La Fondation Van Gogh d’Arles, un écrin rêvé pour les surprenantes et fascinantes œuvres de David Hockney et Raphael Hefti

Publié le 13 octobre 2015 à  20h15 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h08

Autant l’avouer d’entrée de jeu, je ne suis guère fanatique d’art contemporain et encore moins de ces «installations» trop souvent devenues des fourre-tout où le meilleur peut côtoyer le pire. Mais comme j’essaye de ne pas manquer une occasion d’aller me perdre dans les ruelles d’Arles la fascinante, surtout hors période de grande fréquentation touristique, cette visite de presse des nouvelles expositions proposées par la Fondation Vincent Van Gogh a retenu mon attention. Surtout que la lumière était belle et chaude en ce 9 octobre après-midi. Vous me croirez ou non, j’ai bien fait d’y aller. Pour la balade mais aussi pour le programme «officiel» et professionnel. Car ce qui est montré à la Fondation mérite largement une visite.

Hockney : l’intensité de la vie et des couleurs

C’est Bice Curiger, directrice artistique de la Fondation et co-commissaire de l’exposition David Hockney, qui a présenté le travail de l’artiste britannique (Photo M.E.)
C’est Bice Curiger, directrice artistique de la Fondation et co-commissaire de l’exposition David Hockney, qui a présenté le travail de l’artiste britannique (Photo M.E.)

La visite débute, au premier étage, par les salles consacrées à David Hockney. Le Britannique, qui avait fréquenté les rencontres de la photographie en 1985, retrouve Arles trente ans plus tard. Enfin, ce sont ses œuvres qui le représentent puisque sa santé ne lui permet pas de prendre l’avion, comme le confiait Bice Curiger, la directrice artistique de la Fondation. Cette dernière soulignant aussi que cet accrochage intitulé «L’Arrivée du printemps» ainsi que la présence de la peinture d’Hockney «La Chaise et la pipe de Vincent» rappelaient les mots de Van Gogh : «Ce que les gens veulent dans l’art d’aujourd’hui, doit être très vivant, à la couleur forte, très intense.» Les grands formats (236,2 x 177,8 cm) de David Hocney sont en plein dedans. Une série champêtre, au motif répétitif qui saisit les lumières et les couleurs des jours du temps qui passe. Des œuvres qui présentent la particularité d’être dessinées sur iPad et imprimées en quatre parties égales de 118,1 x 88,9 cm, tirées à 10 exemplaires. Oui, vous aviez bien lu, «dessinées sur iPad». Et ce qui est totalement «bluffant», fascinant, même, c’est qu’en l’absence de toute matière, les œuvres offrent une sensibilité et une profondeur surprenantes. Lorsque l’on se rapproche, les gouttes de pluie qui tombent dans la flaque sont des ronds avec un trait au centre. Et lorsque l’on s’éloigne, c’est de l’eau. Puis il y a les fusains sur papier, révélateurs du grand art de dessinateur de David Hockney. Un grand artiste à découvrir si vous ne l’avez pas encore fait.

Hefti : entre recherches et surprises

Raphael Hefti explique son travail avec passion devant sa création « Lycopodium » « photogramme d’une beauté Stellaire » pour Bice Curiger réalisé à partir d’une poudre de lycopode (Photo M.E.)
Raphael Hefti explique son travail avec passion devant sa création « Lycopodium » « photogramme d’une beauté Stellaire » pour Bice Curiger réalisé à partir d’une poudre de lycopode (Photo M.E.)

Raphael Hefti est né à Bienne, dans le Jura Suisse. Ville emblématique, s’il en est, puisque la plupart des grandes marques horlogères y tiennent usine. Le garçon a d’abord étudié l’électronique avant de débarquer dans la sphère artistique. Il intervient sur des processus industriels et sur des matériaux, manipulant et transformant les substances pour aboutir à l’altération amplifiée et esthétique du métal ou du verre. Hefti mène des expériences pseudo-scientifiques qui défient les mécanismes de fabrication industrielle et finissent par détourner les objets de leur état d’origine. Une fois découverte l’erreur dans le processus industriel, il la pousse jusqu’à ce qu’elle produise une transformation esthétique, jusqu’à ce que l’accident devienne une force
productrice. Ainsi contraints et chauffés à des températures très élevées, les structures tubulaires en acier, cuivre, titanium et aluminium se colorent en surface pour créer des teintes irisées. Ces structures sont ensuite assemblées pour créer de surprenantes installations qui respirent vraiment entre les murs séculaires de la Fondation Van Gogh. Hefti propose aussi un travail étonnant réalisé sur de longues bandes de papier photographique travaillées dans le noir et pendant douze heures avec des spores de champignon utilisées en homéopathie, avant d’être plongées dans un bac de révélateur puis fixées. Le résultat est magique, ou presque. Le Suisse propose aussi des travaux sur le verre et sur la fonte d’aluminium. Il faut savoir que
c’est lui qui a été choisi, il y a quelques années, par Luc et Maya Hoffmann, créateurs de la Fondation, pour installer la série de verres dichroïques qui compose l’installation « La Maison violette bleue verte jaune orange rouge » couronnant la verrière de la fondation.

Michel EGEA

Pratique
La Fondation Vincent Van Gogh, 35 ter rue du docteur Fanton, est ouverte tous les jours du mardi au dimanche de 11 à 18 heures (dernières admissions à 17h15). Tarif plein : 9 euros, réduit : 7 euros, jeunes et étudiants : 4 euros. Moins de 12 ans : gratuit.
L’exposition est visible jusqu’au 10 janvier 2016 – fondation-vincentvangogh-arles.org

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