La Chronique du 4e Festival de Pâques d’Aix-en-Provence – Seong-Jin Cho : la naissance d’une étoile

Publié le 2 avril 2016 à  19h05 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  22h11

Au piano, Seong-Jin Cho, à la direction, Leonard Slatkin pour une nouvelle soirée mémorable du 4e festival de Pâques (Photo Caroline Doutre)
Au piano, Seong-Jin Cho, à la direction, Leonard Slatkin pour une nouvelle soirée mémorable du 4e festival de Pâques (Photo Caroline Doutre)

Il est entré sur scène le visage fermé, énigmatique… Mais il n’a pas tardé à tomber le masque. Le coréen Seong-Jin Cho était annoncé comme un pianiste prodige ; il l’est ! Et en cette soirée de vendredi, au Grand Théâtre de Provence, le Festival de Pâques a contribué à la naissance d’une étoile qui brille autour de la planète musique. Seong-Jin Cho a remplacé au pied levé Daniil Trifonov pour une série de trois concerts en compagnie de l’Orchestre National de Lyon dirigé par Leonard Slatkin. Vendredi c’était le deuxième de la série, dans le contexte particulier du Festival de Pâques, ce qui faisait dire au jeune soliste, après sa prestation, qu’il avait eu un peu le trac à l’attaque du «Rach 3», le concerto pour piano n°3 en ré mineur de Sergueï Rachmaninov tellement difficile et bourré de pièges que nombre de solistes ont refusé de s’y attaquer. Alors, figurez vous que Seong-Jin Cho, lui, l’a appris à l’âge de 17 ans, et remportera avec son interprétation un troisième prix au concours Tchaïkovsky à Moscou en 2011. « Cette année-là, se souvient le jeune Coréen, Daniil Trifonov avait décroché le premier prix.» Aujourd’hui, à 22 ans, Seong-Jin Cho maîtrise parfaitement cette œuvre, livrant une interprétation aboutie jusque dans les moindres détails. Virtuose en diable, il fait jaillir le meilleur de son Steinway, adaptant son toucher aux sentiments véhiculés par la partition. Une vraie grande performance qui le conforte désormais dans son statut de nouveau virtuose que l’on va s’arracher dans les mois et les années à venir dans le monde entier. Une étoile qui aura gagné en luminosité à Aix-en-Provence. Décidément, Renaud Capuçon et Dominique Bluzet ont plus d’une pépite dans la manche pour pallier les défections de dernière minute des solistes… Pour accompagner le pianiste, c’est l’Orchestre National de Lyon qui était de la fête sous la direction du maestro Slatkin. Une belle formation que celle de la ville où les gones courent dans les traboules. En tout état de cause, un orchestre dont le son collait parfaitement au programme de ce vendredi soir au cours duquel on pouvait entendre Berlioz et Debussy en première partie. Cordes souples et soyeuses aux attaques tranchantes, vents précis avec des bois aux sonorités expressives, cuivres limpides et percussions idéales pour «Iberia» de Debussy : l’orchestre ne demande qu’à respirer et jouer, ce qu’il fait visiblement avec passion en compagnie de Leonard Slatkin. Décidément, cette année, la quasi-totalité des grands ensembles fut d’un niveau… Festivalier ! On ne s’en plaindra pas et nous attendons déjà le retour de Seong-Jin Cho sur les rives du cours Mirabeau…
Michel EGEA

Un Giardino Armonico séduisant

Devant les musiciens d’Il Giardino Armonico, Sol Gabetta, soliste et Giovanni Antonini, directeur musical inspiré pour un agréable moment baroque (Photo Caroline Doutre)
Devant les musiciens d’Il Giardino Armonico, Sol Gabetta, soliste et Giovanni Antonini, directeur musical inspiré pour un agréable moment baroque (Photo Caroline Doutre)

En fin d’après-midi, vendredi, le rendez-vous au Théâtre du Jeu de Paume était baroque. Haendel, deux Bach, Carl Philipp Emmanuel et Jean-Sébastien, et Telemann étaient au programme de l’ensemble Il Giardino Armonico dirigé par Giovanni Antonini avec, en soliste, la violoncelliste Sol Gabetta. Un concert fort apprécié par le public. Personnellement, nous avons été séduits par le concerto pour flûte et viole de gambe en la mineur de Telemann, donné dans sa version pour flûte et violoncelle. Aux côtés de Sol Gabetta, plus inspirée ici que dans le concerto pour violoncelle de C.-P. E. Bach, Giovanni Antonini a fait un véritable show à la flûte et à la direction avec, à ses côtés, la flûtiste Giulia Genini. Antonini a insufflé une vitalité bienvenue à cette pièce, profitant de l’expérience des cordes et de son premier violon Stefano Barneschi. De la vie, mais aussi de la joie et du plaisir partagé. Belle audition, aussi, des Brandebourgeois n°4 et 3 parfaitement servis par une formation enjouée et solide renforcée, pour le dernier de ces concertos de Bach, par Sol Gabetta, violoncelliste de luxe.
M.E.

Au programme du dimanche 3 avril
-Pour Ivry Gitlis au Grand Théâtre de Provence à 17 heures. Renaud Capuçon a décidé de consacrer sa Carte Blanche finale à un concert pour fêter le violoniste Ivry Gitlis qui sera présent sur scène. A leurs côtés, les pianistes Martha Argerich et Khatia Buniatishvili, les violonistes Guillaume Chilemme et Maxim Vengerov et l’altiste Adrien La Marca. Programme surprise. Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium : 100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.

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