Marseille- On a vu au Théâtre du Gymnase « L’ordre des choses » de Marc Fayet mis en scène par Richard Berry

Publié le 26 octobre 2019 à  11h55 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h23

Pascal Légitimus, Pascale Louange et Valentin de Carbonnières dans
Pascal Légitimus, Pascale Louange et Valentin de Carbonnières dans
Prenez trois acteurs annoncés dans une distribution très alléchante sur le papier. Secouez-le tout, et voilà que deux ont disparu. Où plutôt constatez le changement de distribution. C’est ce qui se passe en ce moment au Théâtre du Gymnase de Marseille avec «L’ordre des choses », la pièce de Marc Fayet mise en scène par Richard Berry. En effet Pascal Légitimus dans le rôle de Bernard remplace Gérard Darmon et Valentin de Carbonnières incarne Thomas en remplacement de Vincent Desagnat, (Molière 2019 de la révélation masculine pour Sept morts sur ordonnance). Seule demeure Pascale Louange dans le rôle de Juliette, une femme moderne qui rêve d’avoir un enfant mais qui n’y parvient pas, son mari Bernard Hubert étant apparemment stérile. Pourtant il a eu un enfant. Un fils prénommé Thomas qui âgé de plus de trente ans débarque chez le couple en souhaitant nouer des relations avec ce père qu’il n’a pas connu. «Stupeur et tremblements» aurait titré Amélie Nothomb. Stupeur car Bernard ignorait l’existence de ce garçon qu’il pensait au départ être l’amant de sa femme, et stupeur aussi chez Juliette pour les mêmes motifs auxquels se rajoutent l’impression d’avoir été trompée par son mari tout à fait capable finalement de procréer. Tremblements ensuite car cette arrivée inopportune se double d’un terrible secret : Thomas fut ce qu’on appelle un bébé éprouvette avec donc une insémination artificielle. Ce qui contrarie encore plus Juliette qui aura toutes les peines du monde à faire avouer à Bernard qu’en effet ce Thomas arrive de loin et pas forcément dans des circonstances très nettes. A partir de là, elle claque la porte (elle reviendra plus tard avec une idée assez culottée), ce qui permet au spectateur d’assister à la rencontre véritable entre un père et son fils. La musique les liant d’abord, ils se jaugeront, et finiront par s’entendre. Mais là encore, nous ne sommes pas au bout de nos surprises…. N’en disons-pas plus ! Marc Fayet avec « L’ordre des choses » signe une comédie à tiroirs où il pose une foultitude de questions sur la PMA sur l’art d’être père, le don de soi, la filiation et la transmission d’à peu près tout ce que l’on peut. Si la pièce est du point de vue de son contenu assez sympathique, elle n’offre pas aux comédiens de grandes répliques et propose surtout des bons mots assez potaches, qui font parfois mouche mais demeurent assez peu surprenants. Du petit théâtre en fait, pour de grands sujets et des décors et une scénographie plutôt soignés. En metteur en scène inventif Richard Berry signe des déplacements à la Feydeau et ça bouge, ça remue, ça va vite. Cette efficacité contrebalançant en fait une dramaturgie poussive, conventionnelle portée cependant par trois acteurs concernés. Épouse dans la vie de Richard Berry, Pascale Louange que ce dernier avait déjà mise en scène dans «Le début de la fin» de Sébastien Thiéry, possède un tempérament d’actrice explosif. Et sait émouvoir d’un seul regard. Mais elle sauve simplement ce qui peut l’être car que peut-elle faire de mieux avec pareilles phrases à débiter. L’énergie de Pascal Légitimus, son sens des mimiques font mouche. Du coup on croit à son personnage. Et puis il y a Valentin de Carbonnière dans le rôle de Thomas qui contrebalance la pauvreté de son texte par un vrai don de comédien. Pas étonnant quand on sait que ce comédien passionné de littérature (ses lectures de Claudine Galéa firent sensations), qui se forma avec Seweryn, Torreton Cohendy, Michel Fau, que l’on a applaudi dans le rôle de René dans «Nina» d’André Roussin, mis en scène par Bernard Murat avec Mathilde Seigner et François Berléand sait imposer un personnage en quelques gestes. Pour preuve sa prestation assez inoubliable au Théâtre Buffon dans le cadre du Off d’Avignon 2018 sur la pièce «Kamikazes » de Stéphane Guérin dans une mise en scène généreuse et géniale signée Anne Bouvier. Ce fut d’ailleurs un des grands moments de ce festival avignonnais. On l’avait aussi applaudi au Rond Point dans «Hetero» de Denis Lachaud un autre grand écrivain français. Au final «L’ordre des choses » est un gentil spectacle qui ne laisse guère de traces mais qui a au moins le mérite de poser de bonnes questions.
Jean-Rémi BARLAND
«L’ordre des choses» au théâtre du Gymnase jusqu’au dimanche 27 octobre. Tous les jours à 20 heures sauf dimanche 27 octobre à 15 heures – Plus d’info et réservations: lestheatres.net

Articles similaires

Aller au contenu principal