Marignane : le Technoparc des Florides en passe de devenir le 2e pôle aéronautique de France après Toulouse

Publié le 5 juin 2013 à  1h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h40

Eugène Caselli, le président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM), a convié la semaine dernière une quarantaine de représentants d’entreprises de l’aéronautique et de la mécanique à une visite du Technoparc des Florides sur la commune de Marignane dans le cadre des « Rendez-vous entreprises de Marseille Provence Métropole ». L’occasion de faire sur le point sur le développement du site emblématique du projet Henri Fabre, destiné à soutenir le développement du pôle aéronautique et mécanique de l’Est de l’Etang de Berre.

Vue aérienne du site Eurocopter-Daher du Technoparc des Florides à Marignane où les deux sociétés se sont implantés depuis le 10 septembre 2010. Il regroupe 850 emplois, 44 500 m² d'ateliers et 6 000 m² de bureaux. (Photo Patrick PENNA-Eurocopter/DR)
Vue aérienne du site Eurocopter-Daher du Technoparc des Florides à Marignane où les deux sociétés se sont implantés depuis le 10 septembre 2010. Il regroupe 850 emplois, 44 500 m² d’ateliers et 6 000 m² de bureaux. (Photo Patrick PENNA-Eurocopter/DR)

L'initiative, qui avait pour cadre
L’initiative, qui avait pour cadre

La salle A.O.G. (Aircraft on Ground) d'Eurocopter. (Photo Eric RAZ-Eurocopter/DR)
La salle A.O.G. (Aircraft on Ground) d’Eurocopter. (Photo Eric RAZ-Eurocopter/DR)

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« En cinq ans à la tête de la communauté urbaine, j’ai contribué à beaucoup de projets de développement du territoire mais la décision la plus importante, c’est d’avoir travaillé sur ce Parc des Florides » : ces propos qu’Eugène Caselli a tenus la semaine dernière, devant une quarantaine de représentants d’entreprises de l’aéronautique et de la mécanique, résument à eux seuls l’intérêt métropolitain et le caractère structurant du Technoparc situé sur la commune de Marignane. Lors de cette rencontre qui avait pour cadre « Les rendez-vous entreprises de Marseille Provence Métropole », le président de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM) a rappelé que c’est le maire de Marignane qui était à l’époque venu le trouver. « Eric Le Disses m’a dit que si Daher venait sur cette zone, ce serait un booster. Et nous sommes en train de travailler sur ce qui sera le 2e pôle aéronautique de France après Toulouse, le site où sera construit l’hélicoptère du futur », se félicite Eugène Caselli.
Impulsé par MPM, le Technoparc des Florides, labellisé par le pôle de compétitivité Pégase, constitue le site emblématique du projet Henri Fabre, du nom de l’inventeur de l’hydravion, destiné à soutenir le développement du pôle aéronautique et mécanique de l’Est de l’Etang de Berre, notamment sur les communes de Marignane (Technoparc des Florides), Saint-Victoret (Parc d’activités d’Empalières) et Vitrolles. « Ce projet piloté par l’Etat et Eurocopter, qui englobe l’ensemble des collectivités locales, vise à offrir un écosystème favorable au développement de l’aéronautique avec d’importantes locomotives et des implantations à venir. Il s’agit d’une volonté publique et privée d’offrir une opportunité de croissance à la filière aéronautique (navale, nucléaire, hydraulique, énergie, médical) », explique Simon Babre, sous-préfet d’Istres.

