Marseille: La Canebière Broadway marseillais, c’est parti ?

Publié le 23 mars 2016 à  20h36 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Sabine Bernasconi, maire (LR) du premier secteur de Marseille a lancé ce mercredi son projet «Notre Canebière» visant à refaire de cette artère centrale un «Broadway marseillais, vitrine de la Ville, du Département et de la Métropole», en faisant appel aux associations pour des animations le dernier dimanche de chaque mois à partir de 2017. La maire des 1/7 ayant décompté 80 associations culturelles dans un périmètre de 100 mètres autour de la Canebière et 300 associations en élargissant ce périmètre à 500 mètres.

Présentation par sabine Bernasconi de
Présentation par sabine Bernasconi de
Un public venu en nombre pour la présentation de
Un public venu en nombre pour la présentation de

Sabine Bernasconi a présenté officiellement son projet dans le foyer du théâtre de l’Odéon sur la Canebière devant plus d’une centaine de représentants de ces acteurs culturels. Après une réflexion sur «le sens à donner à notre centre-ville», ces derniers ont été fermement invités à signer un engagement à participer à ce projet « Notre Canebière » et à faire part de leurs propositions par écrit d’ici fin avril pour une synthèse prévue en juin.
«C’est une main tendue que font les institutions en direction des associations», a déclaré Mme Bernasconi. Dans un sourire, elle laisse entendre qu’elle comprend bien l’aspect inusité d’une telle démarche consistant pour une institution à tendre la main en direction de ceux qu’elle subventionne. Soucieuse de réunir les acteurs culturels au-delà des clivages politiques elle leur a demandé de participer à ce projet «si vous êtes d’accord pour entrer dans ce dessein Politique avec un grand P. » «Beaucoup ne croient pas à ce projet et j’espère qu’il y en aura aussi beaucoup qui y croiront», a-t-elle dit faisant également état de nombreuses critiques et interrogations depuis la publication par Destimed de son idée de faire de la Canebière un « Broadway marseillais ».
«Nous ne pouvons pas décevoir sur ce projet», a-t-elle lancé rêvant à haute voix de l’organisation d’un salon du livre sur la Canebière. Précisant s’être donné trois ans pour réussir à «changer pour longtemps l’image du cœur de ville». Considère que le centre-ville -qui comprend les 1er, 2e, 3e et une partie du 6e arrondissements de Marseille- est appelé, selon elle, à devenir le «cœur culturel de la Métropole».
Elle a, par ailleurs, dénoncé ceux qui comparent «notre cœur de ville» à «un centre commercial» faisant ainsi allusion aux critiques concernant la désaffection du centre-ville par ceux qui lui préfèrent «le nouveau centre» déplacé vers Euroméditerranée via la Joliette, plus commercial. «L’âme de ce cœur de ville est bien sûr la culture», assure-t-elle, en prenant comme référence Marseille Capitale de la Culture qui avait rassemblé tous les acteurs culturels et économiques autour d’un même projet en 2013 et espérant faire de même pour cette réhabilitation de la Canebière par la culture.
«On parle d’abord du sens, et ensuite du contenu», indique-t-elle aux acteurs culturels invités à faire preuve d’imagination. Avec les dimanches de la Canebière, «on commence par des symboles afin que vous puissiez participer à la révélation de cette force culturelle». «Il est de la responsabilité du politique, poursuit-elle, de vous faire partager une ambition commune.» «Des moyens, il y en a», affirme-t-elle à la stupéfaction générale. «Cette question ne se pose pas car nous sommes soutenus par le Département et par la ville», dévoile Mme Bernasconi -qui est également vice-présidente du Conseil Départemental en charge de la culture- en regardant Anne-Marie d’Estienne d’Orves, adjointe au maire de Marseille en charge de la Culture qui lui a déclaré son soutien en en tempérant immédiatement «On n’a pas beaucoup de sous dans les caisses». Il s’agit d’un projet en deux temps. «D’abord, préconise Sabine Bernasconi valorisons ce qui existe et après l’on passera à une seconde étape grâce aux liens tissés entre les différentes associations pour des projets communs que nous soutiendrons». Pour l’instant, avance-elle: «On fixe le cadre pour en faire une ambition commune». Il n’est pas question de faire «juste sympa », juge-telle avant de préciser qu’«elle se garderait bien de suggérer des projets mais qu’elle les accompagnerait» en réponse à une question émanant du public.
Pour ces derniers dimanches de chaque mois en 2017 s’est posé le problème du nettoyage des rues pour les animations et de l’ouverture des commerces, bistrots et cafés, dont elle a assuré que son équipe s’occupait. «Les Marseillais nous attendent pour faire rayonner Marseille à son meilleur» a-t-elle conclu.
Marie-Hélène Ferraud-Gregori, directrice de l’Odéon, théâtre municipal, a appelé à la fédération des énergies. «Il faut que nous soyons pragmatiques, constructifs et que nous jouions collectif », ajoutant que «nous avons tous, nous, acteurs culturels, un rôle à jouer pour notre public».
«Il faut faire ensemble, toutes disciplines représentées pour que débute avec nous une nouvelle histoire et faire revenir nos étudiants au centre-ville», a martelé Anne-Marie d’Estienne d’Orves. Mettant également en exergue que Marseille était une destination «prisée dans le monde» avec 5 millions de visiteurs par an dont 1 million dans les musées. Confirmant le soutien de la Ville à ce projet, elle annonce également que le Conservatoire non loin de la Canebière abriterait prochainement une bibliothèque des Arts. Pour Robert Fouchet d’Aix-Marseille Université (AMU), la plus grande université de France avec 74 000 étudiants, qui s’est joint au projet avec Bénédicte Swaton. Ce dessein fera de la Canebière un nouveau «Quartier Latin». Il a signalé que plus de 20 000 étudiants fréquentaient ce périmètre mais sans jamais y rester, de l’université Saint Charles à celle de Droit sur la Canebière, les sciences économiques près du Centre Bourse, les préparations aux grandes écoles de Thiers, l’ESPE et le Conservatoire.
Une intervenante restée anonyme a souhaité que des moyens soient offerts aux artistes pour promouvoir la Ville comme Nantes l’a fait, obtenant de la sorte une couverture médiatique internationale plus importante que ce qu’aurait fait une campagne de publicité. Un conseil d’experte dont a pris note Mme Bernasconi.
Jean Roatta, ancien maire (LR) de ce secteur, interrogé par Destimed sur ce nouveau projet de réhabilitation de la Canebière auquel les Marseillais ont du mal à croire -après moult promesses des politiques de droite et de gauche depuis plus de 20 ans- s’est déclaré confiant. «Maintenant qu’il n’y a plus de socialistes, on va pouvoir avancer, on a le Département et la Région», s’est-il réjouit.
Le mot de la fin lui revient en tant que chargé des Relations internationales et européennes, a parlé de la renommée de Marseille dans le monde déclamant, sans exagération aucune, «Marseillais on a une ambition, il faut aller jusqu’au bout ! On a la plus belle ville de Méditerranée, d’Europe et pourquoi pas du monde…»
«La CaneCaneCanebière jusqu’au bout de la terre» chantait déjà Scotto !
Rendez-vous en juin pour le bilan des propositions des associations et acteurs culturels et leur programmation des derniers dimanches de chaque mois de 2017.
Antoine LAZERGES

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