La Provencing attitude par Pierre Distinguin*

Publié le 14 octobre 2014 à  18h38 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h22

Pierre Dintinguin spécialiste des questions d'attractivité des territoires (Photo Philippe Maillé)
Pierre Dintinguin spécialiste des questions d’attractivité des territoires (Photo Philippe Maillé)

A l’heure où les débats sur la régionalisation et la métropolisation ne cessent d’interpeller les acteurs publics et associatifs en France, la crainte de voir disparaitre des marqueurs identitaires est bien réelle chez les citoyens. Nous nous rendons bien compte que les périmètres administratifs départementaux, métropolitains, régionaux ou nationaux ne pèsent plus autant face aux enjeux de la mondialisation qui abat un par un chacun de nos Garde fou géographiques, politiques, sociologiques, économiques ou anthropologiques. «Que reste-il de nos amours ?», dirait Charles Trenet.
C’est justement parce que l’amour d’un lieu, d’une ville ou d’un terroir se mesure à la capacité de chacun de s’identifier et de s’épanouir pleinement dans cet espace, parce qu’il naît au sein de tous un sentiment d’appartenance territorial singulier, où des comportements non moins singuliers naissent, se nourrissent et prospèrent. Marseille, la Capitale de la Provence n’est-elle pas en fin de compte plus mondialisée qu’elle ne s’affiche et ne s’assume aux yeux des visiteurs ?
La mondialisation semble tout niveler sur son passage, au point où il devient nécessaire d’inventer de nouveaux mots, de nouveaux codes même pour signifier un sens, un état, une action, une émotion ou un comportement. La culture américaine a ce don de raccourcir au plus simple des idées, des concepts, des usages au bénéfice du grand public, et c’est ainsi que se sont imposées au fil du temps des terminologies familières et populaires symptomatiques d’un chaînon manquant qui impulse un mouvement au mot en question, cf. le Fooding, le Vending (machine), le Bashing, le Coaching, le Snacking, le Ticketing, le Cocooning, , le Naming, le Branding ….le marché est mort, vive le Marketing et son triptyque produit-service-attitude.
A propos du Branding qui est l’art de faire connaître une marque, nous avons le privilège d’appartenir à un territoire internationalement connu aux quatre coins de la planète: La Provence (au même titre que Bordeaux, Champagne, Paris pour d’autres raisons) porte au plus profond de l’imaginaire collectif, des notions de couleurs, d’odeurs, de goûts, de bien-être, de passion, alors quand on sait la compétition que se livrent les territoires autour de la qualité de vie, les provençaux jouissent d’un statut hors du commun au croisement de plusieurs paradoxes : Accueillants sans toutefois se plier aux conventions habituelles, rebelles aux ordres et aux tables de lois, individualistes mais créatifs, joueurs mais mauvais perdants, tolérants mais colériques, généreux mais revanchards, amoureux de leur territoire mais critiques jusqu’au bout des doigts, supporteurs mais exigeants, fiers mais sensibles, avant-gardistes mais marginalisés, provocateurs mais démunis, performants mais discrets,…bref, les Provençaux ne font rien d’autres que du «Provencing», car ici et nulle part ailleurs, c’est une manière d’être et de se comporter qu’il serait de bon ton d’assumer et d’endosser sur un mode délibérément marketing, à l’anglo-saxonne. Les lieux dans le monde qui foisonnent d’idées innovantes, qui attirent des talents et qui créent de la richesse a l’instar de la Bay Area de San Francisco, de Boston, d’Austin, de Vancouver, de San Diego, de Tel Aviv ou d’Helsinki sont des destinations qui ont misé sur l’équation Qualité de travail-Qualité de vie. A côté du Californian Way of life de San Francisco, la Zen Attitude de Vancouver, le No limit de Tel Aviv, voici le temps du Marseille Provencing, une unicité de lieu, d’usage et d’expérience au bénéfice de tous ceux qui y séjournent ou qui y résident. Pratiquer le Provençing n’est pas un mode opératoire qui exonère les provençaux, des codes et des grilles pour progresser dans les classements internationaux, il s’agit surtout de reconnaître la propension du territoire à créer de la valeur dans sa transversalité et sa diversité, le Provencing est un état d’esprit qui transgresse les frontières et les individus et qui dote chacun d’un Capital confiance indissoluble.
Alors que nous venons d’apprendre la décision de Bruxelles attribuant le titre de capitale du Sport 2017 à Marseille, soyons fou et rêvons d’une grande initiative pilote autour du Sport et du Life style en Provence, qui réconcilient la pratique du sport et du bien-être en milieu professionnel et qui permette à notre territoire d’intégrer le cercle restreint des lieux où cohabitent harmonieusement qualité de vie et qualité de travail. Cette attitude a un nom désormais : Le Provencing.

*Pierre Distinguin spécialiste des questions d’attractivité des territoires

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