Un cluster qui réunira PME et grands groupes afin de développer les compétences

Et Gérard Goninet, directeur des sites français d’Eurocopter, de préciser : « Nous ne réussirons que si les forces économiques, politiques, universitaires sont fédérées pour atteindre une masse critique. A l’échelle de la planète, les querelles de clocher au plan local n’ont pas de sens. Il y a des forces sur ce territoire, il faut les unir », explique celui qui est également président du pôle de compétitivité Pégase. Le projet Henri Fabre vise ainsi à construire un cluster, comme il en existe déjà à Nantes, Bordeaux, Toulouse et Lyon, qui regroupera PME et grands groupes afin de développer les compétences. Cette « Hélicopter Valley » sur le modèle de la Silicon Valley aux Etats-Unis doit permettre d’ancrer la filière aéronautique dans la région PACA en répondant à un triple objectif : accompagner la croissance des donneurs d’ordre et développer leur écosystème ; générer des pistes de croissances, de valorisation et de diversification inter filières ; construire un « tissu industriel 3.0 » en accompagnant et en faisant grandir les PME dans une logique d’entreprise étendue et de diversification. « C’est un projet structurant qui vise à créer du business sur un territoire en évitant les redondances et en atteignant les tailles critiques, souligne Phlippe Dufau, directeur de projet au pôle Pégase. Il s’agit de conforter Eurocopter en créant un écosystème tout en générant des effets de levier, suivant trois axes stratégiques : affirmer l’excellence technologique, développer les services avancés car on ne vend plus simplement un produit mais des services, et l’axe innover et produire ensemble. »
Ce projet Henri Fabre sera matériellement incarné par un parc technologique baptisé « Technocentre », de 83 000 m², implanté à Marignane dans le Technoparc des Florides. Il intégrera notamment un centre de mutualisation de moyens de recherche, d’équipements de pointe et de ressources au service des collaborations et transferts de technologie entre industriels de toute taille et chercheurs. Il abritera également un centre d’expertise pour les domaines essentiels que sont la mécanique, les matériaux et procédés du futur, l’ingénierie de services avancés aux industries, et les tests électromagnétiques et les systèmes. Un centre de formation sera enfin intégré au Technocentre pour accueillir des formations allant du compagnon à l’ingénieur-chercheur. « D’ici 2016, le Technocentre aura intégré l’ensemble des moyens humains et technologiques : ce sera le bâtiment emblématique où on va mutualiser l’ensemble des ressources », indique Philippe Dufau.

« On vise une vitesse de réponse aux besoins du client final plus rapide que n’importe où dans le monde »

Et Gérard Goninet de rappeler que « le maître-mot d’Henri Fabre, c’est l’intégration totale » industrielle entre les PME et les donneurs d’ordre. « Cela semble simple mais quand on travaille sur un domaine d’excellence, cela demande beaucoup de compétences. On vise une vitesse de réponse aux besoins du client final plus rapide que n’importe où dans le monde. Cela réclame des moyens pour répondre dans le temps le plus court. Il faut innover pour avoir un temps d’avance, et montrer qu’à Marseille, on est capable de faire quelque chose de grand comme à Toulouse et à Lyon », souligne le directeur des sites français d’Eurocopter. D’ores et déjà, plusieurs organisations sont candidates pour intégrer le Technoparc : le centre de formation technique d’Eurocopter, le CFA de l’Industrie (CFAI) d’Istres pour le volet mécanique, la plateforme d’innovation dans la mécanique Inovsys qui regroupe déjà EDF et quelques écoles universitaires, l’Ecole nationale supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) d’Aix-en-Provence avec un projet d’usine école, et une pépinière d’entreprises.
Cette journée de lobbying est intervenue huit mois après la pose de la première pierre de l’îlot Carmin, le village d’entreprises de Nexity qui proposera 12 650 m² de locaux d’activités et 4 270 m² de bureaux à destination des PME-PMI. La livraison de la 1ère tranche, deux bâtiments d’activités de 2 150 m² chacun, est prévue pour la mi-2013 (la dernière étant programmée fin 2014). « Les deux bâtiments sont déjà sortis de terre. C’est une offre de foncier disponible à court terme », indique Olivier Latil d’Albertas, directeur du Pôle économique de MPM, aux entrepreneurs ayant répondu à l’invitation de MPM.

