseries très en vogue, ont marqué ses recherches en matière picturale. Motivé par des expériences vécues et des connaissances acquises à Paris et à Gênes, de retour à Marseille en 1890, Dellepiane produit en abondance tant sur la pierre lithographique que sur la toile, des scènes de genre, portraits de groupe, vues du port de Marseille et paysages provençaux.
D’abord de facture académique, la peinture de Dellepiane ne cesse d’évoluer. Il ne s’agit pas particulièrement d’une évolution chronologique, linéaire et bien établie, mais plutôt du résultat d’expériences, qui lui permettent d’intégrer à son œuvre, au gré de ses inspirations, des techniques qui sont dans l’air du temps et qu’il s’approprie sans difficulté.
Avec son ami Alfred Casile, il peint sur le motif, à la suite des peintres de l’École de Marseille formés par Loubon. Mais il se distingue très vite d’eux par son éclectisme, la boulimie des sources qui le retiennent, la diversité des courants qui traversent son œuvre. Le peintre se laisse par exemple séduire par le rendu pointilliste, qu’il adapte dans une touche vibrante qui confère à ses compositions une sorte de flou accentuant la mise à distance du sujet.
Influencé par le développement du japonisme, de la naissance et de l’épanouissement de l’Art Nouveau puis de l’Art Déco, il a mêlé ces vocabulaires artistiques avec audace. Il leur emprunte une interprétation originale de la mise en page et du cadrage, qu’il mettra notamment en œuvre dans les nombreux projets publicitaires dont il est chargé, après son éclatante réalisation pour les fêtes commémoratives du 25ème centenaire de la fondation de Marseille, dont l’affiche incarnant le mythe de Gyptis et Protis, abondamment placardée sur les murs de la ville, marque pour plusieurs générations la mémoire des marseillais. Dellepiane sera par la suite chargé de réaliser les affiches pour les Expositions coloniales de 1906 et 1922, de promouvoir les liaisons des compagnies maritimes au départ de Marseille, la ligne de chemin de fer PLM, les syndicats d’initiative naissants…
A Noël 1914, il a une révélation, et va faire du santon de crèche le motif sinon exclusif, tout au moins continu, de recherches formelles qui l’occuperont jusqu’à sa mort, en 1932. Derrière le choix de cet objet d’étude que l’on a volontiers associé au folklore provençal et à la nostalgie des Félibres, se cache en réalité une préoccupation résolument moderne : la quête très personnelle d’un artiste vers une forme d’abstraction du sujet, dont les modalités, longtemps incomprises, sont particulièrement intéressantes.

Goût pour la lumière, la vibration colorée et le raffinement

Elzéard Rougier commentait la manière de David Dellepiane comme «… virtuose qui traduit avec des couleurs si vaporeuses,… Il a des dessins qui évoquent les empreintes d’une libellule, aux pâtes et aux ailes trempées de lumière et de rosée ; il arrive à dire avec des effleurements les nuances de l’immatériel. Mais quand il veut chanter les joyaux des prairies ou les somptuosités de la mer, la libellule qui lui sert de pinceau s’empâte d’arc-en-ciel, en se frottant de joie à la palette».

Ateliers d’art plastique

Dans le cadre de l’exposition – David Dellepiane – Arts & Modernité – le Musée Regards de Provence propose des ateliers d’art plastique, animés par la plasticienne, diplômée des Beaux-arts, Frederika von Maltzahn. Concentrés sur le ressenti, les participants découvrent les œuvres de Dellepiane d’un nouvel œil et dans tous leurs détails – Plus d’info : www.museeregardsdeprovence.com – Frais de participation : 8 € (7 à 12 ans) / 12 € (à partir de 13 ans) comprenant droit d’entrée aux expositions et fournitures gratuites. Inscription obligatoire sur : info@museeregardsdeprovence.com ou 04 96 17 40 40

Informations pratiques et Visites

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Billet expositions temporaires : Plein Tarif : 6,50 €. Tarifs réduits: 5,50 € – 4,70 € – 2,00€ – Billet couplé expositions temporaires & scénographie permanente : Plein Tarif : 8,50 €. Tarifs réduits 7,50 €, 6,50 € – Visites commentées : tarif d’entrée + 6 € /pers., le mardi et samedi à 15h et tous les jours sur réservation – Visite commentée gratuite le samedi à 10h30, hors droit d’entrée sur réservation (6 à 25 personnes)

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