Festival d’Aix-en-Provence – Émotion et création pour le dernier concert de la carte blanche de Jean-Guihen Queyras

Publié le 20 juillet 2016 à  18h35 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

A l’issue de la création du cycle « Le Poète inachevé », Gilbert Amy est monté sur scène féliciter les interprètes et recevoir l’hommage du public (Photo Jean-Claude Carbonne)
A l’issue de la création du cycle « Le Poète inachevé », Gilbert Amy est monté sur scène féliciter les interprètes et recevoir l’hommage du public (Photo Jean-Claude Carbonne)

Une fois de plus, en cette avant-dernière journée du Festival d’Aix-en-Provence, l’auditorium du Conservatoire Darius Milhaud avait fait le plein pour un rendez-vous exceptionnel au cours duquel allait être créé le cycle pour voix et violoncelle de Gilbert Amy, « Le Poète inachevé ». Auparavant, c’est avec la suite pour violoncelle seul n° 3 de Britten que Jean-Guihen Queyras avait ouvert la soirée, non sans avoir installé l’œuvre dans le contexte qui est celui que nous vivons actuellement après l’horreur du 14 juillet à Nice. Cette suite de Britten, composée pour Rostropovitch étant intimement placée sous le signe de la mort et du totalitarisme soviétique. C’est la troisième et dernière suite sur une série envisagée de six par le musicien et le compositeur, ce dernier décédant peu après cette composition. On y retrouve des fragments de mélodies populaires ou liturgiques russes autour d’une architecture dont Britten était friand avec des temps forts et des plages paisibles, comme autant de questions avec et sans réponses rythmées par quelques notes de musique populaire. Une suite enregistrée, il y a plus de 20 ans, par Jean-Guihen Queyras qui, mardi, lui a donné une réelle puissance émotionnelle par son interprétation.
Suivait la création de Gilbert Amy sur des textes de René Leynaud, poète et résistant lyonnais abattu par la Gestapo en 1944. Une composition très structurée, parfaitement servie par le violoncelle de Jean-Guihen Queyras et la voix de Marc Mauillon qui avait accepté il y a quelques jours, de remplacer Stéphane Degout. Challenge relevé par le baryton qui a su dominer la densité de l’œuvre et ses difficultés. Pour terminer, rejoints par le flûtiste Olivier Girardin et le pianiste Alphonse Cemin, Queyras et Mauillon ont donné Trois Chansons Madécasses de Ravel, chansons sensuelles pour deux d’entre-elles et violente pour l’une, ici aussi données avec classe et puissance par Marc Mauillon.
Ce concert marquait la fin de la carte blanche offerte cette année à Jean-Guihen Queyras dont la participation à l’Académie et auprès des jeunes musiciens de la Méditerranée fut des plus actives, pour son plus grand bonheur. Bonheur partagé par ceux qu’il a côtoyés et par un public totalement charmé par son talent, sa gentillesse et son sourire…
Michel EGEA
Olivier Girardin, Alphonse Cemin, Marc Mauillon et Jean-Guihen Queyras pendant l’interprétation de « Trois Chansons Madécasses » de Ravel (Photo Jean-Claude Carbonne)
Olivier Girardin, Alphonse Cemin, Marc Mauillon et Jean-Guihen Queyras pendant l’interprétation de « Trois Chansons Madécasses » de Ravel (Photo Jean-Claude Carbonne)

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