Marseille: « Philosophie, sociologie et esthétique du crime » au programme de la Semaine de la Pop Philosophie du 26 octobre au 2 novembre

Publié le 18 octobre 2019 à  9h13 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h32

Cette année, la Semaine de la Pop Philosophie Saison XI aura lieu du 26 octobre au 2 novembre à Marseille. Cette manifestation internationale, qui a pour ambition de partager de nouveaux instruments de réflexion et d’interroger les changements que la société traverse aujourd’hui, aura pour thème cette année: «Philosophie, sociologie et esthétique du crime».

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La Semaine de la Pop Philosophie, créée en 2009 par Jacques Serrano, se tiendra au Mucem, au Théâtre National de la Criée, au FRAC Paca, au Musée d’Histoire de Marseille, au Cinéma les Variétés et la Maison Hantée. En préfiguration, le 26 octobre, à 14h30 au Mucem, Jacques Dallest, ancien Procureur de la République à Marseille, aujourd’hui Procureur général de Grenoble, interviendra sur« La figure de l’assassin : le criminel est-il si différent de nous ? »,suivi d’un échange avec l’essayiste et journaliste Natacha Polony.
Le 28 octobre, le Théâtre National de La Criée accueille la soirée inaugurale où Cesare Mattina, sociologue, et Simon Rico, journaliste, interviendront sur «Pourquoi il n’y a pas de mafia à Marseille». Cette conférence, dont le titre peut paraître surprenant, prend le contre-pied des idées reçues sans pour autant nier les réalités propres à cette ville. Elle sera précédée d’une intervention de Loïck Villerbu, fondateur de l’Institut de Criminologie de Rennes, sur «L’Aventure de la Criminologie». Au programme de la Semaine, de nombreuses rencontres qui replaceront la notion de crime dans une perspective historique, philosophique, sociologique et esthétique, avec notamment la philosophe Sophie Djigo et le journaliste/écrivain Franz-Olivier Giesbert, sur «La Figure du Gangster au Cinéma». Céline Regnard et Laurence Montel, toutes deux historiennes, interviendront quant à elles sur «Retour sur un scandale : la mise sous tutelle de la Ville de Marseille », et Giuseppe Di Liberti, philosophe, accompagné par Olga Bibiloni, cheffe du service Culture de La Provence, parlera de la complicité du spectateur dans La Corde d’Alfred Hitchcock.
L’historienne des idées Françoise Gaillard sera reçue au Frac pour «Faire d’un crime une œuvre d’art». Christos Markogiannakis, criminologue et historien de l’art, interviendra sur «Le Crime dans la peinture», et le 30 octobre au Mucem, «Crime et mise à mort : ce que Giono nous dit » sera l’un des grands rendez-vous de cette semaine avec le philosophe Dorian Astor, l’écrivaine Emmanuelle Lambert, et le comédien Jacques Bonnaffé.

Les invités du festival

Jacques Dallest – magistrat, procureur général de Grenoble, Loïck Villerbu – professeur de psychopathologie clinique, Cesare Mattina – sociologue, Sophie Djigo – philosophe, Corinne Flicker – maître de conférence, chargée de mission Maison du Théâtre d’Aix-Marseille Université, Guiseppe Di Liberti – philosophe, Emmanuelle Lambert – écrivaine, Dorian Astor – philosophe, Jacques Bonnaffé – comédien, Céline Rignard – historienne, Laurence Montel – historienne, Marc Rossini – professeur de philosophie Pierre Evil – journaliste musical, Jean-Marie Pottier – journaliste et écrivain, Françoise Gaillard – historienne des idées, Christos Markogiannakis – essayiste, auteur de romans policiers, Natacha Polony – journaliste, essayiste, directrice de la rédaction du journal Marianne, Franz-Olivier Giesbert – écrivain, journaliste, éditorialiste, Simon Rico – journaliste, le Monde diplomatique, Olga Bibiloni – journaliste, cheffe du service Culture, La Provence, Michel Samson – journaliste et écrivain, Isabelle Malmon – chercheuse et essayiste, Christian Méjean – avocat, Marie-Paule Vial – historienne de l’art.

