« La Donna del lago » à l’Opéra de Marseille : une distribution idéale pour un Rossini méconnu

Publié le 14 novembre 2018 à  18h55 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h10

Aux saluts, la totalité des protagonistes réunis sur scène avec, au  premier plan (de g.à dr.) devant le chœur et l’orchestre : Enea Scala,  Varduhi Abrahamyan, José-Miguel Pérez-Sierra, Edgardo Rocha, Nicola  Ulivieri, Hélène Carpentier, Rémy Mathieu et Emmanuel Trenque (Photo  Christian Dresse)
Aux saluts, la totalité des protagonistes réunis sur scène avec, au premier plan (de g.à dr.) devant le chœur et l’orchestre : Enea Scala, Varduhi Abrahamyan, José-Miguel Pérez-Sierra, Edgardo Rocha, Nicola Ulivieri, Hélène Carpentier, Rémy Mathieu et Emmanuel Trenque (Photo Christian Dresse)
Au cœur de la prolifique production d’opéras de Rossini, «La Donna del lago» ne fait pas figure de tube. Créé en 1819 à Naples, l’ouvrage s’endormira dans les réserves pendant plus d’un siècle, la dame du lac étant seulement réveillée en 1958 par le baiser de Tullio Serafin qui la fera revivre à l’occasion du mai florentin. Pour commémorer les 150 ans de la disparition de Rossini, le directeur de l’Opéra, Maurice Xiberras, a donc choisi de nous faire découvrir cette partition ainsi jouée pour la première fois à Marseille. Et en choisissant d’aller écouter la deuxième représentation, ce dernier mardi, nous avons rendu, sans faire exprès, avouons le, un hommage appuyé au compositeur puisque, comme nous le confiait ce soir là Ilaria Bandieri, l’administratrice de l’orchestre, Rossini a quitté ce monde un 13 novembre… 150 ans après, jour pour jour, sa musique a donc trouvé grâce aux oreilles des mélomanes conquis par la qualité d’une distribution remarquable réunie pour servir une version concertante de l’œuvre. A commencer par le directeur musical, José Miguel Pérez-Sierra. A 37 ans, l’Espagnol est l’un des spécialistes de Rossini, régulièrement invité à Pesaro au Festival consacré au compositeur. Sa parfaite connaissance des subtilités «rossiniennes» lui permet, avec la contribution efficace de l’orchestre de l’Opéra de Marseille, de mettre en valeur une musique toujours surprenante à l’instar de cet air guerrier de la fin du 1er acte qui débute avec le seul accompagnement des harpes et des pizzicati ou encore cette référence à Gluck au moment ou Rodrigo appelle sa troupe au combat ! Du Rossini pur jus et pur sucre avec ses reprises et ses tempi étonnants, avec son romantisme parfois exacerbé, avec ses couleurs idéalement mises en lumière par une direction nuancée, et toujours très respectueuse des voix, et par la précision d’un orchestre chaleureux et précis à tous les pupitres. De la belle ouvrage. Derrière l’orchestre, sur scène, les chœurs. Que dire qui ne soit pas laudatif à leur endroit ? Une fois de plus, le travail effectué sous la direction d’Emmanuel Trenque paye… Il n’est pas inutile, ici, de donner un coup de projecteur sur une musicienne «de l’ombre» mais qui contribue, elle aussi, au succès des productions de l’Opéra de Marseille, nous voulons parler de la pianiste et chef de chant Fabienne Di Landro, pièce maîtresse, et talentueuse, dans la mise en place de ces productions.C’est Karine Deshayes qui avait la charge d’incarner Elena, la dame du lac. Un rôle maîtrisé par la mezzo dont la carrière fait une belle part aux partitions de Rossini. La voix est large, directe, et confère toute sa sensibilité au rôle de l’énamourée. A ses côtés, Varduhi Abrahamyan fera l’unanimité dans le rôle travesti de Malcom. Puissance, ample tessiture de mezzo, facilité dans le chant, la jeune femme qui se produisait presque à domicile (née en Arménie, elle a fait ses études au conservatoire de Marseille) confirme tout le bien que l’on pense d’elle, notamment les directeurs de théâtre qui sont nombreux à l’engager dans les années à venir. Un exceptionnel duo chez les femmes, et un grand trio chez les hommes avec le Rodrigo surpuissant et précis d’Enea Scala, ténor de poche qui fait craquer tout le monde en maîtrisant totalement les difficultés d’une partition assassine pour sa tessiture, Nicola Ulivieri, baryton basse puissant et précis dans le rôle de Douglas et Edgardo Rocha, le ténor uruguayen au timbre de voix particulier, mais qui, lui aussi, affronte sans sourciller les performances aigues. Du côté des comprimari, il convient de souligner les excellentes prestations d’Hélène Carpentier, superbe Albina, et de Rémy Mathieu. Il vous reste désormais deux représentations pour découvrir cette «Donna del Lago» à l’Opéra. Ne vous en privez pas, vous ne serez pas déçus…
Michel EGEA

Pratique. Autres représentations vendredi 16 novembre à 20 heures et
dimanche 18 novembre à 14h30. Réservations 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43. www.opera.marseille.fr

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