H-CUP : TOULON CAPITALE EUROPEENNE DU RUGBY !

Publié le 19 mai 2013 à  1h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h50

Les « rouge et noir » ont remporté la H-Cup, la plus prestigieuse des compétitions européennes de rugby, ce samedi à l’Aviva Stadium de Dublin face à Clermont (16-15). Copieusement dominés, tant en possession du ballon que dans l’occupation du terrain, par la redoutable armada auvergnate, les Toulonnais ont eu le mérite de toujours croire en leur étoile même au plus fort de la tempête « jaunarde ». Mené de 9 points à vingt minutes de la fin, le RCT a fini par rafler la mise grâce à un essai en contre de Delon Armitage et une défense héroïque.

Il est Parisien, ouvertement supporter du PSG, mais Mathieu Bastareaud est entré ce samedi 18 mai pour toujours au panthéon des guerriers du
Il est Parisien, ouvertement supporter du PSG, mais Mathieu Bastareaud est entré ce samedi 18 mai pour toujours au panthéon des guerriers du

Il est Parisien, natif de Créteil, ouvertement supporter du PSG, ce qui lui vaut fréquemment des railleries du côté du stade Berg Ange-Siccardi où s’entraîne le RCT à longueur de semaines, et il est pourtant devenu ce samedi 18 mai, aux alentours de 19h45, le héros de tout le « peuple de Besagne » ! Lui, c’est Mathieu Bastareaud, élu homme du match de cette finale de H-Cup. Enorme en attaque, où il a systématiquement mobilisé trois Clermontois pour l’arrêter, les superlatifs manquent pour évoquer son match en défense. Auteur de 17 plaquages, le nombre le plus élevé de la rencontre, il est allé contrer la tentative de drop de David Skrela qui aurait offert la Coupe d’Europe à Clermont à une minute de la fin. Quelques secondes plus tard, c’est encore lui qui va réaliser un plaquage salvateur sur le bord de la touche dans ses 22 m alors que, sur leur ultime offensive, les Clermontois avaient créé un décalage au large. Et comment ne pas évoquer la façon dont il a obtenu une pénalité dans les ultimes secondes de la première mi-temps, en grattant un ballon sur ses appuis dans un ruck, alors que les Auvergnats mettaient la défense toulonnaise au supplice en multipliant les temps de jeu.
Au panthéon des héros, on citera également le toujours disponible Juan-Martin Fernandez-Lobbe. L’Argentin n’est sûrement pas le plus médiatique des troisièmes lignes du RCT, où Chris Masoe, Danie Rossouw ou Steffon Armitage attirent bien plus souvent le feu des projecteurs. Mais dans plusieurs décennies on se rappellera encore du côté de Mayol que c’est l’abnégation du guerrier de la Pampa qui a fait basculer cette 18e finale de Coupe d’Europe de rugby. On joue la 64e minute quand le numéro 7 toulonnais va ramasser un ballon derrière un ruck initié par les Auvergnats. Il se retourne et réalise le geste technique parfait : un modèle de passe en cloche à destination de son arrière Delon Armitage qui « met les cannes » pour inscrire le seul essai toulonnais de la soirée. Avec la transformation, pourtant en coin, de Sir Jonny Wilkinson, encore auteur d’un 100% au pied, le RCT prenait l’avantage pour la première fois du match (16-15). Un petit point auquel les « rouge et noir » vont s’accrocher comme des « morts de faim » pour ne jamais lâcher le morceau et envoyer des milliers de supporters en liesse dans les rues de Toulon.