Le programme

Samedi 26 octobre Mucem – 14h30
« La figure de l’assassin : le criminel est-il si différent de nous ? »
Avec Jacques Dallest, magistrat, ancien Procureur de la République à Marseille, actuellement Procureur général à Grenoble, suivi d’un échange avec Natacha Polony, journaliste, essayiste, directrice de la rédaction du magazine Marianne.
Dans l’imaginaire commun, le criminel se doit d’être différent. Monstrueux, il n’est pas de notre monde. Sa figure le rejette dans l’au-delà. Il ne saurait appartenir à la communauté des hommes. S’il a tué, c’est qu’il ne nous ressemble pas », écrivais-je dans mon récit sur l’homicide. L’horreur du crime suscite la répulsion et le rejet de son auteur. Quelle n’est pas la surprise des jurés lorsqu’ils voient prendre place dans le box un frêle jeune homme accusé d’un meurtre sordide ? Ils imaginaient un visage inquiétant. Ils ont face à eux une figure banale, désespérément normale…
Jacques Dallest est magistrat depuis 30 ans. Après avoir débuté comme juge d’instruction, il a été procureur de la République à Roanne, Ajaccio, Bourg-en-Bresse et Marseille. Il est aujourd’hui procureur général à Grenoble. Il est notamment l’auteur de Mes homicides, publié en 2015.
lundi 28 octobre – soirée inaugurale théâtre national de la Criée – 19h00
« L’aventure de la criminologie»