7 000 emplois d’ici 2019 sur trois parcs d’activité à l’Est de l’Etang de Berre

L’occasion pour lui de rappeler que la stratégie de développement économique mise en œuvre par la communauté urbaine, fondée sur les économies productives, logistique et de la connaissance, se décline sur trois parcs d’activité en développement à l’Est de l’Etang de Berre : le Technoparc des Florides, le Parc d’Empalières à Saint-Victoret et le Parc des Aiguilles (parc purement logistique en bordure d’autoroute) sur la commune d’Ensuès-la-Redonne. Ces trois sites, d’un potentiel d’environ 550 000 m² d’immobilier d’entreprise sur 120 hectares de terrains commercialisables, seront capables d’accueillir près de 7 000 emplois de 2010 à 2019, qui s’ajouteront aux 13 000 emplois d’Eurocopter sur la zone. Il s’agit d’un investissement de 60 M€ pour MPM, aménageur en régie, qui générera plus de 600 M€ d’investissement privé. « Cette opération s’inscrit dans le schéma de cohérence territoriale de MPM. C’est un secteur un peu oublié qui est en train de retrouver une nouvelle dimension », souligne Olivier Latil d’Albertas.
Le seul Technoparc des Florides accueillera 4 à 5 000 emplois sur une superficie de 87 ha dont 60 ha commercialisables. Car il s’agit aussi d’un projet de développement durable qui vise la certification ISO 14 001 : un tiers de la superficie est ainsi réservé aux espaces verts. Un lieu où Daher et Eurocopter jouent le rôle des locomotives, avec une implantation remontant à septembre 2010. « C’est un site cogéré par Eurocopter et Daher, fruit d’une belle coopération entre les deux entreprises. On y a regroupé l’ensemble des flux d’expédition, des pièces de rechange ou des pièces neuves, vers les clients d’Eurocopter », précise Thomas Milhe, directeur adjoint d’Unité chez Daher. 850 emplois sont ainsi localisés sur le site (300 Eurocopter, 300 Daher et 250 sous-traitants) qui comprend 44 500 m² d’ateliers, 6 000 m² de bureaux et un restaurant d’entreprise de 1 000 couverts. Et Thomas Milhe de souligner que « Daher s’inscrit dans la durée » : la société va installer courant 2013 sa « Control Room » pour le projet Iter sur Floricity, un programme tertiaire situé sur le Technoparc des Florides, qui abritera 8 000 m² bureaux pour les services à l’industrie (en deux tranches, décembre 2012 et fin 2013). Floricity accueille déjà Pôle emploi et ses services à la carte pour les recrutements (une équipe de 40 professionnels) et la Société générale. S’y installera prochainement une crèche de 60 berceaux (ouverture juillet 2013).

Des efforts engagés en matière de transports collectifs et de logements

Olivier Latil D’Albertas a ainsi souligné que pour l’heure tous les voyants sont au vert, avec déjà 1 600 emplois créés. La première tranche des 23 ha est commercialisée à 90% comme en témoigne la présence, outre Eurocopter et Daher, d’Akkia Technologies, société de distribution de lampes à économie d’énergie (22 salariés sur 3 000 m²), du village d’entreprises Îlot Carmin et de Bonnans S.A., leader européen dans la protection des métaux, spécialisé dans l’usinage mécanique pour l’aéronautique (210 salariés prendront possession de 6 000 m² d’ateliers entre 2013 et 2014). Quant à la commercialisation de la deuxième tranche de 37 ha (soit 180 000 m²), qui a commencé depuis début 2013, « les contacts sont déjà bien avancés », précise le directeur du Pôle économique de MPM.
Parallèlement, les pouvoirs publics ne ménagent pas leurs efforts pour rendre davantage accessible une zone situé à un carrefour stratégique : à 5 minutes du réseau autoroutier (A 7 vers Lyon et Marseille ; A 55 vers le centre-ville de Marseille, Aix-en-Provence, Fos et Montpellier), à 15 minutes de l’aéroport Marseille-Provence, à 25 minutes des gares TGV de Marseille et Aix-en-Provence, et à proximité de la gare TER des Pas des Lanciers et des transports collectifs, alors qu’une dorsale de fibre optique permet un raccordement sécurisé à haut débit. « Dès septembre 2013, la ligne 56 (rebaptisée 26) qui dessert le Technoparc des Florides va augmenter son cadencement (NDLR : 20 minutes/42 minutes aller-retour entre Vitrolles/Saint-Victoret/Les Florides). Et une nouvelle ligne 61 va liaisonner la gare TER des Pas des Lanciers et le Parc : il ne faudra que quelques minutes depuis Marseille pour venir au Technoparc », explique Olivier Latil D’Albertas. Et d’insister sur le fait que la gare TER des Pas des Lanciers « va jouer un rôle important » dans la desserte des Parcs des Florides et d’Empalières, en permettant de relier Marseille au Nord du département vers Salon.
Les collectivités locales travaillent aussi sur les aspects logements avec des projets d’habitat de plus de 5 500 logements sur la période 2013-2018. « Les Plans Local d’Habitat (PLH) ne sont pas à la hauteur de la demande mais on est sur une démarche vertueuse pour faire comprendre l’enjeu aux communes », souligne le directeur du Pôle économique de MPM.
Serge PAYRAU

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