La chronique littéraire de Christine Letellier: « Marseille Vertical », le regard de trois passionnés

Publié le 12 janvier 2015 à  19h09 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h35

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Un architecte et deux photographes ont revisité Marseille à leur manière. C’est un très beau livre qu’ils consacrent à la cité phocéenne.
Le premier, Bernard Tarrazi, architecte mais aussi urbaniste dans l’âme, peut se targuer d’avoir été avec d’autres de sa génération à l’origine d’un nouveau Marseille. Tout jeune adjoint de Gaston Defferre, il s’est battu pour la piétonnisation du Centre-ville, un dossier épineux, long à réaliser mais dont on mesure aujourd’hui ses incontestables atouts.
Les deux autres auteurs sont photographes, David Giancatarina et François Nussbaumer. Ce qui les unit et fait toute l’originalité de cet ouvrage, c’est le regard, les images qu’ils retiennent de cette longue balade de plusieurs mois dans la cité phocéenne.
Ce livre n’est pas un guide illustré à l’usage des touristes, ce n’est pas non plus une étude savante de l’architecture marseillaise, c’est un dialogue imagé de sensations perçues en visitant des bâtiments, des lieux de culte, des établissements publics ou privés qui, chacun à leur manière nous parlent de leur histoire, de leur vécu, de la ville dont ils sont des joyaux ou de simples outils.
Un regard qui cherche et rencontre des verticales, des plus célèbres au plus inattendues : la Nef de la Basilique Notre-Dame de la Garde, mais aussi le hall d’un hôpital ou d’une brasserie, les murs d’une ancienne prison en chantier… Alors, oui le titre peut surprendre : « Marseille vertical » peut suggérer que la cité phocéenne, depuis l’ascension de la superbe tour CMA-CGM en vigie sur le port, se soit soudain éprise de verticalité… On peut en rêver mais dans l’immédiat Marseille est d’abord une ville « courte sur pattes » comparée à d’autres grandes agglomérations. Ce livre n’est donc pas une annonce de mégaprojets qui pourraient voir le jour. Non, c’est tout simplement un travail sur « la verticale ».
Celle que l’œil averti d’un architecte sait capter et qui en général échappe au commun des passants, c’est le regard du photographe qui met en relief, qui magnifie les ombres portées. Un livre qui donne envie de regarder autrement, de s’intéresser au jeu des ombres et des lumières que la verticalité forcément impose et modifie.
Ce regard averti a déjà fait le bonheur des lecteurs d’un précédent ouvrage de Bernard Tarrazi consacré aux plus beaux toits du monde. Un document passionnant et magnifiquement illustré, cet ouvrage résultant également du travail en équipe d’un architecte et d’un photographe.
A signaler enfin, pour les accros à la verticalité version Manhattan, un album incontournable: « New York vu d’en haut » de Yann Artus Bertrand paru aux Éditions de La Martinière. Un livre qui donne envie de visiter New York autrement. Comme vous le feriez en compagnie d’architectes, le regard toujours tourné vers le ciel pour se repaître des fastes chapeautant les constructions datant du tout début du 20e siècle: des skyscrapers se terminant en château de Bavière, en pyramide, en clocher d’église gothique, en forêt d’obélisques et autres folies baroques néo-anglaises…
« Marseille Vertical » de David Giancatarina, François Nussbaumer et Bernard Tarrazi, Le Noyer Édition, 45 €.

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