L’OCDE pour une croissance plus inclusive de la métropole Aix-Marseille

Publié le 6 décembre 2013 à  13h19 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h10

Michel Vauzelle, Marilyse Lebranchu, Angel Gurria
Michel Vauzelle, Marilyse Lebranchu, Angel Gurria
Avec l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), c’est le monde qui vient de se pencher sur la situation de la métropole Aix-Marseille, et le résultat de l’étude laisse apparaître les faiblesses connues de la métropole mais aussi les points forts. Ainsi, Aix-Marseille est une métropole dynamique : sa croissance de l’emploi la classe au 2e rang des métropoles européennes. La troisième métropole française a aussi amélioré son positionnement en matière d’innovation (2e française, 18e européenne). Aix-Marseille se classe aussi en troisième position pour sa contribution au PIB national, après Paris et Lyon. Marylise Lebranchu, la ministre de la Réforme de l’État voit dans ce document, les propositions qu’il formule « de l’espoir, de l’optimisme ».
Angel Gurria, le Secrétaire général de l’OCDE, avance : « Aix-Marseille est une aire urbaine intégrée, ses territoires ont un destin partagé » mais, poursuit-il : « les potentiels de ce territoire restent insuffisamment exploités ».
Ce document ne gomme aucun des problèmes de cette aire. « La forte progression de l’emploi n’a cependant pas été suffisante pour réduire le chômage de manière significative : à 12%, celui-ci reste supérieur à la moyenne nationale et à la moyenne des 275 métropoles de l’OCDE de plus de 500 000 habitants ».

« Les volumes portuaires ont stagné sur les dernières années »

Aix-Marseille doit aussi faire face à la concurrence internationale. C’est notamment le cas pour le port : « Les volumes portuaires ont stagné sur les dernières années et les parts de marché Grand Port maritime de Marseille (GPMM) ont diminué, passant, pour l’ensemble des catégories de marchandises, de 3,1% en 2001 à 2,4% en 2010. Si Marseille-Fos maintient sa position de 3e port pétrolier et de 41e port pour le volume de marchandises au niveau mondial, il a manqué de nombreuses opportunités de s’étendre notamment dans le domaine des conteneurs, avec, pour conséquence, sa rétrogradation du 2e rang européen dans les années 1970 au 5e rang au début des années 2010 ».
Le rapport souligne que les défis les plus importants pour l’aire métropolitaine ne viennent pas tant de l’extérieur que de l’intérieur. « Aix-Marseille est l’une des métropoles les plus inégales de France, que ce soit en matière de revenus, d’accès à l’emploi ou d’éducation. Ces inégalités socio-économiques sont très déterminées territorialement. Le taux de chômage dans les quartiers Nord de Marseille avoisinait les 30% en décembre 2011. En 2011, l’aire urbaine Aix-Marseille comprenait un total de 11 communes avec un taux de chômage proche de 25% ou supérieur alors qu’il ne dépasse pas 20% dans les autres métropoles françaises. A l’inverse, le taux de chômage est plus faible dans les communes de l’aire urbaine ». Inégalité aussi en terme d’éducation : « 1/3 de la population n’a pas de diplômes dans certains arrondissements de Marseille. Ce caractère inégalitaire du système éducatif pèse largement sur le développement économique ».

« 90% des déplacements se font en voiture »

L’inégalité résulte aussi de la faiblesse de l’offre de transport en commun : « Il faut désenclaver certains quartiers. Actuellement 90% des déplacements se font en voiture, ce qui la place au niveau des grandes villes américaines qui n’ont pas la culture des transports en commun. Cela est un facteur d’exclusion du monde de l’emploi pour ceux qui ne sont pas motorisés et fait d’Aix-Marseille la métropole la plus embouteillée de France, avec tous les impacts que cela peut avoir au niveau de pollution ».
A l’échelle de l’OCDE, l’aire métropolitaine d’Aix-Marseille, « qui compte plus de 130 municipalités, fait partie des zones urbaines les plus fragmentées ; comme la plupart des métropoles françaises. A ce niveau municipal s’ajoutent 6 intercommunalités, le département, la Région ainsi que l’administration territoriale de l’État. La fragmentation de l’action publique ne permet pas d’apporter des réponses adéquates aux défis de l’emploi, de la compétitivité, du chômage, de l’exclusion ».
L’OCDE note : « Renouer avec une croissance inclusive implique d’aborder les enjeux liés au développement économique, aux transports, à l’environnement et, plus globalement, à la qualité de vie des habitants, à une échelle métropolitaine adéquate et non de manière morcelée sur le territoire. Ces enjeux ne sont pas spécifiques à Aix-Marseille et concernent un grand nombre de métropoles dans l’OCDE. Plusieurs d’entre-elles ont mis en place des réformes de la gouvernance ces dernières décennies : notamment Barcelone, Francfort, Londres, Montréal, Portland et Copenhague ».

« La future métropole devra montrer qu’elle apporte une réelle valeur ajoutée »

Enfin, le rapport prévient : « La future métropole devra montrer qu’elle apporte une réelle valeur ajoutée, institutionnelle et financière, qu’elle traite de questions qui ne sont pas traitées par d’autres collectivités, ou de manière insuffisante, et, ce faisant, qu’elle contribue à résoudre des problèmes demeurés jusque-là sans réponse. La loi n’est qu’une première étape et c’est bien la mise en œuvre qui en déterminera l’impact ».
Pour Marylise Lebranchu : « Le gouvernement français fait le même constat que vous sur les potentialités longtemps bridées sur ce territoire ». La ministre juge que la métropole Aix-Marseille Provence, outre le fait de répondre aux problèmes du territoire, « doit permettre d’ouvrir la France, l’Europe, sur la Méditerranée, le monde ». Elle considère : « La méthode que vous préconisez est aussi celle choisie par le gouvernement : la concertation. Elle a été parfois difficile, souvent enthousiasmante, et elle a permis d’avancer ». Estimant qu’« Ici, c’est de l’or en barre et peu de sites en Europe ont autant d’arguments ».

« Finalement nous découvrons que nous ne sommes pas les derniers de la classe et que nous avons une carte à jouer »

Jacques Pfister, le président de la CCI Marseille-Provence avoue : « Nous sommes des supporteurs de la métropole. Alors c’est vous dire si nous apprécions le fait qu’un œil extérieur nous regarde, nous encourage à aller de l’avant. C’est très important d’être lucide mais aussi de donner de l’espoir et de l’envie. Finalement nous découvrons que nous ne sommes pas les derniers de la classe et que nous avons une carte à jouer ». Il émet, en conclusion, le vœu que « la société civile et le monde économique soient plus associés à la démarche métropolitaine ».
Laure Agnès Carradec, adjointe au maire de Marseille, prend note de la croissance économique d’Aix-Marseille, rappelle que le maire de Marseille a toujours été favorable à la métropole et se réjouit : « Votre travail montre d’où nous venons et où nous voulons aller. Nous avons de belles choses à faire ».
Angel Gurria de conclure : « Ce que vous essayez de faire est d’une importance énorme, pas seulement pour vous, mais votre action visant à mieux utiliser les ressources, les talents, à être plus performants, à une portée bien plus grande. Le monde entier vous regarde. Et, pendant les années à venir, l ‘OCDE sera à vos côté, non pour vous surveillez mais en tant que partenaire ».
Michel CAIRE

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