Marseille: La Grotte Cosquer trouve refuge à la Villa Méditerranée

Publié le 24 novembre 2019 à  20h26 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h26

Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président de Régions de France, a dévoilé aux côtés de Pierre Dartout, Préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et de Geneviève Rossillon, présidente de la Société Kleber-Rossillon, le projet retenu pour la transformation de la Villa Méditerranée. Confié à la Société Kléber-Rossillon, auréolée du succès de la reconstitution de la Grotte Chauvet 2, le projet de la Grotte Cosquer ouvrira en 2022 avec la promesse d’accueillir pas moins de 500 000 visiteurs par an dès 2022. Ce projet, unique au monde, permettra au public de découvrir ce trésor de l’humanité, enfin protégé de la montée du niveau des océans, à travers un parcours ludique et pédagogique, au cœur d’une civilisation préhistorique. Avec la concrétisation de ce projet, la Région Sud offre à Marseille et à Provence-Alpes-Côte d’Azur un nouveau lieu de fierté et d’attractivité tourné vers les civilisation méditerranéennes.

Projet de réplique de la grotte Cosquer © Kléber Rossillon
Projet de réplique de la grotte Cosquer © Kléber Rossillon
Signature d'une convention entre le préfet Pierre Dartout, Geneviève Rossillon et Renaud Muselier (Photo Robert Poulain)
Signature d’une convention entre le préfet Pierre Dartout, Geneviève Rossillon et Renaud Muselier (Photo Robert Poulain)
Henri Cosquer a découvert la grotte en 1985 (Photo Robert Poulain)
Henri Cosquer a découvert la grotte en 1985 (Photo Robert Poulain)
«C’est fabuleux. Ce projet va permettre à tous de découvrir la grotte et leur offrira la possibilité d’être fasciné comme je le suis toujours par l’art de la peinture qui s’exprime là. Pendant 20 ans j’ai essayé de reconstituer cette grotte menacée par la montée des eaux et cela aboutit aujourd’hui. C’est important d’offrir la possibilité de pénétrer dans cette grotte qui produit des émotions, invite à la réflexion sur notre vie, notre place sur la planète». L’homme qui parle ainsi n’est autre que Henri Cosquer ce plongeur qui, en 1985, à découvert la grotte qui porte aujourd’hui son nom. Renaud Muselier souligne pour sa part: «Cette Villa est un bijou. Mais L’objectif initialement fixé par la mandature précédente – contribuer à la cohérence de la politique méditerranéenne de la France – n’a pas pu trouver sa place. Et nous étions face à un site qui a coûté 65M€ et 4 à 6M€ par an pour l’entretien». Rappelle que dès leur arrivée à la tête de la région avec Christian Estrosi, «l’avenir de la Villa Méditerranée a été l’une de nos premières préoccupations. Nous avions deux possibilités : soit la vente pure et simple, soit une véritable exploitation de la Villa, avec des partenaires publics ou privés, permettant de revenir à un coût zéro pour la Région».

«Une vocation populaire, culturelle et patrimoniale du quartier»

C’est finalement le projet de reproduction de la Grotte Cosquer qui a été choisi: «C’est le seul projet parmi ceux étudiés qui, conformément à notre engagement, supprime totalement les coûts de fonctionnement pour la Région et maintient un intérêt régional et international pour ce bâtiment. Notre choix s’est porté sur ce projet car il est en totale cohérence avec les lieux et la vocation culturelle et maritime du J4 depuis son réaménagement par Euroméditerranée. Le projet retenu se devait d’être en adéquation avec la vocation populaire, culturelle et patrimoniale du quartier». Précise que les investissements nécessaires à l’adaptation du bâtiment et à la réalisation de l’ensemble de l’équipement seront réalisés par le délégataire. «La délégation de service public (DSP) est prévue pour une durée de 25 ans et le concessionnaire prévoit à terme un chiffre d’affaires annuel à vitesse de croisière de l’ordre de 8,8 M€ : c’est donc une opération à 220 M€.» L’engagement budgétaire de la collectivité, «qui conserve le coût de certaines opérations très spécifiques», est de 10 M€ sur les 25 prochaines années : 9 M€ pour l’investissement initial et 1 M€ à verser dans les cinq dernières années de la concession. En revanche, signale Renaud Muselier, «la Région ne subventionnera pas, en fonctionnement, l’exploitation du centre. Le coût pour le contribuable sera donc nul». Un site qui devrait contribuer au rayonnement de la région puisque est annoncé de 500 à 800 000 visiteurs par an.

