L’antitsiganisme étudié au site-mémorial du Camp des Milles

Publié le 9 octobre 2013 à  15h03 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  16h24

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
Une centaine de personnes a assisté, ce vendredi 4 octobre, à une après-midi consacré à « l’antitsiganisme contemporain » organisée au Site-Mémorial du Camp des Milles par l’Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative (l’IDEMEC) sous l’égide de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), du CNRS et de l’AMU.
La Fondation du Camp des Milles a pu accueillir ainsi trois universitaires de premier plan, spécialistes du sujet : l’historienne Henriette Asséo de l’EHESS venue présenter le documentaire dont elle est scénariste, l’anthropologue italien Leonardo Piasere, de l’Université de Vérone, et Marc Bordigoni (IDEMEC), spécialiste reconnu de la question tsigane, initiateur et animateur de cette manifestation.
Un débat extrêmement riche entre le public, Henriette Asséo et Idit Bloch (réalisatrice) a été l’occasion de réaffirmer à la fois les points communs des populations persécutées et assassinées par la politique génocidaire nazie sous la dénomination commune de « Tziganes », mais aussi les différences qui marquaient, et marquent encore, leur attachement à la part nationale de leur identité, qu’ils soient sinti, rom, manouches, calon, gitans, romanichels, dans les différents pays d’Europe qui avaient alterné, chacun à sa manière, au cours de l’entre-deux-guerres, valorisation culturelle et politiques d’exclusion.
L’intervention de Leonardo Piasere a permis de cerner la notion d’antitsiganisme, ce « ghostbuster », ce chasseur européen qui combat un fantôme (les « Tziganes ») qu’il a lui-même créé, entre racisme, ethnocentrisme, peur de l’autre… La vie de nombreux Roms, Sinti, etc. est ainsi vouée à l’autodéfense, et ils doivent y investir des énergies individuelles et collectives qui pourraient être dépensées bien autrement. En effet, lorsque l’antitsiganisme leur offre des pauses, la créativité d’un bon nombre d’entre eux explose, la tranquillité d’un bon nombre d’autres en fait enfin des citoyens comme les autres.
Le public a maintenu, dans les échanges qui ont suivi, un recul et une qualité de réflexion plus que jamais nécessaires, et bien conformes à la vocation du Site-mémorial du camp des Milles de proposer des clés de compréhension scientifiques des mécanismes humains d’exclusion, de racisme et d’antisémitisme.
O.B.

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