Marseille: l’Euroméditerranée a un boulevard devant elle…

Publié le 21 juin 2015 à  2h32 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Le boulevard Euroméditerranée inauguré ce samedi par un parterre d'élus (Photo Robert Boulain)
Le boulevard Euroméditerranée inauguré ce samedi par un parterre d’élus (Photo Robert Boulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
C'est la fête sur la place Albert Londres où s'est déroulée l'inauguration (Photo Robert Poulain)
C’est la fête sur la place Albert Londres où s’est déroulée l’inauguration (Photo Robert Poulain)

Enfin un boulevard qui porte un juste nom, Euroméditerranée. S’il est le fruit d’une opération, du même nom, de rénovation urbaine d’envergure qui célèbre cette année ses 20 ans, il symbolise ce qu’est Marseille: les pieds en Europe et le regard tourné vers la Méditerranée. Inauguré ce samedi 20 juin, le boulevard Euroméditerranée, lauréat des MIPIM Awards, catégorie «meilleur projet de régénération urbaine» est une promenade de 2,5 km, semi-piétonne conçue par les urbanistes Yves Lyon, François Kern et le paysagiste Guerric Péré (Ilex). Il est dans le droit fil des équipements qui sont sortis de terre le Mucem, la Villa Méditerranée, le musée Regards de Provence, les Terrasses du Port, le silo…
Pour revenir à son inauguration, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin de rappeler que la réalisation de ce boulevard s’inscrit «dans le cadre, plus vaste, de l’opération d’aménagement de la « Cité de la Méditerranée », porteuse d’un enjeu majeur, qui redessine la façade maritime Nord du Fort Saint-Jean à Arenc». «Il symbolise, poursuit-il,le renouveau de la métropole en redynamisant le centre-ville et le port, en renouvelant le front de mer pour rendre l’accessibilité du littoral aux Marseillais». Considérant que «depuis, la Ville et le Port (Grand port maritime de Marseille) de part et d’autre de cette grande artère, les activités urbaines et portuaires s’y croisent sur un espace public généreux et de qualité avec une circulation automobile apaisée.» De revenir sur le J1, «hangar maritime inexploité depuis des années» dont le réaménagement est «indispensable» et qui constitue «le maillon manquant entre l’esplanade du Mucem et les Terrasses du Port». Et souhaite que Marseille soit «la lauréate» de l’appel à projet lancé par le Port .
La maire du secteur, Lisette Narducci parle de ces 20 ans comme «d’une petite parenthèse dans la ville de Marseille.» «Cette partie de la ville, ajoute-t-elle, a propulsé notre secteur au rang de capitale européenne de la culture, de l’économie et du tourisme. Mais aussi, un tremplin pour la population des quartiers.» Et de citer Ghandi: «Chaque bonne réalisation, grande ou petite, connait ses périodes de corvée et de triomphe; un début, un combat et une victoire».

«Euromediterranée est un symbole qui a boosté l’économie et la reconstruction de la ville sur la ville»

Pour Solange Biaggi, représentant la Présidente du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône , Martine Vassal, «Euromediterranée est un symbole qui a boosté l’économie et la reconstruction de la ville sur la ville. Et, qui a réconcilié la ville et son port.» Et d’annoncer que Martine Vassal poursuit l’investissement dans l’Établissement public.
«Aujourd’hui, nous célébrons 20 ans de travail et d’effort de reconquête de cette partie de la ville, longtemps ignorée. L’activité portuaire devant être cachée», indique Bernard Morel, président d’Euroméditerranée. De revenir sur l’historique de ce projet (*) Insistant sur ces 20 années «qui ont regroupé tous les savoir-faire et tous les efforts».
Guy Teissier, président de MPM et ancien président d’Euroméditerranée, d’insister:«Souvenez-vous de l’affreuse passerelle de la Joliette qui défigurait le quartier jusqu’à l’entrée du tunnel Vieux-port . Nous avons démoli la passerelle, nous avons enterré le trafic routier avec la réalisation du tunnel Joliette, nous avons requalifié en surface … Ainsi est né le boulevard Euroméditerranée et son environnement immédiat.» «Aujourd’hui, ajoute-t-il, «de ce boulevard, nous pouvons contempler, l’immense réussite d’Euroméditerranée, basée sur un développement économique, social et culturel comme nous n’en n’avions jamais connu auparavant». Rappelant: «Euroméditerranée est la plus grande opération de rénovation urbaine d’Europe. Sa réussite est un formidable accélérateur de l’attractivité et du rayonnement de notre territoire. Ce qui est de très bon augure pour notre future métropole.»
Patricia MAILLE-CAIRE

(*) Histoire de la métamorphose

A son lancement en 1995 via un décret du Premier ministre de l’époque Édouard Balladur, l’opération affiche une double ambition «d’intérêt national» : redonner un rayonnement métropolitain à la 2e ville de France et affirmer sa position géostratégique d’interface entre l’Europe et la Méditerranée. Deux objectifs que l’établissement public d’aménagement Euroméditerranée a pour mission de traduire dans l’espace… sur la durée. Ce rapport au temps est primordial. Car, Marseille part de loin. Au début des années 90, la ville se dépeuple. Elle subit de plein fouet l’inexorable déclin de son appareil industrialo-portuaire, un poumon économique dont le souffle s’est progressivement coupé avec la décolonisation. Les cols bleus sont partis à Fos, les cols blancs à Aix-en-Provence. Premières victimes, les anciennes places fortes de l’âge d’or du port, la Joliette, Arenc, la Belle de Mai… sont en déshérences. Friches urbaines, taux de chômage record. Les enjeux de régénérescence urbaine rejoignent les préoccupations économiques et sociales. Autant de priorités qui s’inscrivent alors dans le droit fil des enjeux d’intégration économique du bassin méditerranéen instigués par le processus de Barcelone.

Le renouveau

1995-2015. Vingt ans après, Euroméditerranée a généré la création de près de 18 000 emplois et attiré sur son périmètre environ 8 000 entreprises. Avec 32 000 emplois privés, la zone arrière portuaire aujourd’hui redevenue le moteur économique de la métropole marseillaise. Une locomotive qui a pour épicentre le quartier d’affaires de la Joliette , la 3e de France en importance qui attire des grands investisseurs internationaux. Quant à l’offre immobilière, elle s’est singulièrement étoffée : ont été construits plus de 6 500 logements neufs : 21,6% de logements sociaux, locatifs, en accession à la propriété, résidences étudiantes. La rénovation a concerné également le parc existant : plus de 5 300 logements ont été restaurés dans le sillage des grands chantiers de requalification de l’espace public. Sur le front de mer, libérée de «l’hideuse» passerelle autoroutière, le quartier respire à nouveau l’air du large. L’ouvrage de béton a cédé la place à ce grand boulevard urbain Euroméditerranée, nouvelle corniche qui longe les quais du port.

2015 et demain

L’opération d’urbanisme n’est pas achevée. Elle se poursuit vers le Nord, avec pour point d’ancrage la tour CMA-CGM et demain la tour « La Marseillaise » de Jean Nouvel. D’ici 2018, un quartier résidentiel d’environ 2 000 logements verra le jour dans le secteur du nouvel hôpital européen . Ce «Parc habité» dessiné par l’urbaniste Yves Lion préfigurera les nouveaux modes d’habitat écologiques qui seront déployés sur l’EcoCité (169ha)…

Articles similaires

Aller au contenu principal