Jean Roatta : « Marseille ne perd pas le Nord et gagne le Sud »

Publié le 7 juin 2016 à  22h58 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h31

Abdelkader Zoukh, le wali d’Alger entouré de Jean Roatta, en charge des relations internationales de la ville de Marseille et de Myriam Manni, chef d’entreprise lors de la semaine économique de la Méditerranée à Marseille (Photo archive Philippe Maillé)
Abdelkader Zoukh, le wali d’Alger entouré de Jean Roatta, en charge des relations internationales de la ville de Marseille et de Myriam Manni, chef d’entreprise lors de la semaine économique de la Méditerranée à Marseille (Photo archive Philippe Maillé)

C’est peu dire que Jean Roatta, en charge des relations internationales de la ville de Marseille, est un homme pressé tant ses voyages à l’étranger sont nombreux : « Nous sommes entrés dans un nouveau système de coopération tourné vers le Sud sans perdre le Nord. Nous étions ainsi à Londres du 18 au 21 mai; nous allons accueillir le maire de Glasgow le 16 juin. Nous avons des liens avec Odessa et Hambourg. Dans chaque cas, notre volonté est de développer les relations économiques. C’est aussi vrai avec Alger où le wali souhaite faire la même opération que Marseille à propos des voûtes. Il est notamment intéressé par le financement public/privé, qui est une nouveauté en Algérie». Jean Roatta insiste sur l’importance du voyage qu’il a accompli à Alger les 25 et 26 mai à l’occasion des troisièmes rencontres algéro-françaises des maires et présidents de collectivités territoriales. «Le Wali d’Alger n’a pas manqué d’indiquer l’intérêt qu’il porte à la mutation que connaît Marseille. Une délégation algérienne viendra d’ailleurs en juin, en plein ramadan, preuve d’une grande détermination». Il profite de l’occasion pour présenter aux un milliard six cent millions de musulmans des vœux de paix et de sérénité. Il en revient aux rencontres en Algérie «le nombre d’accords de coopération conclus entre les collectivités territoriales de nos deux pays peut être estimé à une cinquantaine. Ces conventions touchent à des domaines divers tels que : la gestion et l’aménagement urbain, l’aménagement et l’entretien des espaces verts, la réhabilitation des sites historiques et des anciens bâtis, la protection de l’environnement et la gestion des déchets, les échanges culturels, les activités en direction de la jeunesse, le soutien à la société civile…etc. Tout un ensemble où notre territoire dispose d’un véritable savoir-faire».

«Il faut savoir s’écouter, se comprendre, entretenir un dialogue, serein et apaisé face à la démesure du capitalisme mondialisé»

L’élu enchaîne : «J’ai indiqué à Alger ce que doit être pour moi une bonne coopération décentralisée. C’est là d’ailleurs un propos que je répète chaque fois que je peux. Elle doit se construire sur un pied d’égalité et sur le gagnant-gagnant. Pour cela cette politique doit être au service des populations. Et cela est d’autant plus vrai dans la période actuelle où le repli sur soi et le rejet de l’Autre prennent de plus en plus de place. Il faut savoir s’écouter, se comprendre, entretenir un dialogue, serein et apaisé face à la démesure du capitalisme mondialisé qui ne respecte plus rien, pas même la beauté de la terre ou la mer Méditerranée qui nous rassemble».
Il affirme avoir la certitude que «ce monde ne se fera pas uniquement par des échanges de marchandise et de capitaux. Il se fera à partir de grandes régions organisant des relations économiques et humaines entre pays de niveau de développement différents. En effet, ce sont les autorités régionales et locales, mais aussi les acteurs publics et privés qui connaissent le mieux les atouts et les handicaps de leur territoire». Ils sont donc, à ses yeux : «Les mieux placés pour définir les actions relatives au développement régional et communal». Pour Jean Roatta, il importe également, dans ses relations, d’être pragmatique : «Il faut relever les défis du développement durable, de l’eau, de la sécurité, de l’immigration, du transport, des énergies renouvelables, de la santé, de la place de la femme, de la démographie».

«La vraie question n’est plus de savoir qu’elle est l’origine de chacun mais quel est notre avenir commun»

Le propos devient grave : «Nous sommes 7,3 milliards aujourd’hui et serons 9,5 milliards en 2040. Donc la vraie question n’est plus de savoir qu’elle est l’origine de chacun mais quel est notre avenir commun. Travailler ensemble dans une véritable coopération décentralisée est un bon moyen de tisser des solidarités concrètes et durables. S’ouvrir les uns aux autres. De mieux se comprendre et se respecter. C’est pourquoi notre responsabilité collective est bien de penser des stratégies de développement à long terme. Le succès sera une question de volonté, le vrai défi est là». Il rappelle également que des projets européens viennent compléter les projets de coopération décentralisée classique. «Les populations de la rive Sud ne veulent pas intégrer l’Union Européenne mais elles veulent lier leur destin à celui de l’Europe. Ce dont elles ont besoin c’est de la mobilité et des échanges», affirme-t-il. Et, d’évoquer: «L’orgueil d’être différent, le bonheur d’être ensemble». Il exprime également l’importance qu’il accorde au 4e Forum des Autorités Locales et Régionales de la Méditerranée qui se déroulera en Tunisie, à Sousse, les 22 et 23 septembre 2016. Par ailleurs, Jean Roatta en tant que président du groupe Maroc de Cités Unies de France, co-présidera à ce titre, aux côté d’Ahmed Akhchichine, le président de la région Marrakech, les assises de la coopération décentralisée France-Maroc, qui se dérouleront les 8 et 9 décembre à Marrakech : «Cette réunion sera d’autant plus importante qu’elle fera suite à la Med Cop 22 , en juillet à Tanger et à la Cop 22, du 7 au 18 novembre à Marrakech».
Michel CAIRE

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