Marseille: Trois morts dont deux adolescents dans un règlement de compte aux Lauriers

Publié le 25 octobre 2015 à  22h02 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h42

Le Préfet de Police Laurent Nuñez (Photo Robert Poulain)
Le Préfet de Police Laurent Nuñez (Photo Robert Poulain)

Cette nuit à Marseille, Cité des Lauriers dans le 13e arrondissement, trois personnes, deux mineurs de 15 ans et un jeune homme de 24 ans, ont été tuées par balles de 9 mm dans le hall d’un immeuble, les Lauriers B, où un important réseau de trafic de drogue a été démantelé cet été. «Certaines tentatives de relancer le réseau se sont fait jour ces dernières semaines», indique le Préfet de Police, Laurent Nuñez, précisant qu’il appartiendra à l’enquête judiciaire en cours d’établir les faits avec précision. «L’hypothèse de meurtres liés à la tentative de reprise de trafic de stupéfiants étant à ce stade privilégiée», souligne-t-il. Peu après la fusillade, deux voitures volées ont été découvertes à Gardanne, à quelques kilomètres de Marseille. «Il pourrait s’agir des véhicules des auteurs de la fusillade»,avance le Préfet de Police. Pour le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve: «De tels actes de violence sont inacceptables», déclarera-t-il dans un communiqué. Rappelant: «Le Gouvernement mène une lutte sans relâche contre le crime organisé, à Marseille comme sur le reste du territoire». Puis de signifier que, loin des clichés, «la délinquance baisse à Marseille». Un fait qui est à mettre tout autant «au crédit de l’État que de la Ville».

«La délinquance à Marseille connaît depuis le début de l’année par rapport à la même période de 2014 un recul global »

«La délinquance à Marseille, poursuit Laurent Nuñez, connaît depuis le début de l’année par rapport à la même période de 2014 un recul global, avec une baisse des vols violences de 24 % et de 14 % pour les vols par effraction. Au total, les atteintes aux biens baissent de 6,5 %. Le nombre de règlements de compte diminue aussi, 9 cette année contre 14, en 2014, avec 11 décès depuis le début de l’année contre 10 l’année dernière». Depuis le début de l’année à Marseille, notamment dans le cadre de la coopération renforcée entre tous les services «souhaitée par le ministre de l’Intérieur», «dix réseaux majeurs de trafiquants ont déjà été démantelés depuis le mois de mai, parmi lesquels celui des Lauriers,132 individus ont été écroués, 1,5 tonne de cannabis et 39 kg de cocaïne ont été saisis», énumère-t-il. Enfin, il n’omet pas de signaler : «Depuis 2012, les effectifs policiers ont augmenté à Marseille avec près de 200 renforts pour la sécurité publique et la mise à disposition du préfet de police des Bouches-du-Rhône de 3 unités de forces mobiles pour la mise en œuvre de l’approche globale dans les ZSP marseillaises».

«Trois personnes ont perdu la vie, dont deux jeunes de 15 ans, ce sont trois morts de trop»

Caroline Pozmentier, adjointe à la sécurité de Marseille considère pour sa part : « D’abord, nous sommes là devant des faits tragiques : trois personnes ont perdu la vie, dont deux jeunes de 15 ans, ce sont trois morts de trop. Mais cela ne doit pas cacher que l’action de l’État et de la Ville en matière de sécurité porte ses fruits à Marseille. Des effectifs de police nationale supplémentaires sont là, nous avons, de notre côté, fortement renforcé notre police municipale qui est armée et nous poursuivons l’installation de caméras. Sans oublier, la politique de prévention que nous conduisons avec la Cellule de citoyenneté et de tranquillité publique. Et ces résultats, du fait des saisies, des arrestations, conduisent à une réduction du marché des stupéfiants qui produit des sursauts violents. Un tel drame ne fait que renforcer notre volonté, avec l’État, de poursuivre notre politique, conscients que nous sommes, que le droit à la sécurité est un enjeu républicain ». «Force est de constater, avance-t-elle, que face à l’évolution de la délinquance, au rajeunissement des délinquants, les moyens mis à disposition par l’État ne sont pas à la hauteur, en terme d’éducation, de centre éducatif fermé et que dire de la volonté du gouvernement de supprimer les tribunaux correctionnels pour mineurs?». Stéphane Mari, le Président du Groupe socialiste de la ville de Marseille de regretter dans un communiqué: «Une nouvelle fois, des jeunes marseillais, dont deux adolescents, ont perdu la vie dans des circonstances tragiques laissant des familles et des amis dans la douleur et la peine». «Ce règlement de comptes présumé ne doit pas pour autant masquer les remarquables résultats obtenus par les forces de police», souligne-t-il. «Malheureusement, regrette-t-il, les trafics reprennent place quasiment instantanément après leur démantèlement». Il demande donc au Parlement, «face au risque de répéter une histoire sans fin, d’ouvrir le débat sur la pénalisation des clients des trafics de cannabis, car, à mon sens, seules des peines exemplaires contre les clients des dealers permettraient de porter atteinte aux réseaux des trafiquants».
Michel CAIRE

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