Une défense héroïque et un réalisme à toute épreuve

Que ce dernier quart d’heure fut long tant la défense toulonnaise a bien souvent pris des allures de Fort Alamo ! Arc-boutés sur leur ligne, plaquant à tour de bras, les « rouge et noir » n’ont rien cédé face aux vagues auvergnates pour finalement offrir au RCT son premier titre de champion d’Europe de rugby et son premier trophée majeur depuis 21 ans. Un titre qu’ils n’ont pas volé au regard de leur vaillance, de leur abnégation et du mental à toute épreuve dont ils ont su faire preuve au plus fort de la tempête auvergnate.
Mais que de regrets pourront nourrir les Clermontois tant ils ont copieusement dominé cette finale. Les statistiques se passent de commentaire : 68% de possession, 75% de temps passé dans le camp toulonnais, 153 passes contre 80 aux « rouge et noir », 450 m parcourus ballon en main contre 332 aux Toulonnais et deux essais inscrits contre un seul ! Comment dans ces conditions les « jaunards » ont-ils pu laisser échapper cette finale ? D’autant qu’ils menaient 15 à 6 à l’heure de jeu suite à deux essais inscrits en début de deuxième mi-temps par Napolioni Nalaga (42e) et Brock James (48e).
En face, Toulon a opposé une défense de fer, avec 177 plaquages réussis, presque trois fois plus que les Auvergnats (66), une discipline exemplaire, avec seulement 8 pénalités concédées contre 11, en étant pourtant copieusement dominés, et surtout une seule tentative de pénalité offerte à Morgan Parra, un combat de tous les instants autour des rucks avec les guerriers Chris Masoe, Danie Rossouw, Bakkies Botha et Carl Hayman en figures de proue, et un réalisme à toute épreuve avec une réussite maximale au pied de Jonny Wilkinson et un essai de Delon Armitage sur la seule occasion toulonnaise de la rencontre. Il n’en fallait pas plus pour que le RCT s’installe sur le toit de l’Europe.

Un match aux deux visages

Cette finale a offert deux visages très différents. Tout d’abord, une première mi-temps cadenassée, achevée sur un score d’un autre siècle (3-3), où les Auvergnats, maîtres du ballon et campant dans le camp toulonnais, n’ont jamais su trouver les solutions face au mur dressé par les « rouge et noir ». La faute à une défense de fer, disciplinée et se replaçant très rapidement, mais aussi à quelques imprécisions coupables des « jaunards », des fautes inhabituelles que commettaient aussi les toulonnais sur leurs rares possessions. Ce qui donnait un match tendu, serré, valant par son intensité mais n’atteignant jamais les sommets du jeu. La faute aussi à un manque criant de réussite des Clermontois quand, à la 35e minute, l’ouvreur auvergnat Brock James tapait à suivre pour lui-même, prenait de vitesse à la course Chris Masoe et aplatissait sur la ligne de fond de l’en-but toulonnais… Or, la ligne de fond en rugby, c’est l’extérieur du terrain…
Rien à voir avec la deuxième mi-temps où le match s’est littéralement emballé. Il ne fallait que deux minutes aux Clermontois pour faire sauter le verrou toulonnais. Les « rouge et noir » redoutaient le triangle magique Nalaga-Sivivatu-Byrne, les accélérations de Wesley Fofana… C’est le capitaine clermontois Aurélien Rougerie qui a rappelé quel immense joueur il était. Suite à une attaque large-large, un plan de jeu qu’affectionnent tant les Auvergnats, il fixait trois défenseurs toulonnais pour servir son ailier Napolioni Nalaga. Ce dernier longeait la ligne de touche tel un funambule et, après avoir résisté aux plaquages de Sébastien Tillous-Borde et Delon Armitage, inscrivait en coin le premier essai du match (42e). Morgan Parra manquait la transformation, ce qui se révélera lourd de conséquences (8-3).
Les « jaunards » allaient enfoncer le clou six minutes plus tard, après que Jonny Wilkinson ait réduit l’écart sur pénalité. Au départ, une inspiration de Brock James qui, face à un premier rideau défensif toulonnais très bien en place, tapait un petit coup de pied par-dessus. Aurélien Rougerie, encore lui, prenait de vitesse Sébastien Tillous-Borde, résistait au plaquage de Delon Armitage et retrouvait son ouvreur pour un « une-deux » d’école qui permettait à Brock James d’aplatir au pied des poteaux. A un point près, le capitaine clermontois aurait décidément fait lui aussi un superbe homme du match… Avec la transformation de Morgan Parra, cela faisait 9 points d’avance pour Clermont (15-6, 48e).

