Lycée Saint-Charles de Marseille: hommage à Georges Pompidou… et Gabrielle Russier

Publié le 9 septembre 2019 à  10h03 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h30

À l’occasion de la Rentrée Scolaire, Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a inauguré en présence de son fils Alain Pompidou et de Bertrand Beignier, Recteur de l’Académie d’Aix-Marseille, l’amphithéâtre Georges Pompidou. Voilà 50 ans Georges Pompidou accédait à la présidence de la République. Mais peu nombreux sont ceux qui savent que c’est à Marseille qu’il a commencé sa carrière professionnelle après de brillantes études. Admis en 1931 à l’École normale supérieure, il est reçu premier à l’agrégation de lettres en 1934, puis diplômé de l’École libre des sciences politiques. Son premier poste est au lycée Saint-Charles où il a enseigné dans une classe de troisième, de 1935 à 1938, en tant que professeur de français, latin et grec. Raison pour laquelle l’amphithéâtre de l’établissement a été baptisé «Georges Pompidou ». Un hommage fort, émouvant, a été rendu et auquel a été associé Gabrielle Russier, morte d’avoir aimé.

Renaud Muselier entouré d'Alain Pompidou et Bernard Beignier lors de l'inauguration de l'amphithéâtre
Renaud Muselier entouré d’Alain Pompidou et Bernard Beignier lors de l’inauguration de l’amphithéâtre
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

«C’est à Marseille que mes parents ont passé les années les plus heureuses de leur vie»

Alain Pompidou ne cache pas son émotion car, «c’est à Marseille que mes parents ont passé les années les plus heureuses de leur vie. Ils n’avaient pas beaucoup d’argent, le salaire était maigre, mais le week-end ils se promenaient dans les calanques, la région». Il parle de son père: «Un homme courageux qui est mort à la tâche. C’était un esthète passionné d’Art et de Culture, attentif au bien-être de la population. S’il oublie ses attaches socialistes, il conserve son esprit social et apportera une dimension sociale au Gaullisme. Pour lui, on ne peut croire à l’action que si elle est sœur du rêve». Rappelle ses amitiés, notamment avec le poète Léopold Sédar Senghor, premier Président de la République du Sénégal. Dans ses années marseillaises Georges Pompidou rencontre Paul Éluard. Marqué par l’affaire Gabrielle Russier tombée amoureuse d’un de ses lycéens. Après avoir été exclue, emprisonnée elle se suicidera en septembre 1969. Georges Pompidou évoquera quelques jours plus tard ce drame en réponse à une question de Jean-Michel Royer en citant Éluard: «Moi mon remord ce fut la victime raisonnable au regard d’enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés». Bernard Beignier, le recteur de l’Académie Aix-Marseille Rappelle «un homme important pour nos institutions et le fonctionnement de notre Pays». Rend hommage à l’intellectuel, cite son anthologie de la poésie française. Evoque à son tour Gabrielle Russier en se tournant vers Alain Pompidou: «Votre père a exercé son droit de grâce. Par ses propos, il la relève de la diffamation publique. Elle s’est suicidée un premier septembre, j’aimerais que l’on puisse s’en souvenir». Et de conclure: «Nous avons ici avec vous, monsieur Pompidou, le fils d’un des fondateurs de la Constitution de la Ve République et, avec vous, monsieur Muselier, le petit-fils de l’inventeur de la Croix de Lorraine».

«Le destin de Georges Pompidou est un destin profondément français»

Renaud Muselier évoque pour sa part «cette figure majeure de l’Histoire de France» en insistant sur le fait qu’«il y a quelque chose que seul un pays comme le nôtre peut permettre de faire, de vivre, c’est une part de chance offerte par la République que de construire son chemin. Et dans ce rêve républicain, le petit-fils de paysan, le fils d’instituteur de la laïque qui, par l’école et le travail, a grandi et s’est élevé au sommet de la sphère politique. C’est l’incarnation même de la promesse méritocratique française. En cela, le destin de Georges Pompidou est un destin profondément français». Puis revient sur l’homme public qu’il a été et notamment «deux valeurs qui ont marqué son parcours d’homme d’État : la fidélité et la modernité. La fidélité à ses valeurs. Ces valeurs de droiture, d’honnêteté et de travail.(…)». Souligne également la modernité: «Il a incarné les Trente Glorieuses de cette France qui se reconstruit et qui réussit. Il a initié les grandes réussites industrielles qui font encore aujourd’hui notre fierté ; le TGV, le nucléaire, Airbus. Il a renforcé notre modèle social en créant les Allocations familiales et la quatrième semaine de congés payés. Il a compris avant tout le monde, les enjeux environnementaux en créant le Ministère de l’Environnement en 1971. Il a fait le choix de l’Europe quand il a compris que la France seule n’avait pas sa place dans le combat entre les États-Unis et l’URSS. Il a ainsi permis au Royaume-Uni d’entrer dans l’Union européenne en 1973. Triste écho avec le Brexit aujourd’hui».
Michel CAIRE

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