La Chronique du 4e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Gergiev et les Capuçon font vibrer Dutilleux

Publié le 29 mars 2016 à  16h40 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h06

Pour le trio de Brahms, Renaud et Gautier Capuçon réunis aux côtés de Valery Gergiev et devant les musiciens du Mariinsky sur la scène du Grand Théâtre de Provence (Photo Caroline Doutre)
Pour le trio de Brahms, Renaud et Gautier Capuçon réunis aux côtés de Valery Gergiev et devant les musiciens du Mariinsky sur la scène du Grand Théâtre de Provence (Photo Caroline Doutre)

Valery Gergiev fait partie de ces directeurs musicaux qui fascinent et inquiètent, parfois; visage émacié, sourire aux abonnés absents, rigidité : rien ne manque. Mais il a aussi ce talent qui fait oublier l’austérité pour faire bouillir le sang dans les veines des mélomanes, surtout lorsqu’il sert ce répertoire russe qu’il affectionne tant. Pour un organisateur de Festival Gergiev et son orchestre du Mariinsky, c’est l’assurance de remplir la salle. Renaud Capuçon et Valery Gergiev se connaissent de longue date et c’est donc presque naturellement que lundi soir, le Grand Théâtre de Provence accueillait le maestro russe et ses troupes pour un concert marathon à la programmation un tantinet hétéroclite avec Debussy et Dutilleux en première partie puis Wagner et Brahms après l’entracte. Ajoutez quelque vingt minutes de retard au démarrage pour cause d’atterrissage en retard lui aussi du chef d’orchestre et vous arrivez bien après 23 heures pour la fermeture de la salle. Mais reprenons les choses dans l’ordre. C’est avec le «Prélude à l’après-midi d’un faune» de Claude Debussy que débutait la soirée. Une interprétation sans grand relief, très lente, qui ne nous a pas convaincus. Le faune fait encore la sieste… Suivaient les concertos pour violoncelle «Tout un monde lointain» et pour violon «L’arbre des songes» de Henri Dutilleux avec pour solistes les frères Capuçon. Deux œuvres qui nous permettaient de retrouver l’orchestre du Mariinsky à son niveau d’excellence sous la direction redevenue adéquate de Valery Gergiev. Lecture subtile et acérée des deux partitions, tempi remarquables, osmose avec les solistes : ce furent, à notre sens, les meilleurs moments de la soirée. Gautier Capuçon, très inspiré, a fait chanter la musicalité de son violoncelle et Renaud qui, pour l’histoire, joue avec le violon d’Isaac Stern qui a créé cette œuvre et qui est désormais son complice, fut lumineux, devant un orchestre qui a abordé avec beaucoup de sensibilité et de respect des pièces assez éloignées de la culture des instrumentistes qui le composent. En deuxième partie, après un prélude de Lohengrin servi avec sensibilité, les deux frères Capuçon retrouvaient le devant de la scène pour le concerto pour violon et violoncelle en la mineur de Brahms dont l’interprétation orchestrale ne fut pas du niveau atteint pour Dutilleux. Ce qui explique peut-être la relative retenue du public dans ses saluts, public qui retrouvait son enthousiasme quelques minutes plus tard pour remercier Gautier et Renaud Capuçon de leur superbe « bis », la passacaille de Haendel retravaillée par Halvorsen. Un grand classique des fratelli…
Michel EGEA

Daniil Trifonov ne viendra pas à Aix

Daniil Trifonov devait jouer vendredi soir au Grand Théâtre de Provence avec l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Leonard Slatkin.
Souffrant, le pianiste ne pourra honorer le rendez-vous. Il sera remplacé dans le même programme (concerto n°3 en ré mineur de Rachmaninov) par le jeune pianiste sud-coréen Seong-Jin Cho (21 ans) , élève de Mochel Beroff à Paris, qui vient de remporter les concours Chopin de Varsovie. La direction du Festival de Pâques fait savoir que les billets de public restent valables mais qu’un remboursement est possible sur demande avant le jeudi 31 mars, 14 heures, auprès de la billetterie au 08 2013 2013.

Le rendez-vous du 30 mars
-Le Mahler Chamber Orchestra et Isabelle Faust, violon et direction, au Grand Théâtre de Provence à 20h30. Au programme : Les Hébrides ou la grotte de Fingal et le concerto pour violon en mi mineur op.64 de Félix Mendelssohn, L’Art de la fugue – Contrepoints 1, 3 et 10, BWV1080 de Bach, la « Fantaisie en do majeur pour violon et orchestre », op.131 et le Quatuor en la mineur, op. 41 n°1 de Robert Schumann. Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium : 100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.

