Lawrence Foster et l’Orchestre de Marseille séduisent la Roque d’Anthéron deux soirs durant

Publié le 22 juillet 2018 à  21h44 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  18h55

C’est avec l’Orchestre philharmonique de Marseille que la Roque d’Anthéron a ouvert l’édition 2018 de son Festival international de piano. Deux soirs durant les allées du Parc Florans ont vécu au rythme des sonorités de cette formation devenue, sous la houlette de son chef Lawrence Foster, l’une des meilleures formations françaises. Deux moments musicaux distincts donc, placés sous le signe du piano et de l’excellence.

Lukas Geniusas au piano

Lawrence Foster et le pianiste Lukas Geniusas © Christophe Grémiot
Lawrence Foster et le pianiste Lukas Geniusas © Christophe Grémiot

Soirée Beethoven tout d’abord et en premier lieu «Les créatures de Prométhée» données en extraits, œuvre très symphonique qui présente comme particularité d’être la seule où le compositeur fait appel à une harpe dans le déroulé de sa partition. Fulgurances successives, admirable travail architectural, ce moment magnifique fut suivi du concerto pour piano n°3 avec au clavier Lukas Geniusas qui remplaçait pour l’occasion Arcadi Volodos, contraint d’annuler sa présence à La Roque pour raisons de santé. Faisant montre de sa subtilité habituelle le soliste russe réalisait un deuxième mouvement tout en nuances, et qui réussissait à émouvoir. Il rappelait aussi au public sa grande ouverture d’esprit en offrant en rappel deux préludes de Leonid Desyatnikov, compositeur russe contemporain spécialisé dans la musique de films. Puis ce sera la 6e Symphonie de Beethoven (la célèbre Pastorale) débarrassée dans son interprétation de ses aspects panthéistes. «C’est une œuvre religieuse», nous a précisé Lawrence Foster, «le missa solemnis» des Symphonies où les oiseaux ici sont juste décoratifs ». Et l’orchestre de la jouer avec une intériorité sans égal. Et au final de cette soirée de gala l’Ouverture de «L’Italienne à Alger» de Rossini, venant conclure de manière festive une soirée qui le fut tout autant.

Michel Dalberto au piano

Lawrence Foster et le pianiste Michel Dalberto © Christophe Grémiot
Lawrence Foster et le pianiste Michel Dalberto © Christophe Grémiot

Changement de programme le lendemain mais pas d’état d’esprit pour accueillir en ouverture «L’apprenti sorcier » de Paul Dukas donné sans l’aspect massif habituel si bien que l’on entendait distinctement cordes et cuivres, avant que Michel Dalberto ne vienne s’installer au piano – un Bechstein à la sonorité assez dure- pour un Concerto N° 5 de Saint-Saëns -appelé L’Égyptien- donné avec rigueur, de manière virtuose, sans grande émotion mais avec une imagination débordante. Grand pianiste s’il en est Dalberto que l’on n’avait pas vu à La Roque depuis longtemps, montra toute l’étendue de sa fantaisie et de son talent en offrant en rappel un morceau de Verdi arrangé par Liszt. Puis en deuxième partie de soirée incursion dans l’univers de Manuel de Falla, l’Orchestre interprétant «Le tricorne», ballet avec soprano, illuminé pour l’occasion de la présence de la mezzo Marina Rodriguez-Cusi. De la belle ouvrage et une énergie incroyable au service d’un respect absolu de la partition. Avec des clins d’œil aux musiciens conviés à taper dans leurs mains au son des castagnettes. Et pour clore ces deux jours La Sicilienne de Pelléas et Mélisande de Fauré, et La Marche des Rois où un tambourin fut placé sur le devant de la scène. Pour le plus grand bonheur d’ailleurs du public provençal.
Jean-Rémi BARLAND

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