« La Traviata » à l’Opéra de Marseille : le retour de Renée Auphan

Publié le 15 juin 2014 à  22h35 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h54

Renée Auphan a tenu à donner à son travail une tonalité fidèle au livret. Les costumes sont signés par Katia Duflot (Photo Christian Dresse).
Renée Auphan a tenu à donner à son travail une tonalité fidèle au livret. Les costumes sont signés par Katia Duflot (Photo Christian Dresse).
C’est avec « La Traviata » de Verdi du 17 au 21 juin que la saison lyrique à l’Opéra de Marseille se referme.
Six représentations, de l’œuvre la plus jouée au monde depuis sa création, données en alternance par deux distributions différentes mais dont la qualité est égale.
Pour mettre en scène cette nouvelle production, la maison lyrique marseillaise retrouve Renée Auphan qui en assura la direction générale de 2002 à 2008 avec le bonheur que l’on sait. Marseillaise elle-même, elle fut l’assistante de Louis Ducreux aux côtés duquel elle travailla sur de nombreuses mises en scène. En règle générale, lorsqu’elle accepte de signer une mise en scène, c’est que Renée Auphan a quelques chose à dire. On se souvient de son travail, en mai 2004, sur « L’Héritière« , de Damase, œuvre à laquelle elle a participé lors de sa création en y interprétant le rôle-titre mais aussi la nouvelle production et création en langue corse de « Sampiero Corso » d’Henri Tomasi, en ouverture de saison 2005/2006 et celle de « Manon » en 2008. « En 2004 -nous rappelle la Dame- j’avais dit à Maurice Xiberras (l’actuel directeur général, qui était son bras droit à l’époque ndlr) qu’il fallait conserver les somptueux décors de L’Héritière car on pouvait s’en servir pour y monter une autre œuvre et, en particulier, La Traviata. Le propos n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd et dix ans plus tard, je mets en scène cet opéra dans ces décors. »
L’un des attraits de cette production et ce n’est pas le moindre, c’est qu’elle est très féminine; ce qui ne veut pas dire féministe. Mise en scène et direction musicale signées respectivement par Renée Auphan, assistée par Chantal Graf, et la coréenne Eun Sun Kim. Et dans le rôle titre, en alternance, deux jeunes femmes séduisantes: Zuzana Markova et Mihaela Marcu. »La jeunesse des interprètes ne me dérange pas -confie Renée Auphan-. ma référence c’est Marguerite Gautier. Elle est morte à 23 ans… »
C’est la première fois qu’elle travaille sur cette œuvre. « Je connais la musique par cœur mais je n’avais jamais étudié le livret à fond. Ce que j’ai fait ces derniers mois. Et j’ai voulu une Violetta élégante, raffinée, beaucoup plus que les autres femmes. Elle est une sorte de Greta Garbo, courtisane cultivée, belle intelligente, d’une classe folle, jamais exubérante. Un autre point fort de ce travail était de proposer une « Traviata » qui n’est pas larmoyante. Violetta ne s’apitoie pas sur son sort; elle n’est jamais larmoyante. En fait elle n’appartient plus vraiment à ce monde; elle est entrain de passer« , explique-t-elle.
Selon Renée Auphan: « C’est une femme forte, qui assume totalement sa condition de courtisane et qui se laisse avoir par l’amour, sans le vouloir vraiment. Au départ elle n’a pas plus d’attirance pour Alfredo que pour un autre… Alfredo, lui, est comme un adolescent qui tombe amoureux d’une star. Et Germont, le père, s’il est manipulateur, n’est pas un salaud. Il veut tirer son fils de là, mais il est très touché par Violetta. Pour moi il a la réaction que pourrait avoir un protestant provençal. Austère, il fait son devoir et parle tout le temps de Dieu. »
Quant à Eun Sun Kim, « elle a ce côté énigmatique des asiatiques. Mais lorsqu’elle est devant l’orchestre elle est très écoutée et ne manque pas de personnalité. »
C’est donc une Traviata « de femmes » qui nous est proposée, assurément une Traviata de forte personnalité. A découvrir.
Michel EGEA

Une double distribution

Six représentations en six jours: une fréquence qui oblige à doubler les principaux rôles. Ainsi pour incarner Violetta, nous retrouverons Zuzana Markova (17, 19, 21 juin), éblouissante Lucia ici même il y a quelques semaines et Mihaela Marcu (18, 20, 22 juin). Flora sera interprétée par Sophie Pondjiclis et Annina par Christine Tocci. Chez les hommes Alfredo Germont sera incarné par Teodor Ilincai (17, 19, 21 juin) et par Bülent Bezdüz (18, 20, 22 juin). Jean-François Lapointe (17, 19, 21 juin) et Florin Estefan (18, 20, 22 juin) incarneront Giorgio Germont, le reste de la distribution étant composé de Jean-Marie Delpas, le baron, Christophe Gay, le marquis, Alain Herriau, le docteur, Carl Ghazarossian, Gaston de Letorières et Camille Tresmontant, Giuseppe.

Pratique. Représentations du 17 au 21 juin à 20 heures, le 22 à 14 h 30.
Réservations au 04 91 55 11 10.

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