Un improbable scénario

Et on ne voyait pas alors comment ce match pouvait tourner. On oserait presque dire qu’ils n’étaient plus que quinze à y croire côté toulonnais. D’autant que, cherchant à faire définitivement le break, les Clermontois continuaient à multiplier les temps de jeu dans le camp toulonnais. Nombre d’équipes auraient sombré corps et âme face à la qualité de cette armada auvergnate. Mais pas ce Toulon-là. Et puis forts de leur expérience XXL pour nombre d’entre eux, de cette capacité à ne jamais s’affoler propre aux équipes qui savent forcer la décision dans les matchs couperets, les « rouge et noir » vont réussir à écrire un improbable scénario.
C’est d’abord Brock James qui gardait un ballon au sol dans ses 22 sous la pression de trois toulonnais suite à un long coup de pied à suivre de Frédéric Michalak qui avait relayé Sébastien Tillous-Borde. Jonny Wilkinson ne se faisait pas prier pour réussir la pénalité de l’espoir (15-9, 61e). Ne disposant plus d’un essai transformé d’avance, les Clermontois ne se mettaient pas pour autant à calculer et continuer à écarter tous les ballons. Un boulimique appétit de jeu qui les conduisait à jouer un ballon suite à un en-avant « rouge et noir » au lieu d’amener l’arbitre à signifier une mêlée. Et c’est une fois cet avantage terminé qu’ils se faisaient contrer par la superbe inspiration de Juan-Martin Fernandez-Lobbe…
A l’issue de la rencontre, on retiendra deux superbes images offertes par les deux capitaines. Tout d’abord, Aurélien Rougerie, immensément déçu comme on peut l’imaginer, qui tenait sportivement en tout premier lieu à féliciter le RCT, alors qu’au vu du match livré par les Clermontois il aurait légitimement pu y avoir beaucoup plus de frustrations et de sentiments d’injustice dans ses propos.
Et puis celle de Jonny Wilkinson qui, au lieu d’aller brandir seul la coupe comme son statut de capitaine lui en donnait le privilège, a tenu à être accompagné par le Sud-Africain Joe Van Niekerk, plus souvent joker cette saison mais capitaine du RCT durant plusieurs années. Ce sont donc deux capitaines, et non un, qui ont brandi chacun une anse de cette H-Cup qui fera qu’à Toulon on se souviendra longtemps qu’en cette année 2013, le Père Noël est passé… le 18 mai.

Marc BESAGNE

A Dublin, Aviva Stadium, samedi 18 mai, finale de la H-Cup
RC Toulon bat ASM Clermont-Auvergne 16 à 15 (3-3)
Spectateurs : 50 148
Arbitre : Alain Rolland (Irlande)
Pour le RCT : 1 essai : D. Armitage (64e). 1 transformation : Wilkinson (64e). 3 pénalités : Wilkinson (14e, 46e, 61e).
Pour l’ASM : 2 essais : Nalaga (42e), James (48e). 1 transformation : Parra (48e). 1 pénalité : Parra (4e).
Evolution du score : 0-3, 3-3 (M-T), 3-8, 6-8, 6-15, 9-15, 16-15.
RC TOULON : D. Armitage – Wulf, Bastareaud, Giteau, Palisson – (o) Wilkinson (cap.), (m) Tillous-Borde (puis Michalak 51e) – Fernandez-Lobbe, Masoe (puis S. Armitage 69e), Rossouw (puis Van Niekerk 51e) – Kennedy, Botha (puis Suta 69e) – Hayman (puis Kubriashvili 77e), Bruno (puis Orioli 51e), Sheridan (puis Jenkins 61e).
ASM CLERMONT AUVERGNE : Byrne –Sivivatu, Rougerie (cap.) (puis King 69e), Fofana, Nalaga – (o) James (puis Skrela 74e), (m) Parra (puis Radosavljevic 72e) – Vosloo (puis Bardy 69e), Chouly, Bonnaire – Hines, Cudmore – Zirakashvili (puis Ric 74e), Kayser (puis Paulo 67e), Domingo (puis Debaty 67e).

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