La Criée de Marseille – Rencontre avec Jean-Baptiste Gauvin, auteur du film « Jardin d’enfance » projeté dans le cadre de l’expo « Kopeck »

Publié le 1 janvier 2020 à  20h11 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h43

Jean-Baptiste Gauvin :  son film « Jardin d’enfance » qu’il présente dans le hall de La Criée est une magnifique promenade en Toscane. (Photo Félix Deschamps Mak).
Jean-Baptiste Gauvin : son film « Jardin d’enfance » qu’il présente dans le hall de La Criée est une magnifique promenade en Toscane. (Photo Félix Deschamps Mak).
On dit parfois d’une chose insignifiante et sans consistance qu’elle ne vaut pas un kopeck. Pourtant ces petites choses que l’on juge dérisoires remplissent souvent nos vies, apparaissant telle la madeleine de Proust, comme un élément fondamental de notre mémoire personnelle. Partant de ce constat le collectif Magma a décidé de faire l’éloge du «presque rien» et de la futilité, par le biais d’une exposition à voir au théâtre de La Criée jusqu’au 10 janvier inclus. Constitué de Félix Deschamps Mak, Nicolas Rouleau, et Jean-Baptiste Gauvin avec la participation de Julie Coulon et Vladimir Belasanya, «Magma» revendique un regard libre sur des œuvres qui rassemblent peintures, installations sonores, textes, vidéos, photographies, un «magma» donc de propositions imaginées selon des correspondances, des assemblages libres, et énigmatiques, que le collectif souhaite partager de manière frontale avec tous. Né le 28 juillet 1988 à Chambray-lès-Tours, une commune française située dans le département d’Indre-et-Loire, en région Centre-Val de Loire, Jean-Baptiste Gauvin propose «Jardin d’enfance», qui se structure en deux parties : un mur d’images avec des grandes feuilles parsemées de citations d’œuvres littéraires, et un film projeté en boucle dans le hall du théâtre marseillais. Études supérieures littéraires à l’appui, ayant travaillé longtemps pour Radio Classique, où il était à la rédaction infos et expos dans les musées, musicien (il joue de la basse), passionné de peinture, fou de littérature, rédigeant des articles sur le monde de la photographie pour une revue qui s’appelle Blind-magazine.com, cet artiste passionné et passionnant semble insaisissable. Entendez par là qu’on ne peut le ranger dans une case figée, son appétit de culture le poussant à déambuler dans des espaces divers et variés. C’est en Toscane que nous emmène son court métrage «Jardin d’enfance» tourné en juin 2019 où on évoque «La danse du Moulin Rouge» de Matisse, une photographie de l’atelier de Giacometti, une citation de Gérard Depardieu tiré de son livre «Monstre», et une image du film «Burning» de Lee Chang-Dong. Et puis il y a surtout les images superbes, poétiques, savamment agencées, qui invitent le spectateur à se raconter sa propre histoire. «J’avais réalisé un premier film», explique Jean-Baptiste Gauvin, «sur des maisons de mes grands-parents qui ont été mises en en vente à l’automne 2016, et notamment une située en Touraine. Un film contemplatif avec aucun commentaire, simplement nourri de la vente et du vent. Mon ami Nicolas Rouleau du collectif « Magma » a aimé ce court métrage et on a eu envie de construire un film autour d’une maison au cœur de la Toscane, à une demi-heure d’Arezzo, dans un petit village lié à des souvenirs d’enfance.» Et très ému Jean-Baptiste Gauvin d’ajouter : «Je n’étais pas retourné dans cette maison de Toscane où mon oncle et ma tante ont vécu. C’est un lieu assez génial propice à construire des cabanes, et on a bâti « Jardin d’enfance » chargé de symboles. Je voulais par les images montrer la joie que j’avais d’être ici avec mes amis, à commencer par Nicolas et Félix Deschamps, évoquer la puissance ce cette terre magique». Il en résulte un moment particulier fruit d’une réflexion collective et surtout individuelle d’un homme épris du beau, du vrai du bien, grand lecteur de Bronté, Édouard Louis, Pommerat, Shakespeare, Céline, Garcia Marquez, Camus, Sylvain Tesson, et tous les écrivains connus pour l’amplitude de leur univers et de leur prose. A commencer bien entendu par Dostoïevski et tous les grands auteurs russes. « C’est un bonheur pour moi », confie-t-il avec reconnaissance pour Macha Makeïeff, patronne de La Criée et âme artistique du lieu «d’avoir pu réaliser cette expo dans un théâtre. C’est un défi magnifique d’ainsi toucher des gens, par le texte, l’image et le son. » Et les Marseillais d’acquiescer s’arrêtant en nombre devant les différents «ateliers» de cet ambitieux projet «Kopeck » qui, à l’opposé de son nom vaut…de l’or.
Jean-Rémi BARLAND
Expo «Kopeck» proposée par le collectif «Magma». A voir à La Criée de Marseille. Dans le hall et le 1er étage. Entrée libre et gratuite.

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