La chronique de Jean-Benoît Vion : Et si les médias de Paris s’apercevaient que Marseille bouge!!!

En ce samedi soir, je regarde Patrick Mennucci dans l’émission de Laurent Ruquier sur France 2 « On n’est pas couché ». Comme d’habitude, le candidat à la mairie de Marseille parle de la Ville et des problèmes de ses habitants pour lesquels il a, dit-il, comme une ritournelle, toutes les solutions ! A ma grande surprise, Ruquier conclut l’entretien en parlant de la sécurité et je découvre qu’il est résident à Marseille, qu’il a une maison au Roucas-Blanc et que, pas une fois, il s’est senti en insécurité dans la ville et d’ajouter : « La vraie richesse de Marseille, ce sont les Marseillais, je les adore ». Ruquier comme Jean-Jacques Goldman, Kad Merad, Florence Arthaud et bien d’autres, aiment manifestement Marseille et, c’est nouveau, ils le disent haut et fort… Rassurez-vous ces « people » n’habitent pas dans une cité du 15e arrondissement mais dans de belles villas loin de tous les regards indiscrets…
En ce dimanche soir, je regarde le magazine « Capital » sur M6. Les journalistes ont choisi un thème : « Marseille fortunes et misère ». Le rédacteur en chef du magazine Thomas Sotto explique que 4 équipes ont enquêté et tourné durant 3 mois. Vous en conviendrez, cela change des journalistes qui viennent en TGV 48 heures, j’en connais « des wagons », qui explique avec les mêmes images et les mêmes témoignages que Marseille est à feu et à sang, que l’on tire à tous les coins de rue et que l’on risque sa vie à tous les carrefours. Vous avez tous des amis ou des membres de votre famille qui résident au nord d’Avignon, venus quelques jours à Marseille et qui ont tous entendu avant leur départ : « Mais vous êtes fous de vous rendre dans cette ville, elle est dangereuse ! » Les millions et les millions de touristes qui sont venus dans la cité phocéenne durant l’été et l’automne les ont, je l’espère, rassurés…

Ici on n’est plus dans le trafic de drogue mais dans la débrouille quotidienne

Mais, revenons à « Capital »… Dans l’émission, les journalistes comparent les prix des villas du Roucas-Blanc (7e), l’une d’elle vaut au moins 5 millions d’euros ( à ce prix-là, le propriétaire a vue sur mer.) Plus tard, ils nous montrent, la cité du Parc Kallisté ( 15e ) et son économie parallèle. Ici on n’est plus dans le trafic de drogue mais dans la débrouille quotidienne…Un homme répare les voitures à des prix très « low cost » sur un parking public; un autre détourne des fruits et légumes dans les supermarchés pour les revendre, dans les cités, à 1 euro le kg … Certes, tout ceci n’est pas très moral, ni légal mais les plus démunis y trouvent leur compte et après tout, souvenez-vous que 25% de la population vit sous le seuil de pauvreté dans la deuxième ville de France.
La propreté est une autre forte préoccupation des Marseillais. Dans le magazine, un long reportage est consacré aux éboueurs. Dans un premier temps, ils sont suivis par une équipe qui filme leur travail de nuit : c’est rude, délicat, les rues débordent de déchets. Après leur passage la chaussée est nickel mais la tournée est effectuée en 3h56, en principe, ils sont payés pour 7 heures. C’est la fameuse règle du fini-parti, une sacro-sainte règle qui perdure depuis la nuit des temps et qu’ aucun « politique » n’a osé remettre en cause. Plus tard en caméra caché (un principe de plus en plus développé en télé, mais ô combien contestable), les poubelles sont ramassées bien partiellement les grosses pièces sont laissées sur place et les papiers virevoltent dans tout le quartier au gré du moindre zéphyr, ne parlons pas des jours de mistral. Les éboueurs ont pourtant effectué le même nombre d’heures. Toujours et encore l’incontournable fini-parti. Au lendemain de l’émission, Eugène Caselli, le patron de MPM, responsable de la collecte des déchets dans la ville, justifiait, dans un couloir à un confrère, qu’il fallait compter, après les heures de travail effectif dans les rues, 45 minutes pour se changer avant et 45 autres après le labeur et d’ajouter que chaque camion-benne est sous la surveillance d’un GPS et que dans l’ensemble la situation s’améliore… Il est vrai que le citoyen marseillais n’est pas très regardant quand il s’agit d’être attentif à ce qu’il jette dans les containers ou plutôt à côté et sur le trottoir…

Les médias parisiens commencent enfin à observer la deuxième ville de France avec des yeux plus doux

Dans l’ensemble, les médias parisiens commencent enfin à observer la deuxième ville de France avec des yeux plus doux, un regard plus tendre. La bataille n’est pas encore gagnée mais il est réconfortant de constater que pour les visiteurs et autres observateurs Marseille n’est plus le royaume que des flingues, de la drogue, des bandits et des trafics en tout genre… Marseille-Provence 2013 a, sans aucun doute, été un révélateur. Ce mercredi 6 novembre s’est ouverte la 7e édition de la Semaine Économique de la Méditerranée placée sous le signe de l’économie et de la culture… La culture est un bien rassembleur, ouvert à tous, à condition qu’elle ne soit pas réduite à quelques intellos que l’on ne comprend pas. La culture pour vivre et mieux, vivre tout simplement. Et il faut surtout que les Marseillais retrouvent leur fierté. Fiers d’être Marseillais…Tout simplement.

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