Mise en valeur d’un patrimoine millénaire

une passerelle sinueuse flottant sur l’eau, à laquelle seront amarrés le bateau de la découverte de Henri-Cosquer et des pointus  © Kléber Rossillon
une passerelle sinueuse flottant sur l’eau, à laquelle seront amarrés le bateau de la découverte de Henri-Cosquer et des pointus © Kléber Rossillon
Projet de réplique de la grotte Cosquer © Kléber Rossillon
Projet de réplique de la grotte Cosquer © Kléber Rossillon

C’est donc un espace de connaissance et de mise en valeur d’un patrimoine millénaire qui va voir le jour : Une grotte paléolithique immergée «dont les ornements vont être offerts à tous». La grotte Cosquer représente en effet «un patrimoine sans commune mesure pour l’humanité et pour la Ville». Découverte en 1985 par Henri Cosquer. Un homme que le président de Région tient à remercier : «Sans sa témérité et son audace, nous aurions été privés de ce trésor. La grotte est située dans les Calanques de Marseille, à 37 mètres sous la mer, et elle regroupe plus de 200 peintures pariétales qui ont entre 19 000 et 27 000 ans.» Et la création de ce centre d’interprétation archéologique « va permettre la conservation de ce patrimoine mondial unique menacé par l’urgence climatique et sa mise à disposition pour la communauté scientifique et pour le grand public. La reconstitution des peintures et des gravures d’une grotte sous-marine de cette échelle sera une première au niveau mondial.» Pour pouvoir mener à bien ce projet, la Région a signé une convention avec l’État, propriétaire de la grotte et de l’ensemble de la documentation infographique et photographique qui servira à la reproduction. Après avoir travaillé main dans la main avec le comité scientifique constitué dans le cadre de la convention avec l’État, «les dossiers de consultation ont été transmis à deux groupements. Les candidats ont préparé leurs offres. Nous les avons rencontrés plusieurs fois, dans le respect des règles de mise en concurrence, afin de les accompagner au mieux sur nos attentes, sur les contraintes techniques et sur les enjeux de ce projet», relate Renaud Muselier. Et sur la base des offres, c’est Kléber-Rossillon qui a été retenue «car nous avons estimé qu’elle présentait la meilleure offre au regard de l’avantage économique global et de la précision du projet scientifique et culturel». Ainsi, la Villa Méditerranée sera transformée par la création architecturale du cabinet Vezzoni : une passerelle sinueuse flottant sur l’eau, à laquelle seront amarrés le bateau de la découverte de Henri-Cosquer et des pointus. Ce parcours sur l’eau est un clin d’œil au cabotage le long des calanques pour accéder à la grotte sous-marine de Cosquer. Dans le hall, place à la Provence sous-marine: un espace de reconstitution dédié à la plongée qui introduira l’univers de Henri Cosquer.

«Les visiteurs embarqueront sur des modules d’exploration scientifique sous-marine»

des reconstitutions d’animaux aujourd’hui disparus et représentés dans la grotte © Kléber Rossillon
des reconstitutions d’animaux aujourd’hui disparus et représentés dans la grotte © Kléber Rossillon

