Marseille: Inauguration de la Foire aux Santons sur fond de deuil national

Publié le 16 novembre 2015 à  1h55 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h44

Inauguration par le maire de Marseille de la Foire aux Santons (Photo Robert Poulain)
Inauguration par le maire de Marseille de la Foire aux Santons (Photo Robert Poulain)

L’inauguration, ce dimanche vers midi, de la Foire aux santons de Marseille qui fleure si bon, avec le Marché de Noël, les fêtes de fin d’année, n’a pas eu l’effet escompté puisqu’elle s’inscrit, deux jours après les attentats de Paris, dans une journée de deuil national . A l’issue de la messe en Provençal donnée en l’Église des Réformés, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR), accompagné d’une légion d’élus dont le député européen Renaud Muselier, tête de liste LR dans les Bouches-du-Rhône pour les Régionales et Caroline Pozmentier, adjointe au maire en charge de la sécurité, a descendu, à pied, une partie de la Canebière pour rejoindre la Foire aux Santons, place du Général de Gaulle, où s’étaient rassemblées plusieurs dizaines de personnes. Une fois la Foire inaugurée, au pas de charge, le maire s’est exprimé justifiant sa position : «Nous ne voulons pas céder à Daesh; nous ne voulons pas céder à la peur. La foire aux santons, c’est un message de paix, c’est un message de fraternité. Nous ne voulions pas supprimer ce message. On ne nous fera pas baisser la tête». «Bien sûr, nous sommes inquiets, poursuit-il, bien sûr, à tout moment, il peut se produire quelque chose mais nous devons avoir la tête haute et ne pas céder à ce fanatisme terrible qui tue à l’improviste». Et de quitter l’assemblée illico presto laissant les personnes présentes pantoises sur le bitume. Des élus restent. Renaud Muselier de rappeler que les attentats de janvier avaient ciblé «la liberté de la presse, d’expression, l’intelligence française». Vendredi soir, ajoute-t-il: «C’est une attaque de barbares contre la vie, le parti de l’amour, de l’espoir». Il est souligné par des personnes présentes que par rapport aux autres villes aucun appel à manifester n’a été lancé pour un hommage aux victimes. Renaud Muselier de répondre: «Pourquoi nous comparer aux autres. Nous, nous ne faisons pas de manifestations mais nous maintenons toutes les manifestations».

Confusion sur le rassemblement

Manuel et Maria étaient venus pour un rassemblement en hommage aux victimes des attentats à Paris (Photo Robert Poulain)
Manuel et Maria étaient venus pour un rassemblement en hommage aux victimes des attentats à Paris (Photo Robert Poulain)

il est un peu plus de 11 heures lorsque quelques personnes se postent sur la place du général de Gaulle pensant assister à un rassemblement pour les victimes des attentats. Au milieu une femme est au bord des larmes; «C’est tout» en regardant autour d’elle. Lançant: «Les Marseillais ont peur ou c’est parce que ce sont des Parisiens». Véronique, bouleversée, raconte qu’elle est Parisienne et vit à Marseille depuis 2 ans. «Ce quartier populaire dans le XIe arrondissement de Paris, indique-t-elle, le monde entier y vit. C’était mon quartier. Cette jeunesse assassinée c’est ma relève». Rassurée un peu plus tard, par le fait qu’il y a sûrement un manque de coordination et qu’aucun rassemblement n’était prévu ce dimanche. Plus loin, Manuel et Maria, des Portugais qui vivent à Marseille, ont également pensé venir rendre un hommage aux victimes «Tout cela est bien triste», souligne Manuel, en ne cachant pas son inquiétude. Précisant notamment: «Au Portugal tous les magazines sont solidaires avec la France; tous les monuments portugais ont les couleurs du drapeau français». Colette pour sa part explique avoir vu l’annonce d’un rassemblement sur Internet. «En tant que citoyenne c’est une évidence d’être là. C’est ma manière de rendre hommage aux victimes; un élan de paix et d’union.» Et comme la perfection n’existe pas, certains entendent bien récupérer ce drame. Circulant parmi un public fragilisé, ils susurrent :«Vous voyez que la seule solution c’est Marine…»
Patricia MAILLE-CAIRE

Un rassemblement «républicain» est prévu lundi à 18h30 sous l’ombrière du Vieux-Port à l’appel notamment de la gauche marseillaise et des syndicats

Trois questions à Caroline Pozmentier , adjointe à la sécurité de Marseille

Caroline Pozmentier (Photo Robert Poulain)
Caroline Pozmentier (Photo Robert Poulain)

Comment s’organise la sécurité à Marseille à la suite des attentats à Paris
Depuis samedi matin, nous travaillons en interne que ce soit avec les services de la police municipale, le Bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) mais également tous les services concernés par l’espace public. Le préfet de police a organisé des réunions de travail et, à 14 heures, les élus, nous rencontrions le préfet de région. Le message est très clair la France vient de connaître un drame comme en période de guerre. Nos concitoyens ont pris conscience que la sécurité doit être chevillée au corps . Nous avons demandé à ce que tous les moyens soient mis en œuvre. Je n’ai pas d’inquiétude à ce propos, je fais confiance aux autorités pour mettre des moyens sur la 2e ville de France.

Quels sont les dispositifs mis en place ?
D’abord, nous ne partons pas de rien. Depuis de nombreux mois, nous allons de plan vigipirate en plan vigipirate, de mise en place de dispositifs de plus en plus musclés. Nous demandons aux services de l’État d’être en totale coordination avec nous et un total relais de l’information qui garantit la sécurité. Notre Centre de supervision urbain est une veille sur la ville; tous les acteurs de la sécurité, à qui je rends hommage: policier nationaux, municipaux, pompiers mais aussi les services de santé et d’urgence sont de véritables sentinelles parce qu’ils sont debout dans l’urgence devant la terreur. Et nous, élus, nous ne sommes là que pour leur donner les moyens de mieux agir.

En raison de l’état d’urgence décrété des moyens supplémentaires vont-ils être apportés à Marseille
Le préfet nous a garanti, à quelques heures de ce drame, des effectifs supplémentaires. Nous aurons des réponses plus concrètes dans les jours qui viennent. On n’a pas besoin de surenchérir sur des effectifs, des moyens supplémentaires, je pense que c’est une politique de fermeté qui s’impose. Il importe notamment d’avoir une politique pénitentiaire à la hauteur des enjeux.
Propos recueillis par P.M.-C.

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