Hommage aux 8 victimes de la rue d’Aubagne à Marseille. 5 novembre: entre larmes et colère…

Publié le 5 novembre 2019 à  17h01 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h24

Huit flambeaux s’enflamment en hommage aux victimes (Photo Robert Poulain)
Huit flambeaux s’enflamment en hommage aux victimes (Photo Robert Poulain)
Des milliers de personnes pour un hommage aux victimes à l'heure précise où les immeubles de la honte se sont effondrés (Robert Poulain)
Des milliers de personnes pour un hommage aux victimes à l’heure précise où les immeubles de la honte se sont effondrés (Robert Poulain)
Trois enfants ont participé à l'hommage avec un poème qui n'a rien d'enfantin... (Photo Robert Poulain)
Trois enfants ont participé à l’hommage avec un poème qui n’a rien d’enfantin… (Photo Robert Poulain)
Quels mots pour dire l’immensité de la souffrance puis de la colère en ce 5 novembre au matin, à l’heure même où, voilà un an, se produisait la tragédie de la rue d’Aubagne. Il est 9h05, les cloches de l’église sonnent, huit flambeaux s’enflamment en hommage à Simona, Marie, Ouloumé, Pape Magatte, Julien, Tahar, Fabien et Chérif. Huit flammes et huit minutes d’un silence de mort. Puis, comme un bruit sourd, un chœur scande: «Ni Oubli, Ni Pardon». Mots repris par la foule, accompagnés au bout d’un moment par une salve d’applaudissements avant d’autres cris: «Ville coupable, métropole coupable». Vient le temps des prises de paroles, trois enfants ont fait le choix de ne pas aller à l’école, de participer à l’hommage avec un poème qui n’a rien d’enfantin: «Mon immeuble s’est effondré et, avec eux, des vies». Dans l’assistance des larmes. Comme ceux de cette mère qui crie sa douleur: «On leur a enlevé la vie, ils ne demandaient rien». Elle essaie de tenir malgré tout: «Mais c’est trop dur, je n’y arrive plus, je n’y arrive plus. Tout revient avec cet anniversaire et c’est horrible. Horrible que cela ait pu se produire en France». Les larmes coulent, des ballons s’envolent au ciel. Jean-Paul prend la parole: «J’habite dans la région lyonnaise, il y a un an le téléphone a sonné, on nous apprend le drame, la mort de ma sœur. Ma mère ne l’a pas supporté, quelques heures plus tard elle est morte d’un AVC hémorragique. Pour moi il n’y a pas huit mais neuf victimes». «Je suis là sans haine, juste pour rendre hommage à ma sœur et à ma mère. Mais, pour moi qui vient d’une autre région, il y a un vrai problème à Marseille…», juge-t-il. Puis la colère monte, la cause? La présence de Patrick Mennucci, PS, ex-maire du secteur et la sénatrice ex PS Samia Ghali. Cette dernière est violemment prise à parti et un membre de la famille de Chérif lui demande, en larmes, de quitter les lieux. Une colère que Fathi Bouaroua, ex-directeur régional Paca de la Fondation Abbé Pierre, comprend : «Même si Samia Ghali n’est pas directement responsable de l’effondrement des deux immeubles. Il faut bien comprendre que le drame est le fruit de 50 ans d’une même politique menée par la gauche comme la droite. Elle est l’héritière d’une politique qui a commencé sous Defferre ». Et lorsqu’on lui demande si les choses ont changé depuis le drame la réponse est sans appel : «Non. La Ville a bien acheté des immeubles mais c’est pour poursuivre la politique de gentrification du quartier, ce dont elle rêve depuis 50 ans. D’ailleurs le Plan partenarial d’Aménagement concerne des secteurs où des opérations de grande ampleur étaient déjà prévues. Aucune leçon n’a été tirée, nous assistons seulement à une opportunité politique pour accélérer la gentrification». Michel CAIRE

Diaporama Robert Poulain

Documents joints

Articles similaires

Aller au contenu principal