Marseille : 73e anniversaire des rafles du Vieux-Port et de l’Opéra

Publié le 25 janvier 2016 à  0h27 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  21h37

Ce dimanche 24 janvier frileux, dans le cadre cadre du 73e anniversaire de l’évacuation et la déportation des populations du Vieux-Port et de l’Opéra, s’est déroulée la traditionnelle cérémonie à la mémoire des victimes a eu lieu à 10 heures Place Daviel et 11 heures place de l’Opéra. Traditionnelle mais, surtout, ô combien nécessaire, pour rappeler la tragédie que la communauté juive a subi dans ces deux quartiers du centre ville de Marseille. Longtemps, cette manifestation évoquée la mémoire, afin que, jamais, l’écho de leurs voix ne faiblissent. Hélas, les engrenages sont à nouveau à l’œuvre, racisme, antisémitisme, islamophobie, facteurs de divisions, de rejet de l’Autre, de haine. Et c’est ainsi, les attentats de Paris, de janvier et de novembre, à Marseille deux enseignants juifs qui viennent d’être agressés. Une manifestation emplie de gravité et de solennité qui n’a vu s’exprimer que les associations représentatives de la communauté : le Crif, par la voix de l’historienne Renée Dray-Bensoussan, le Consistoire par celle de Gérard Bismuth, Albert Barbouth, de l’Amicale des déportés d’Auschwitz.

«Leurs cendres, au vent, s’éparpillent »

Emotion à l'Opéra lors de l'intervention de Denise Toros-Mater au cours de la cérémonie du 73e anniversaire des rafles du Centre-ville de Marseille (Photo jean Paul Herbecq CD13)
Emotion à l’Opéra lors de l’intervention de Denise Toros-Mater au cours de la cérémonie du 73e anniversaire des rafles du Centre-ville de Marseille (Photo jean Paul Herbecq CD13)
Dépôt de gerbe place Daviel par Martine Vassal (Photo Jean-Paul Herbecq CD13)
Dépôt de gerbe place Daviel par Martine Vassal (Photo Jean-Paul Herbecq CD13)

Mais c’est à Denise-Toros Marter, rescapée, membre de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz Marseille-Provence, qu’il revient de prendre la parole. Elle le fait en citant un de ses poèmes dans lequel elle évoque les nuits de terreur; appelle à se souvenir «que cela fut»; évoque ceux qui ne sont jamais revenus d’Auschwitz. «Parmi eux était ma famille. Voilà plus de 70 ans que leurs cendres, au vent, s’éparpillent ».
Albert Barbouth évoque le 22 janvier 1943, les familles juives raflées, au petit matin, qui doivent partir, sans bagage, sans objets personnels. 1642 partiront à Compiègne et, de là 782 seront envoyés à Sodibor dont aucun n’est revenu. «Cela s’est déroulé voilà 73 ans et la plaie n’est toujours pas refermée. Il nous appartient de lutter contre les négationnistes, les extrémistes, pour que, jamais, cela ne se reproduise».
Gérard Bismuth avoue qu’au fil des cérémonies commémoratives, il ressent «le même effroi, le même sentiment de révolte et d’injustice». Il tient à nommer les fonctionnaires français: «René Bousquet, Marcel Lemoine, Maurice Rodellec du Porzic, Pierre Barraud et René Chopin qui, avec les Allemands, ont préparé en secret cette opération». Rappelle qu’«un millier de policiers locaux mais aussi venus de Toulouse, Nancy et même Paris ont été nécessaires pour cette rafle». Il avoue qu’il aurait aimé en rester à ses souvenirs douloureux «mais, depuis les années 80, nous assistons à une montée de l’antisémitisme»; déplore qu’«une grande partie des élus a nié le réel». Il tient toutefois à remercier, aujourd’hui, les autorités pour le travail accompli par la Police, l’Armée. Et de conclure : «Il ne faut pas oublier que le malheur des juifs n’a jamais fait que précéder celui du reste de la population».

«Les Nazis préféraient agir dans le noir»

Renée Dray-Bensoussan revient à son tour sur les événements : «C’était pendant l’horreur d’une profonde nuit, les Nazis préféraient agir dans le noir, c’était une veille de Shabbat, car les Nazis savaient les retrouvailles des familles, qu’ils ont commencé les rafles qui ont duré une semaine . Puis d’insister sur l’importance de la transmission, de la jeunesse, «de leur apprendre le vivre ensemble».
Elle se réjouit à ce propos du travail accompli par les lycéens de Daumier, récite un extrait d’un poème de Sarah qui parle des trains, des longues heures sans nourriture et sans boisson, elle cite le slam de Jaouad «des innocents tués à cause des Nazis, des innocents blessés comme en Syrie». Avant la prière du Grand Rabbin qui tient à y associer toutes les victimes des attentats.
De nombreux élus ont assisté à la manifestation : Martine Vassal, présidente du Département 13, Caroline Pozmentier, vice-présidente de la région Paca, représentant Christian Estrosi, André Malrait représentant le maire de Marseille, des élus municipaux tels Solange Biaggi, Daniel Sperling, des conseillers d’arrondissements tels Marie-France Ouret et Hagay Sobol.
Martine Vassal ne cache pas l’importance qu’elle accorde à cette manifestation «et c’est d’autant plus important pour moi de venir cette année en tant que présidente du département». Caroline Pozmentier d’insister sur «l’importance que le Président Estrosi et moi-même attachons à la transmission de la mémoire, pour que le passé alerte le présent». Elle met en avant à ce propos l’importance des voyages de la mémoire, du Camp des Milles, des partenariats avec l’Éducation Nationale dans les lycées.
Michel CAIRE

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