Le sous-sol de la Villa Méditerranée sera transformé en une véritable reproduction de la grotte Cosquer, scientifiquement conforme, même si sa géométrie devra être modifiée. Pour la découvrir, les visiteurs embarqueront sur des modules d’exploration scientifique sous-marine. Après la visite de la grotte, ils pourront approfondir leurs connaissances sur le Paléolithique supérieur grâce au centre d’interprétation du 3e étage : le paysage du cap de Morgiou d’il y a 30 000 ans, des reconstitutions d’animaux aujourd’hui disparus et représentés dans la grotte, des extraits de parois de grotte, rassemblés par thème… La thématique du climat et des montées du niveau des mers sera également traitée sous différentes formes. Enfin, le public aura la possibilité d’assister à un spectacle immersif sur la grande aventure sous-marine de la découverte de la grotte. Celui-ci sera projeté sur un écran embrassant la scène de l’amphithéâtre, qui fait partie intégrante du bâtiment existant, et qui sera conservé en tant que tel. A visionner avant ou après la visite de la grotte. Par ailleurs, l’auditorium restera accessible indépendamment de la visite de la grotte et du centre d’interprétation. Il deviendra un des lieux de référence pour tous les événements culturels et professionnels de la Région. «La concrétisation de ce projet représente un aboutissement majeur pour ma majorité qui se place à la croisée de nombreuses ambitions que nous portons depuis notre élection à la Région : la mise en place d’une stratégie patrimoniale ambitieuse, la bonne coordination avec les acteurs institutionnels, le réajustement de projets défaillants des précédentes mandatures, mais surtout le retour du citoyen au cœur des politiques régionales et le souci permanent de la bonne utilisation des deniers publics», déclare Renaud Muselier

«Voilà quelque 25 000 ans des hommes et des femmes avaient un sens esthétique remarquable»

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(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Grotte Cosquer © Ministère de la Culture
Grotte Cosquer © Ministère de la Culture

Le Préfet Dartout remercie à son tour Henri Cosquer : «Il faut beaucoup de courage et d’audace pour accéder à cette grotte». Rappelle que dès son arrivée à Marseille on l’a informé sur ce dossier. Dossier dont il mesure tout de suite l’importance «pour avoir eu à suivre celui de la reconstitution de la grotte de Lascaux». Il rend ensuite hommage au travail «long, minutieux, épuisant réalisé par les fonctionnaires pour réaliser un relevé infra-millimétrique unique au monde qui permet cette reconstitution». Il parle alors de «cet art rupestre qui fait rêver. Voilà quelque 25 000 ans des hommes et des femmes avaient un sens esthétique remarquable, aussi remarquable que celui des humains d’aujourd’hui. Il faut mesurer que ces œuvres n’ont pas été réalisées par hasard. Il y aurait d’ailleurs eu de véritables écoles de peintures. Il y avait chez ses gens une volonté de transmission et de s’enraciner dans des mythes sans qu’il soit possible de dire s’il s’agissait du début des religions ou autre chose». Et de conclure: «J’ai la conviction qu’un très nombreux public viendra».

«Depuis 30 ans nous déployons notre savoir-faire à rénover et faire vivre des sites patrimoniaux»

Geneviève Rossillon, présidente de la société Kléber Rossillon indique: «Depuis 30 ans nous déployons notre savoir-faire à rénover et faire vivre des sites patrimoniaux, 11 en France et en Belgique au rang desquels la grotte Chauvet II. Une expérience qui nous est particulièrement utile pour réaliser ce projet qui est pour nous une mission d’envergure. Nous devons sauver la grotte, ses œuvres, ses concrétions, les offrir au plus grand nombre alors qu’elles sont menacées par la montée des eaux. Nous avons travaillé avec Corinne Vezzoni qui a eu à cœur de mettre en valeur l’architecture. Le site, outre ses expositions, proposera des colloques ouverts au public». Tandis que Corinne Vezzoni dévoile: «La difficulté a été de faire entrer la grotte dans le bâtiment, d’y intégrer les poteaux existants et de faire ressentir l’émotion de la grotte. Nous avons donc fait le choix de présenter les grandes salles initiales et de réduire les passages. Après nous avons fait un travail de mise en scène avec les ascenseurs, avec de l’eau qui sera présente pour restituer l’ambiance particulière du site».
Michel CAIRE

Repères chronologiques

-Juin 2022 : ouverture au public du centre d’interprétation archéologique «grotte Cosquer »;
– Janvier 2020 : Remise de la Villa méditerranée au futur concessionnaire pour la réalisation des travaux de réaménagement intérieur;
– 16 octobre 2019 : proposition au Conseil Régional d’un contrat de Délégation Service Public avec la Société Kleber Rossillon;
– 2013 : Inauguration de la Villa Méditerranée;
– 1991 : homologation par Jean Courtin;

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