Avec Loïck Villerbu est professeur de psychopathologie clinique et fondateur de l’Institut de Criminologie et Sciences Humaines de Rennes
La criminologie en France ? Une histoire de famille qui se déchire et une mort sans cesse annoncée, une renaissance assurée en cycle continu… Des amalgames permanents entre sciences politique, idéologies. Des savoirs universitaires en marge des urgences et inventions des pratiques professionnelles… Criminologie confisquée, séquestrée, éparpillée, déchiquetée… Ce qui ferait science et discipline se présente comme un nouveau objet.
Loïck Villerbu est criminologue, Président de l’association pour la Recherche en Cliniques Psychologiques, ancien professeur de l’Université de Rennes en psychologie et psychopathologie et fondateur de l’Institut de Criminologie et Sciences humaines de Rennes.
« Pourquoi il n’y a pas de mafia à Marseille ? »
Avec Cesare Mattina, sociologue, suivi d’un échange avec Simon Rico, journaliste
Contrairement au cliché entretenu par de nombreux acteurs de la vie publique (journalistes, hommes politiques, acteurs judiciaires, etc.), on ne peut pas affirmer l’existence d’une mafia à Marseille…
Cesare Mattina est sociologue au Laboratoire Méditerranéen de sociologie (LAMES-CNR) d’Aix-Marseille Université. Il travaille depuis plusieurs années sur le gouvernement des villes et des espaces urbains et sur les logiques de redistribution des ressources et de classement des groupes sociaux dans la ville. En 2016 il a publié Clientélismes urbains. Gouvernement et hégémonie politique à Marseille (Presses de Sciences- Po, 2016).
mardi 29 octobre théâtre national de la Criée – 19h00
« L’Ethique du gangster au cinéma : une enquête philosophique »
Avec Sophie Djigo, philosophe, suivi d’un échange avec Franz- Olivier Giesbert, écrivain et journaliste
Pourquoi les films de gangsters, depuis les années 1930 jusqu’aujourd’hui, ont-il tant de succès? Pourquoi sommes-nous si marqués par les grands personnages comme Vito Corleone, Scarface ou Tony Montana, monuments de la culture commune ?
Sophie Djigo, militante et philosophie, enseigne la philosophie à Roubaix. Elle a fondé en 2018 le collectif citoyen Migraction 59. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages dont L’éthique du gangster au cinéma (PUF, 2013) et Aux frontières de la démocratie (Le bord de l’eau, 2019).
Introduction : “Le Crime : du théâtre au cinéma” suivi de “Complice ou témoin ? La place du spectateur dans «La Corde» de Hitchcock “
Avec Corinne Flicker, maître de conférence, chargée de mission du Théâtre d’Aix-Marseille Université, Giuseppe Di Liberti, philosophe suivi d’un échange avec Olga Bibiloni, journaliste.
A plusieurs égards, La Corde est un film paradoxal (…). Bien que ce film fût pour Hitchcock un «truc» (a stunt) mal réussi, il ne cesse de nous interroger avec force sur notre place face au mal radical.
Corinne Flicker est maître de conférences et chargée de mission Maison du Théâtre d’AMU. Spécialiste de la littérature française moderne et contemporaine, elle est également co-directrice de la collection «Textuelles» des PUP.
Guiseppe Di Liberti est maître de conférences en esthétique à l’Université d’Aix-Marseille et membre du Centre Gilles Gaston Granger. Ses travaux portent notamment sur l’histoire des idées esthétiques, sur les relations entre esthétique et sciences de la vie, sur le statut de l’objet artistique et sur la culture visuelle.
Mercredi 30 octobre Mucem- 19h30
« Crime et mise à mort : ce que Giono nous dit »
Avec Emmanuelle Lambert, écrivaine, et Dorian Astor,philosophe. Suivi d’une lecture par Jacques Bonnaffé, comédien
De Giono, on a l’image de l’immense écrivain du patrimoine, du chantre de la Provence et de la nature, et du disciple émerveillé de Stendhal, faisant voler son hussard amoureux au-dessus des toits de Manosque. Pourtant il est aussi l’auteur d’une oeuvre sombre et emportée, violente, traversée par les guerres, les épidémies, et les catastrophes, dans laquelle les êtres vivants sont mis à mort.
Ce dialogue entre Emmanuelle Lambert, auteure de Giono, furioso (Stock, septembre 2019) et commissaire de l’exposition Giono du Mucem, et Dorian Astor, philosophe, éditeur de Nietzsche dans la bibliothèque de la Pléiade, explore la part noire de cette oeuvre éclairée par le sourire et le regard de la philosophie, et tente de savoir ce que Giono nous fait.
Emmanuelle Lambert, agrégée de lettres modernes et docteure es lettres avec une thèse, en 2003, sur le théâtre de Jean Genet. Elle a été commissaire de l’exposition qui s’est tenue sur Jean Genet au MUCEM en 2016. Elle est l’auteure de plusieurs romans (Un peu de vie dans la mienne, 2011, La tête haute, 2013 et La Désertion, 2018). Elle publie en septembre 2019 Giono furioso (ed. Stock).
Dorian Astor est philosophe et germaniste, notamment spécialiste de Nietzsche. Il est membre du groupe HyperNietzsche et chercheur associé à l’ITEM, une unité de recherche du CNRS/ENS.
Jacques Bonnaffé est comédien et metteur en scène, formé au Conservatoire de Lille. Il choisit les grands écarts du théâtre au cinéma : de Jean-Luc Godard pour Prénom Carmen à Jacques Rivette pour Va savoir, avec des rôles aussi dans Escalier C, Jeanne et le garçon formidable et les Amitiés maléfiques. Il se consacre aussi à la poésie et aux lectures publiques et est un grand amateur de Giono.
Jeudi 31 octobre musée d’histoire de Marseille – 18h00
«Retour sur un scandale : La mise sous tutelle de la ville de Marseille, suite à l’incendie des Nouvelles Galeries »
Avec les historiennes Céline Regnard et Laurence Montel, suivi d’un échange avec Michel Samson, écrivain et journaliste
