Il signe la mise en scène de « Carmen » aux Chorégies d’Orange- Louis Désiré: «J’ai supprimé la pacotille qui empêche d’aller au fond de l’histoire»

Publié le 7 juillet 2015 à  13h49 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h19

Jonas Kaufmann, Don José, et Kate Aldrich, Carmen, répètent sous les ordres de Louis Désiré sur le plateau du théâtre antique d’Orange. (Photo Philippe Gromelle)
Jonas Kaufmann, Don José, et Kate Aldrich, Carmen, répètent sous les ordres de Louis Désiré sur le plateau du théâtre antique d’Orange. (Photo Philippe Gromelle)

Sur scène les cartes ont été jetées par une main géante. Un décor unique au pied du mur du théâtre antique d’Orange pour cette production de «Carmen» mise en scène par Louis Désiré. Les cartes sont jetées, comme les dés. «J’ai fait le choix d’installer l’œuvre dans un monde un peu plus mental. Pour seul décor il y a ce jeu de cartes, cartes qui m’ont toujours obsédé dans ma jeunesse. Un environnement dépouillé du folklore de pacotille qui empêche d’aller au fond l’histoire. Pour moi, Carmen, c’est une histoire de fatum, le destin d’une jeune femme, d’une Cassandre qui a vu dans les cartes qu’elle n’en avait plus pour longtemps. Alors elle vit sans retenue et essaye son pouvoir sur les hommes. Mais le seul qui la fascine vraiment, c’est Escamillo parce que lui, comme elle, vit près de la mort en permanence. Lui c’est auprès des toros, elle c’est auprès des hommes. Elle est proche de lui sur le terrain intellectuel, et il est le seul à qui elle dise je t’aime…» Et Louis Désiré de poursuivre: «Puis il y a Micaëla. Elle est le revers de la carte, la seule qui se réjouit du bonheur des autres. Elle voit même Don José être heureux avec Carmen… C’est une fille qui a du courage. Elle s’affirme aussi face à Don José et face à Carmen. Ce qu’elle dit à l’un, elle le dit aussi à l’autre.» On l’aura compris, la mise en scène est très axée sur les sentiments ; presque intimiste dans un lieu immense. « En fait je joue beaucoup sur les lumières, confie Louis Désiré, J’isole souvent les personnages dans des carrés lumineux pour faire des gros plans, comme au cinéma. Ici j’aime bien le côté cinématographique de la mise en scène. Puis j’ai la chance de connaître ce lieu et les ficelles qui permettent de bien travailler dans un tel espace. En fait, aux Chorégies, le plus gros handicap à surmonter c’est le manque de temps de répétition. Il faut s’y adapter.» Pour cette production de «Carmen », c’est Jonas Kaufmann qui sera Don José. Et c’est la première fois que Louis Désiré travaille avec lui… «C’est quelqu’un de très à l’aise. Il a le physique, la voix et la personnalité ; c’est rare quand ces trois qualités sont réunies. Il connaît tout, est attentif, et a une façon très « calassienne » d’être. Il participe en donnant des idées, il est agréable et souriant. Pour moi c’est une rencontre merveilleuse. Je dois dire que tous les artistes de cette production sont à son image et que c’est un plaisir de mettre en scène cette œuvre avec eux, au-delà des difficultés dont je parle plus haut…» Les cartes sont jetées, la générale a eu lieu il y a quelques heures, place désormais au théâtre, à la musique. Que le destin s’accomplisse.
Michel EGEA

Pratique. «Carmen», de Bizet, avec Kate Aldrich, Inva Mula, Hélène Guilmette, Marie Karall, Jonas Kaufmann, Kyle Ketelsen, Jean Teitgen, Olivier Grand, Florian Laconi et Armando Noguera. Direction Mikko Franck à la tête du philharmonique de Radio-France. Représentations les 8, 11 et 14 juillet à 21 h 45. Réservations au 04 90 34 24 24 – choregies.fr – Tarifs : de 55 à 260 euros.

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