Le fabuleux voyage immobile de Youn Sun Nah au Grand Théâtre de Provence d’Aix-en-Provence

Publié le 24 octobre 2014 à  17h08 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h23

Youn Sun Nah  (Photo D.R.)
Youn Sun Nah (Photo D.R.)

Un concert de Youn Sun Nah ressemble à une soirée entre amis, où, confortablement installé on devise de tout et de rien, en savourant tous ces instants volés à la morosité des jours avec un sentiment de plénitude. Pas de flonflons, d’effets faciles, de mouvements sur scène (il n’y en a aucun), pas d’envolées lyriques, mais des mots simples, directs, adressés au public avec chaleur et simplicité. Pourtant cette absence de spectacularisme volontairement assumé n’empêche pas une puissance d’interprétation hors normes. Durant une heure trente dans un GTP. plein à craquer et qui, subjugué par son talent, lui a réservé des applaudissements debout, Youn Sun Nah a enchaîné airs de jazz, reprises de standards américains, une comptine en coréen, une autre en suédois sur les paroles de «qui peut faire de la voile sans vent», et une série impressionnante de vocalises dont certaines inoubliables sur le morceau «Mistral» composé à la suite d’un concert en Avignon, un soir de grand vent. A ses côtés trois musiciens virtuoses : à savoir Ulf Wakenius à la guitare, Vincent Pérani à l’accordéon, (on eut droit à l’écoute de certaines de leurs créations) et Simon Tailleu à la contrebasse. S’appuyant essentiellement sur ses trois albums «Lento», qui donne le titre au concert, «Same girl» et «Voyage» Youn Sun Nah a montré toute l’étendue de sa créativité à la fois musicale et d’interprète. Et s’il faut définir l’ensemble on parlerait de «Voyage» justement. Un fabuleux périple immobile en parlant du non-déplacement sur scène mais assez fantasmagorique. Et qui nous promène aux quatre coins du monde avec une artiste cosmopolite, parlant plusieurs langues aussi à l’aise dans la musique de Scriabine (le titre «Lento» fonde sa musique sur celle du compositeur) que dans la culture mondiale traditionnelle. Pourtant l’émotion ne s’empare pas toujours du spectateur, sans doute en raison du fait que Youn Sun Nah est une artiste au final très cérébrale qui transforme chacun de ses concepts de vie en notes de musique. Au détriment de quelque chose de plus « tripal » comme le proposent par exemple Nina Hagen et Marianne Faithfull. Il n’empêche ! You Sun Nah est une artiste inégalable dont l’univers riche révèle des pépites sonores rendues plus belles encore par le son parfait proposé par le GTP.
Jean-Rémi BARLAND

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