Le 28 octobre 1938, un peu après 14 h, un incendie éclate dans les Nouvelles Galeries, sur la Canebière. Non maîtrisé, le feu se propage et une heure après, c’est toute la bâtisse qui est la proie des flammes. Attisé par le mistral, le feu s’étend dans les étages puis se propage dans les immeubles et les hôtels voisins, il ravage l’hôtel Noailles et menace jusqu’au Lycée Thiers (…).
L’incendie des Nouvelles Galeries cause la mort de 74 personnes (…). Très vite, on parle de véritable catastrophe et le drame déclenche une campagne d’opinion extrêmement violente, à l’encontre d’Henri Tasso, le maire socialiste de la ville, accusé d’être responsable de ces morts, pour n’avoir pas modernisé le service municipal de lutte contre le feu..
Céline Regnard est normalienne, agrégée, maître de conférences à AMU, et membre de l’Institut Universitaire de France. Elle a soutenu une thèse sur l’histoire de la violence quotidienne à Marseille au XIXe siècle et travaille actuellement sur l’histoire des migrations à Marseille et sur l’histoire de la police.
Laurence Montel est maître de conférences en histoire contemporaine, membre du CRIHAM, Membre associée de TELEMME, de l’ORDCS (Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux en région PACA), du GIS d’histoire maritime.
Vendredi 1er novembre cinéma les Variétés- 18h30
« Philosopher avec Justin, ou la “vertu” du truand »
Projection du film de Maurice Tourneur Justin de Marseille, suivie d’une intervention de Marc Rosmini, professeur de philosophie, et Maitre Christian Méjean
Sous ses airs de « bouffonnerie », pour reprendre le terme que son scénariste Carlo Rim utilisait à son propos, Justin de Marseille est une oeuvre qui questionne les codes de manière originale, et assez jubilatoire…
Marc Rosmini est professeur de philosophie. Il fait partie du collectif Les Philosophes Publics qui intervient régulièrement dans l’espace public, en milieu carcéral, ou auprès de différentes structures sociales.
La Maison Hantée – 19h30 « Gangsta Gangsta – rap, crime, et show-business aux États-Unis » Avec Pierre Evil, journaliste musical
(…) Depuis quarante ans, la chronique du rap américain semble ainsi se faire autant dans les pages Faits divers que dans les pages Culture. Et pourtant, cette image – largement fabriquée par le rap lui-même – masque une autre réalité : celle d’une culture qui est née dans une société dont l’imaginaire est dominé par la violence et l’injustice depuis des siècles…
Pierre Evil est journaliste musical, auteur du livre Gangsta Rap (La Mot et le Reste, 2018), Detroit Sampler (Ollendorff @ Desseins, 2014) et du film Black Music – Des chaînes de fer aux chaînes en or (Arte, 2008).
La Maison Hantée
«11 Septembre, la musique face à la terreur » Avec Jean-Marie Pottier, journaliste et essayiste
Telle sera notre réponse à la violence : jouer de la musique avec encore plus d’intensité, plus de beauté et plus de dévouement qu’auparavant», déclara le compositeur et chef d’orchestre américain Leonard Bernstein en novembre 1963, quelques jours après l’assassinat de John F. Kennedy à Dallas. Ces dernières années, le monde de la musique, de l’attentat du Bataclan en novembre 2015 à celui de la Manchester Arena en 2017, en passant par la fusillade du Route 91 Harvest Festival de Las Vegas, a lui- même à plusieurs reprises été l’objet d’attaques meurtrières. À chaque fois, la musique s’est relevée, a ressurgi pour accompagner le temps du deuil et des questionnements, tant elle constitue une réponse essentielle à la violence et la terreur…
Jean-Marie Pottier est journaliste indépendant, spécialisé notamment dans la culture et les idées. Il est l’auteur de trois essais sur la musique pop aux éditions Le Mot et le Reste, dont Ground Zero, une histoire musicale du 11-Septembre (2016).
Samedi 2 novembre Frac- 14h30 « L’esthétique du crime »
Avec Françoise Gaillard, historienne des idées, suivi d’un échange avec Isabelle Malmon, chercheuse et essayiste
A première vue, rien de plus paradoxal que d’envisager le crime sous l’espèce de l’esthétique. Et pourtant, c’est ce que propose Thomas de Quincey dans son essai paru en 1854 : De l’assassinat considéré comme des Beaux Arts, et qui figure en bonne place dans l’Anthologie de l’humour noir d’André Breton…
Françoise Gaillard est philosophe, critique littéraire et spécialiste de l’histoire des idées. Elle enseigne à New York University.
Isabelle Malmon est agrégée de lettres modernes et docteure en littérature française et comparée, chercheuse associée au laboratoire DIRE de l’Université de la Réunion.
«Scènes de crime du Musée »
Avec Christos Markogiannakis, criminologue, essayiste et auteur de romans policiers, suivi d’un échange avec Marie-Paule Vial, historienne de l’art
Du Louvre à Orsay, en passant par le Metropolitan Museum of Art de New York, Christos Markogiannakis vous invite à un voyage criminartistique à travers le temps, l’histoire et la mythologie, au cours duquel vous croiserez meurtriers de masse, bandes criminelles, familles maudites, femmes fatales et tueurs en série. Dans tous les musées du monde, et leurs innombrables chefs-d’oeuvre, le meurtre s’affiche dans chaque recoin, comme une terrible forme d’art !
Christos Markogiannakis, originaire d’Héraklion, en Crète, est écrivain et criminologue. En 2018, il a publié Scènes de crime à Orsay, faisant suite au large succès de Scènes de crime au Louvre. Il a également signé. Au 5e étage de la faculté de droit, un roman policier, qui se déroule à Athènes.
Marie-Paule Vial a été conservatrice en chef du patrimoine et directrice du Musée de L’Orangerie de Paris, a été nommée en premier poste conservatrice des Beaux-Arts de Marseille, puis elle a occupé la fonction de Directrice des douze musées de Marseille, de 2005 à 2010.
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