Au programme du jeudi 31 mars
-Paul Lewis joue au Théâtre du Jeu de Paume à 18 heures. Au programme :
la sonate pour piano en si majeur de Schubert, Après une lecture du Dante, fantasia quasi sonanta de Liszt et quatre ballades de Brahms. Tarif de 10 à 43 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
-Portrait Pierre Boulez au conservatoire Darius Milhaud à 20h30.
Michael Barenboim, violon, Edgar Moreau, violoncelle et Bertrand Chamayou, piano et Informatique musicale Ircam jouent Incises pour piano Anthèmes II pour violon et électronique de Boulez et Trois pièces pour violoncelle et piano (création mondiale du cycle) de Matthias Pintscher. Tarif de 10 à 35 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.

Au groupe scolaire des Floralies d’Aix-en-Provence, Renaud Capuçon entre maître d’école et maître de musique

Les élèves de la classe de CM 2 de Jean-Rémi Barland, aux Floralies, réunis autour de Renaud Capuçon pour un moment qui restera gravé dans les mémoires (Photo Michel Egéa)
Les élèves de la classe de CM 2 de Jean-Rémi Barland, aux Floralies, réunis autour de Renaud Capuçon pour un moment qui restera gravé dans les mémoires (Photo Michel Egéa)

Lorsque la passion d’un professeur des écoles devient une passion partagée avec ses élèves, cela donne ce qu’il s’est passé hier matin dans la classe de CM2 de Jean-Rémi Barland, au groupe scolaire Les Floralies, à savoir la visite de Renaud Capuçon, le directeur artistique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence. Le tout sous l’œil bienveillant de l’inspecteur d’Académie venu constater avec plaisir que les écoliers ne sont pas seulement passionnés par le foot et la culture TV. Depuis des années, l’instituteur n’a de cesse d’inviter écrivains et musiciens, notamment les pianistes, dans sa classe. Chaque visite est préparée avec attention par les élèves qui réalisent cahiers, décorations et gagnent chaque fois un peu plus de connaissances générales. Ces rencontres donnent lieu à des échanges, à des questions-réponses et, bien entendu, à une séance de dédicaces appréciée. «Bienvenue Renaud Capuçon» : hier matin, le tableau vert, à défaut d’être noir, de la classe était empli de ces mots. Et Renaud Capuçon est arrivé avec son violon et un large sourire pour prendre un bain de jouvence. Après l’entrée théâtrale des élèves deux par deux, ces derniers disaient le facétieux, et riche, texte de Francis Blanche sur le Carnaval des Animaux avant d’égrainer, l’un après l’autre, les noms et prénoms des grands violonistes qui ont marqué et marquent encore l’histoire de la musique… Puis, tour à tour, chacun y allait de sa question et apprenait que Renaud Capuçon s’était orienté vers le violon dès l’âge de 4 ans, sur les conseils d’une professeur de musique, qu’il n’a pas de préférence entre le jeu avec piano, soliste devant un orchestre ou en formation de musique de chambre mais que son bonheur est de partager la musique avec le public et ceux qui jouent avec lui. On apprenait ensuite que le violoniste n’avait pas vraiment de compositeur préféré mais qu’il affectionne tout particulièrement Brahms, qu’il était très heureux de jouer avec Yo-Yo Ma, dimanche soir, pour la première fois de sa carrière et qu’il avait désormais la possibilité de choisir les directeurs musicaux avec lesquels il veut jouer… Et à la question de savoir ce qu’est un «beau son» pour le violon, Renaud Capuçon répondait : «C’est le son qui est le reflet de l’âme… J’aime les sonorités proches de la voix humaine, les plus chaleureuses possibles. Les sonorités qui rassurent et font du bien… » Ces sonorités, les élèves du CM2 de Jean-Rémi Barland allaient ensuite en profiter puisque le violoniste improvisait un petit récital en classe pour conclure de façon heureuse ce moment de partage qu’il a fort apprécié ! Un très beau moment pour les écoliers, leur maître et l’artiste.
Dans la salle de classe, Renaud Capuçon improvise un mini récital pour des élèves subjugués (Photo Michel Egéa)
Dans la salle de classe, Renaud Capuçon improvise un mini récital pour des élèves subjugués (Photo Michel Egéa)

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