Marseille : la saga du Saga ou la symphonie inachevée

Publié le 29 août 2014 à  22h11 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

Saga (Sous-marin d’assistance à grande autonomie), développé en France par l’Ifremer et la Comex, plongeait lentement… dans l’oubli, enfermé dans son hangar à l’Estaque jusqu’à ce que des anciens sous-mariniers et plongeurs, de bénévoles de l’Office de la mer et de l’adjoint du maire de Marseille, Didier Réault, sauve ce qui reste le premier prototype d’une nouvelle génération de sous-marins industriels capables d’intervenir avec plongeurs ou robots à proximité immédiate du chantier et de façon totalement indépendante de la surface. Michel Bourhis, est l’un des passionnés de ce bâtiment, de la Comex, qui a ramené à la lumière ce bijou de modernité dont bien des innovations sont aujourd’hui utilisées dans les sous-marins actuels. Une histoire qui sera racontée ce 11 septembre, à 18 heures à l’Alcazar, dans le cadre de Septembre en mer. Et un retour en mémoire qui arrive à un moment où Marseille renoue ses liens avec la Méditerranée et rêve de créer un technopole de la mer.

Le sous-marin Saga (Photo Robert Poulain)
Le sous-marin Saga (Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
En exclusivité l’intérieur du sous-marin Saga dans la cabine de pilotage à 360° (Photo Philippe Mura)
En exclusivité l’intérieur du sous-marin Saga dans la cabine de pilotage à 360° (Photo Philippe Mura)
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(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

«L’histoire débute dans les années 70»

L’histoire débute dans les années 70, sous le nom d’Argyronète (une araignée qui s’enferme dans son cocon pour flotter). Son promoteur n’est autre que Jacques-Yves Cousteau, qui imagine un sous-marin révolutionnaire, véritable maison sous la mer autonome et propulsée, dont l’objet est de pouvoir réaliser des travaux au fond de la mer. La coque est réalisée à Grenoble mais les financements ne suivent pas et des problèmes techniques se posent. La coque reste vide.
Mais, à la Comex, on n’a pas oublié ce projet et, avec l’Ifremer elle reprend le projet, qui prend alors le nom de Saga. L’heure est à la recherche pétrolière. Les travaux sous-marin inhérents, par plongeurs ou ROVs (véhicule téléguidé), nécessitent la mise en œuvre de navires spécialisés, ce qui contraint à des transferts fond-surface improductifs et expose l’exécution de ces travaux aux aléas météorologiques. L’utilisation de sous-marins permet de s’affranchir des difficultés liées à la surface. Cependant, leur réalisation posait des problèmes technologiques non résolus, auxquels Comex et Ifremer entendent répondre.

«Trop en avance ou trop en retard. sur son temps »

« Mais en 1990 l’aventure s’arrête, une nouvelle fois, pour cause de choc pétrolier pour ce qui était le plus grand sous-marin civil», explique Michel Bourhis. ajoutant: «Saga était trop en avance ou trop en retard sur son temps. Trop en retard par rapport au pétrole, trop en avance car on ne prenait pas en compte la recherche scientifique au même niveau qu’aujourd’hui. Mais il n’en reste pas moins que nombre d’innovations de Saga demeurent utilisables». Des documents d’époque rapportent : « Saga (28 mètres de long, 550 tonnes de déplacement en plongée) six hommes d’équipage) est équipé d’un compartiment hyperbare pour 4 à 6 scaphandriers. Plusieurs innovations importantes, notamment en matière énergétique, concourent à donner au Saga une autonomie en plongée indispensable pour l’exécution de travaux sous-marins profonds. Il peut ainsi parcourir en plongée 150 milles nautiques, se poser sur le fond à proximité du chantier, faire intervenir ses scaphandriers et leurs outils et revenir à sa base sans avoir fait surface. L’autonomie en plongée peut atteindre dans certaines conditions trois semaines.
Parmi les technologies avancées notamment dans le domaine énergétique, Saga était le premier sous-marin au monde, avec le Naken de la Marine Royale suédoise, à être équipé de moteurs thermiques anaérobies de type Stirling, alimentés en oxygène stocké sous forme liquide. D’autres innovations concernaient l’automatisation du pilotage, les scaphandres à faible consommation énergétique et de gaz, l’utilisation de matériaux composites, notamment pour la réalisation de stockage de gaz haute pression.

« Ses 300 tonnes d’innovations sont un Totem qui montre l’importance de Marseille dans l’univers de la plongée »

Michel Bourhis a présidé de 2005 à 2011, l’association des anciens de la Comex. «Avec la complicité d’Henri Delauze et de Didier Réault nous obtenons que le Saga demeure dans son hangar. Puis, il y a deux, trois ans, à l’occasion du Festival mondial de l’image sous-marine, une visite est organisée, nombre de personnalités y participent, notamment des membres de la Nasa. Je me rapproche alors de quelques passionnés grâce à l’Office de la Mer, et la Ville. Nous restaurons le Saga et le hangar». Il ne manque maintenant plus que les autorisations pour faire visiter l’intérieur, une salle de conférence avec vidéo-projecteur a même été réalisée : «Le Saga est émouvant, car il invite au rêve. C’est aussi un objet qui peut permettre d’expliquer à des lycéens, des étudiants, nombre de lois physique. Enfin, ses 300 tonnes d’innovations sont un Totem qui montre l’importance de Marseille dans l’univers de la plongée ». Le Saga, comme un chaînon manquant pour que Marseille, avec son technopole de la mer, devienne une capitale internationale en ce domaine.
Michel CAIRE
Visite virtuelle de l’intérieur du sous-marin SAGA dans la cabine de pilotage: Office de la mer

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