Municipales à Marseille 1/7. Le Printemps Marseillais. Logements insalubres: quand l’ancienne ministre Marie-Noëlle Lienemann ne constate aucune avancée depuis 2002

Publié le 23 juin 2020 à  9h23 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h51

Sophie Camard et Patrick Amico, têtes de liste du Printemps Marseillais dans les 1/7 ont reçu, ce lundi 22 juin, la visite et le soutien de Marie-Noëlle Lienemann, Gauche républicaine et socialiste, sénatrice et ancienne ministre du Logement et de Julien Bayou, secrétaire national d’Europe Écologie Les Verts. C’est au sein du tristement célèbre quartier de Noailles (1er), rue d’Aubagne, où l’effondrement d’immeubles indignes a coûté la vie à 8 personnes qu’ils sont accueillis pour échanger autour de la question de l’habitat dans le centre-ville de Marseille.

De gauche à droite Julien Bayou, secrétaire national d’EE-LV, Sophie Camard et Patrick Amico têtes de liste du Printemps Marseillais dans les 1/7 et l'ancienne ministre du Logement, la sénatrice  Marie-Noëlle Lienemann  (Photo Michel Caire)
De gauche à droite Julien Bayou, secrétaire national d’EE-LV, Sophie Camard et Patrick Amico têtes de liste du Printemps Marseillais dans les 1/7 et l’ancienne ministre du Logement, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann (Photo Michel Caire)

Dans ce cadre, Sophie Camard insistera: «Le logement est une question cruciale et une problématique majeure du centre-ville de Marseille qu’il faut réhabiliter tout en conservant ses habitants». Pour cela, une habitante du secteur rappelle: «Tout un travail citoyen existe déjà», il s’agit, pour la candidate du Printemps Marseillais «de s’appuyer sur ce travail tout en l’actualisant, le renforçant». Julien Bayou cite l’Abbé Pierre pour qui: «Gouverner c’est loger son peuple» ce qui lui permet d’avancer: «Il y a des défaillances dans le pays et en particulier à Marseille» ville qui, à ses yeux, conjugue «pénurie, cherté, vétusté et insalubrité». Et de considérer que la question de l’habitat «est une question de démocratie, d’environnement, de santé et, économique». Il signale à ce propos: «Si on prend seulement en compte la rénovation thermique: c’est du travail pour les entreprises, c’est de l’emploi et, pour les habitants des dépenses en moins et c’est bon pour la planète puisque c’est le bâti qui produit le plus de gaz à effet de serre avec les transports». Marie-Noëlle Lienemann se souvient et constate: «Lorsque j’étais ministre du Logement, en 2002, j’ai signé une convention avec la ville de Marseille pour l’éradication de l’habitat indigne, une opération que j’ai menée dans de nombreuses villes. Des sommes étaient prévues. Nous avons été battus aux élections. Le Préfet n’a pas souhaité continuer, la mairie de Marseille était très peu motivée et rien ne s’est fait ». Patrick Amico, ingénieur et urbaniste, président du Directoire d’un bailleur social ajoute: «Marseille n’a pas évolué d’un millimètre contrairement à de nombreuses autres villes et cela quelle que soit leur couleur politique. Pour ne rester que dans notre région à Nice, par exemple, un travail remarquable a été accompli». Marie-Noëlle Lienemann reprend: «J’ai signé de nombreuses conventions, il n’y a qu’ici où rien n’a été réalisé, dans la plupart des autres villes au moins les 3/4 des engagements pris ont été tenus. A Paris, 100% de ce qui a été signé a été réalisé». Mais, quid du nerf de la guerre? «Il y a de l’argent notamment de l’État, sachant combien Julien Denormandie est impliqué», indique-t-elle. Au-delà, l’ancienne ministre rappelle qu’il existe de nombreux dispositifs qui ne sont pas actionnés à Marseille: «Nous avons vu ce matin une dame propriétaire rue d’Aubagne d’un appartement dans un immeuble qui ne doit pas être détruit. Après l’effondrement elle ne se sent plus de retourner dans son immeuble, elle est contrainte de payer un loyer alors que son appartement est inhabité. Mais pourquoi ne pas avoir une structure qui lui permettrait de trouver un locataire ou un acheteur…». Elle poursuit: «Il existe aussi de baux à réhabilitation. Lorsqu’un propriétaire ne peut pas payer les travaux un organisme les réalise et perçoit un loyer jusqu’à remboursement des travaux». Elle reprend: «On peut aussi créer un Organisme foncier solidaire (OFS) ». Il s’agit d’organismes, à but non lucratif, agréés par le préfet de région, ayant pour objet de détenir la propriété de terrains sur lesquels des logements sont bâtis, afin que ces derniers restent perpétuellement abordables et nettement inférieurs au prix du marché. Les propriétaires de ces logements ne détiennent que des murs. Ils sont locataires du terrain et bénéficient du droit d’usage par le biais d’un bail emphytéotique rechargeable. «Les dispositifs, on le voit, sont multiples»,insiste-t-elle. Pour Marie-Noëlle Lienemann, ce qui importe, «c’est la mobilisation citoyenne. Bien sûr il peut y avoir la motivation de la ville. Mais, si on n’associe pas les habitants il y aura toujours de nombreuses raisons pour ne pas faire les travaux qui s’imposent. Il faut une pression populaire pour que les élus ne lâchent pas. Et cette pression ne doit pas venir seulement des plus concernés, souvent les plus en difficulté, mais du plus grand nombre possible». Et, à Marseille, à Noailles, elle tient à rendre hommage «à la disponibilité des habitants à se prendre en main. C’est un gisement de mobilisation». Et d’en venir au Printemps Marseillais: «C’est une initiative que j’ai tout de suite soutenue car elle a réussi à fédérer les forces politiques et citoyennes. L’intérêt général du changement a ici prévalu sur tout le reste. C’est une expérience porteuse pour l’avenir».
Michel CAIRE

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