Installation d’une Cellule municipale d’échanges sur la radicalisation à Marseille. Laurent Nuñez : « La menace terroriste est endogène ».

Publié le 17 juillet 2019 à  11h13 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h05

Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur était ce mardi 16 juillet dans les Bouches du Rhône. Après un déplacement à Berre l’Étang, où il a inauguré un nouveau poste de police municipale et rencontré la Brigade Territoriale Autonome (BTA) de gendarmerie de Berre l’Etang et le groupement de gendarmerie maritime Méditerranée, il a rejoint Martigues où il a présidé un Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD) sur le thème des violences faites aux femmes. Puis, il s’est rendu à Marseille -ville qu’il connait bien puisqu’il en a été le préfet de police (2015-2017) avant d’être nommé le 22 juin 2017 à la tête de la DGSI, puis le 16 octobre 2018, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur- pour installer dans les 2e et 3 arrondissements la première Cellule municipale d’échanges sur la radicalisation (CMER). Occasion d’évoquer le dispositif de sécurité prévu pour la finale de la CAN, la coupe d’Afrique des nations qui devrait rester le même que pour la demi-finale, dimanche dernier. «Le dispositif était suffisant et nous allons le reconduire vendredi soir», annonce Laurent Nuñez.

Signature du protocole d'installation de la CMER en présence de Lisette Narducci - Olivier de Mazières, préfet de police des Bouches-du-Rhône - Laurent Nuñez - Caroline Pozmentier (Photo Mireille Bianciotto)
Signature du protocole d’installation de la CMER en présence de Lisette Narducci – Olivier de Mazières, préfet de police des Bouches-du-Rhône – Laurent Nuñez – Caroline Pozmentier (Photo Mireille Bianciotto)
son_copie_petit-374.jpgA Marseille c’est dans les 2e et 3e arrondissement que la CMER est installée. Laurent Nuñez explique que ces cellules municipales d’échanges sur la radicalisation, CMER, permettent d’aider à détecter des individus radicalisés, mais également à les suivre et les prendre en charge localement. «Les élus, les acteurs des mairies de secteur, peuvent détecter un certain nombre d’individus qui présentent des signaux faibles en matière de radicalisation pour pouvoir communiquer ces informations aux services de l’État», détaille le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur. C’est également une cellule où des individus «qui ont été identifiés, peuvent être pris en charge d’un point de vue social, professionnel…», précise-t-il. Il s’agit de la 14e cellule dans les Bouches-du-Rhône où 8 autres sont prévues. Laurent Nunez rappelle que «la menace est permanente. On le dit on le répète, la menace terroriste est endogène. Des individus radicalisés peuvent passer à l’action et commettre une action violente, parfois avec des moyens rudimentaires (… )». Replace cette cellule dans le dispositif «qui a été réorganisé, au plan national autour de la Direction générale de la sécurité intérieure DGSI» qui devient le seul chef de file de ce suivi «et au plan local, autour des préfets et des procureurs». Dans les Bouches du Rhône, une première cellule a été mise en place à Miramas, en décembre 2017, depuis 13 l’ont été, néanmoins Laurent Nuñez écarte une demande de bilan départemental pour plutôt présenter des chiffres nationaux: «Sur 20 000 signalements, 10 000 individus sont suivis et inscrits au fichier des personnes radicalisées». Un suivi opéré par les Services de Renseignements. Enfin, il revient sur le dispositif de sécurité mis en place dimanche soir, 14 juillet. «Une soirée, où il y avait à la fois les demi-finales de la Coupe d’Afrique des Nations et les festivités du 14 juillet. Un dispositif policier conséquent a été déployé dans de nombreuses villes, à Paris, à Marseille… et qui visait à contenir les débordements liés à des liesses et des joies populaires, en l’occurrence à la victoire de l’Algérie. Ces débordements ont été contenus grâce à ce dispositif policier, Vendredi, il sera reconduit. (…)» Pour rappel, dimanche, vingt personnes ont été interpellées en marge de la demi-finale et de la Fête nationale. Le Bataillon de marins-pompiers de Marseille a également déposé plainte après quelques incidents. laurent_nunez_cmer_marseille_16_07_2019.mp3 son_copie_petit-374.jpgPour Lisette Narducci, maire du secteur concerné par la CMER «il était important d’aller plus loin que les dispositifs déjà mis en en place». Rappelant que dans le 3e arrondissement un attentat a été déjoué rue de Crimée avec l’interpellation le 18 avril 2017, de 2 hommes dans un studio où un stock d’armes et d’explosifs ont été saisis. et, en janvier 2018, la fermeture définitive de la mosquée As Sounna, pour plusieurs manifestations de radicalisation. Souligne que son travail consiste aussi à écouter des familles inquiètes et de faire de la prévention, «avec un volet social qui se met en place, un accompagnement qui permet souvent d’ailleurs de récupérer certains jeunes, quelquefois des enfants. Il nous est arrivé d’avoir des enfants dans des écoles primaires qui disent : « Non je ne donne pas la main à la maîtresse parce que c’est une femme » (…)». Insiste sur le fait que les portes d’une mairie de secteur sont les premières que les citoyens aiment pousser «quel que soit le problème, l’inquiétude…». lisette_narducci_cmer_16_07_2019.mp3 son_copie_petit-374.jpgCaroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille en charge de la Sécurité, considère, dans le cadre de la mise en place «expérimentale» de cette Cellule, que «ce qui est essentiel en matière de prévention et de sécurité, c’est l’échange d’informations». Un échange précise-t-elle qui se fait «dans le respect de la confidentialité et du secret des métiers et des activités de chacun». L’élue souligne que sur un territoire, aussi identifié que le 3e arrondissement, deux sortes de dispositifs peuvent voir le jour «soit à titre préventif, soit d’accompagnement quand les signaux ne sont plus seulement faibles mais que sont identifiés des personnes désocialisées qui répondent à des discours inquiétants. Il faut réagir très vite. La Ville seule ne peut pas le faire et l’État seul ne peut pas le faire». Sur le plan du financement, elle distingue le budget de fonctionnement de ces différentes structures d’échanges d’informations. «C’est la mutualisation des compétences. On ne parle pas de budgets colossaux, ce sont des petits budgets et, pour la CMER, c’est le fonds interministériel de prévention de la délinquance qui va financer». Quant au budget des actions d’accompagnement, sociales ou économiques, «c’est l’implication de toutes les institutions, explique-t-elle. Lorsque vous avez le ministère de l’Intérieur, les municipalités, l’action sociale du Département, l’Éducation nationale qui se mettent autour de la table et qui activent les leviers dont ils disposent, c’est l’engagement des hommes et des femmes qui sont enclins à des missions de service public qui vont décloisonner, partager et travailler dans l’intelligence collective. Cela a déjà fait ses preuves sur l’absentéisme scolaire.» caroline_pozmentier_cmer_16_07_2019.mp3 Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO

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