Migrants en Méditerranée – paroles de politiques : Sophie Camard (EELV)

Publié le 28 août 2015 à  8h53 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

L’historien et sociologue Benjamin Stora est intervenu avec force sur la situation de ceux qu’il appelle les «damnés de la mer». Sans oublier les nombreuses actions de Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur notamment avec l’appel « Nous sommes tous Méditerranéens ». Le débat est ouvert. Destimed donne la parole aux politiques à travers deux questions. Après Sophie Joissains sénatrice UDI , Christian Kert député LR Jean-Marc Coppola, porte-parole des communistes de Provence-Alpes-Côte d’Azur c’est au tour de Sophie Camard, tête de liste des écologistes en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour les régionales d’y répondre …

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Destimed: Concernant les migrants en Méditerranée quelles solutions envisagez-vous ?
Sophie Camard: L’exil de dizaines de milliers de réfugiés vers l’Europe nous ramène à la réalité des conditions de vie sur notre planète et à la nécessité de réponses solidaires. ll ne saurait être question de noyer celles et ceux qui parviennent aux abords de nos côtes européennes. Nous avons collectivement le devoir de les accueillir, de manière équitable.
Ces réfugiés fuient la famine, et plus encore la guerre. Des pays comme la Syrie, l’Irak, la Libye, l’Érythrée sont livrés au chaos, à des dictatures sanglantes. Pour la Syrie, on parle de situation « d’effondrement ». Cette situation s’explique par des facteurs politiques, économiques, environnementaux et climatiques. Elle nécessite des réponses à plusieurs niveaux, qui articulent l’urgence humanitaire et le long terme. Tout d’abord, il n’y a pas de guerre sans armes ni argent. Que font l’Europe, l’ONU et les autres institutions internationales pour faire cesser les ventes d’armes, bloquer les comptes des dictateurs, lutter contre les paradis fiscaux et l’argent sale ? Pourquoi et comment le pétrole de Daesh peut-il être vendu sur les marchés internationaux ? Le contrôle de la finance reste un enjeu majeur pour la paix et la prospérité en général. Les guerres et les dictatures trouvent leurs origines dans les inégalités sociales, culturelles, dans les tensions pour l’accès aux ressources : pétrole, eau potable, terres cultivables. De plus en plus de migrations seront liées aux effets du réchauffement climatique. C’est pourquoi il est si important de réussir la Conférence de Paris sur le Climat en Décembre 2015 (COP 21). La création d’un « Fond Vert pour le Climat » sera cruciale pour réussir la transition écologique dans les pays en développement et ré-équilibrer les relations « Nord/Sud ». Dans l’immédiat, chaque pays, et la France en particulier, chaque région, chaque intercommunalité, doit recenser et mobiliser une partie de ses structures d’accueil temporaire et d’urgence, ses places en établissement scolaire et de formation qualifiante pour accueillir ces personnes qui, dans leur immense majorité, ne demandent qu’à apprendre notre langue, à travailler. Les passeurs doivent aussi faire l’objet de poursuites au plan international, avec saisie des biens. Un observatoire des transactions de bateaux doit être mis en place. Nos frontières ne doivent pas être des barrières (les procédures actuellement appliquées sont illégales) mais des lieux d’orientation vers les sites d’accueil. Lorsque je me suis déplacée à Vintimille, j’ai été frappée par le calme et l’organisation de la Croix-Rouge italienne. Les Italiens ont fait face au problème avec pragmatisme. Côté français, c’était le vide, les coups de menton, les déclarations politiques paniquées… Nous avons besoin d’un personnel politique qui, sans avoir réponse à tout, agisse avec raison, relève les manches pour trouver des solutions concrètes. C’est aussi l’un des enjeux de ces élections régionales.

Grèce, Italie, Europe… Une grande conférence ne s’impose-t-elle pas ?
L’Allemagne vient de réaliser qu’elle devra répondre à 800 000 demandes d’asile cette année. Il a fallu attendre ce chiffre pour secouer les institutions européennes. La France et l’Allemagne demandent -enfin- des règles communes d’accueil. L’Italie et la Grèce avaient déjà envoyé un signal d’alarme. Mais une fois de plus, l’Europe du Sud a peu de poids dans les décisions (voir la crise de la dette grecque !) face au couple franco-allemand. Lorsque l’Allemagne demande une « solidarité », on l’écoute. Pas la Grèce. Solidarité financière, diplomatique, juridique, économique… Nous constatons sous nos yeux à quel point l’Europe est faible, sous l’effet des politiques libérales et d’austérité, de la montée des nationalismes et des violences xénophobes. Pourtant, se murer derrière des frontières a aussi un coût : le coût de la non-coopération, le coût des mesures de défense et de contrôle. Nous redécouvrons à quel point chaque pays de l’Europe a besoin de l’autre.
Il faut donc bien plus qu’une grande conférence. Crise des dettes, guerres, migrations… Face à tous ces événements, c’est une refondation et une nouvelle Ère de l’Union européenne dont nous avons besoin ! Il est grand temps.
Propos recueillis par la rédaction de Destimed

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