Municipales à Marseille : la Fédération entrepreneuriale de la diversité rencontre les candidats

Publié le 8 mars 2014 à  0h48 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h19

Jaouad El Miri préside la toute nouvelle Fédération entrepreneuriale de la diversité qui, pour sa première initiative, vient d’inviter les candidats aux élections municipales à Marseille ce 6 mars. Samia Ghali (PS) tête de liste « Un nouveau cap pour les Marseillais » dans les 15/16, représentant Patrick Mennucci, Sophie Camard, liste « la Nouvelle donne », représentant Pape Diouf, Jean-Marc Coppola, tête de liste de « Marseille à Gauche » et Didier Parakian, « Marseille en avant », représentant Jean-Claude Gaudin. Ces derniers devaient répondre à une question concernant les actions qu’ils entendent mettre en place pour la compétitivité de Marseille, en faveur des PME-PMI et répondre également à un appel au secours concernant le Port, lancé par Nordine Chabouni, membre de la Fédération.

La Fédération entrepreneuriale de la diversité rencontre les candidats aux municipales (Photo Philippe Maillé)
La Fédération entrepreneuriale de la diversité rencontre les candidats aux municipales (Photo Philippe Maillé)
Jaouad El Miri préside la toute nouvelle Fédération entrepreneuriale de la diversité (Photo Philippe Maillé)
Jaouad El Miri préside la toute nouvelle Fédération entrepreneuriale de la diversité (Photo Philippe Maillé)
Jaouad El Miri d’indiquer que la Fédération regroupe des hommes et des femmes «qui ont décidé de se rassembler pour répondre à un manque de lisibilité. Nous avons un savoir-faire, nous représentons plus de 640 emplois. Notre volonté n’est pas de faire une sécession identitaire mais de dire que nous existons, que nous sommes une composante de la richesse de cette ville». Et cette richesse veut donc savoir quels sont les projets des uns et des autres pour favoriser le développement.
Jean-Marc Coppola (Photo Philippe Maillé)
Jean-Marc Coppola (Photo Philippe Maillé)
Jean-Marc Coppola sera le premier à apporter quelque réponse. Selon lui : «On ne construira pas de coopérations avec une ville dans cet état. Il faut construire une cité où tout le monde se sent utile ce qui est loin d’être le cas dans cette ville qui, plus que pauvre, est profondément inégalitaire et dans laquelle tout le monde ne se sent pas reconnu. Cela pèse sur le présent comme sur l’avenir et, dans ce sens, nous devons bien être conscients qu’il s’impose de valoriser notre jeunesse, car une jeunesse qui se sous-estime ne pourra que produire des adolescents, des adultes qui ne croient pas en eux, qui ne peuvent développer toutes leurs capacités».

« L’école, le logement, les transports sont les 3 leviers pour l’emploi »

Il poursuit :« Depuis 30 ans Marseille perd des emplois, des industries. La création de richesses s’est délocalisée. Il faut maintenant recréer des filières. Il faut aussi travailler sur les conditions permettant à ces dernières de se développer, à savoir l’école, le logement, les transports qui sont les 3 leviers pour l’emploi. Il faut aussi que les élus soient en relation avec le monde de l’entreprise pour, ensemble, co-construire. Il faut enfin des élus qui favorisent les échanges internationaux».

« J’ai rencontré de nombreux chefs d’entreprise avec lesquels nous avons élaboré le volet économique du programme »

Didier Parakian (Photo Philippe Maillé)
Didier Parakian (Photo Philippe Maillé)
Didier Parakian indique être «à la fois un élu et le chef de l’entreprise qu’il a créée». Il revient sur son histoire : «Marseille a accueilli mes grands-parents, rescapés du génocide, puis donné la chance à mes parents d’ouvrir une boutique, avant de me permettre de créer mon entreprise».
En matière de programme économique il précise : «Jean-Claude Gaudin m’a demandé de travailler sur cette question, pour cela, depuis un an j’ai rencontré de très nombreux chefs d’entreprise avec lesquels nous avons élaboré le volet économique du programme».
En matière de développement international, il se prononce pour amplifier la politique menée en ce domaine, plaide pour qu’il soit plus facile d’obtenir des visas. Juge que la Mairie doit être un facilitateur, raconte à ce propos, que CMA-CGM n’arrivait pas à obtenir de rendez-vous du Wali d’Alger. Jean-Claude Gaudin, informé, a téléphoné à ce dernier, et CMA-CGM a eu son rendez-vous. Il conclut en indiquant qu’une agence du développement unique s’impose, qu’une académie des ambassadeurs de Marseille va voir le jour ainsi qu’une marque Marseille-Provence.

« Il y a une jeunesse qui fait des études ici, puis qui ne trouve pas sa place »

Sophie Camard (Photo Philippe Maillé)
Sophie Camard (Photo Philippe Maillé)
Sophie Camard considère: «Il y a une jeunesse qui fait des études ici, puis qui ne trouve pas sa place et qui se demande si elle doit travailler ici où sur la rive sud de la Méditerranée. Marseille perd ainsi de l’attractivité il faut être conscient de cela. Face à cette situation, il s’impose de voir quels secteurs clés l’on peut développer; étudier les possibilités de partenariats; faciliter les échanges, notamment avec les visas et enfin, il faut favoriser le rapprochement des collectivités territoriales».

«Le PLU n’a pas sanctuarisé des territoires pour le commerce, l’industrie»

Samia Ghali (Photo Philippe Maillé)
Samia Ghali (Photo Philippe Maillé)
Samia Ghali dénonce: «Le Plan local d’urbanisme n’a pas sanctuarisé des territoires pour le commerce, l’industrie, cela prouve un manque de vision aussi bien de la Ville que de MPM. Élus, nous reverrons le PLU». Elle en vient à la formation pour remettre en question sa gestion qu’elle qualifie de «ringarde». «Beaucoup d’argent est dépensé pour rien. Il faut adapter la formation aux entreprises», préconise-t-elle. Puis de critiquer les entreprises qui bénéficient de contrats sur des chantiers «et qui vont chercher des travailleurs étrangers à moindre coût pendant que les chômeurs locaux regardent, du pas de leur porte, l’évolution des chantiers».
Elle poursuit : «Lorsque l’on va à l’étranger il faut arrêter de faire du tourisme. Il faut s’y rendre pour l’économie. Et c’est bien que monsieur Saade ait obtenu un rendez-vous grâce au maire de Marseille, mais cela doit être le cas pour tous les chefs d’entreprise ». Didier Parakian donnera quitus sur ce point à la sénatrice maire des 15/16 : «C’est notre travail d’aider les entreprises ».
Samia Ghali n’omet pas de rappeler ce qu’elle pense de la métropole : «J’étais contre et je l’assume et je suis fière d’avoir pu obtenir 3 milliards d’euros pour les transports avec mes interventions auprès du gouvernement ».

« Il ne reste plus que le nom du Grand Port »

Pour Nordine Chabouni, de la Fédération entrepreneuriale de la diversité : « Il ne reste plus que le nom du Grand port, tant il connaît un déficit d’image du fait d’une politique tarifaire dissuasive. Des entreprises qui font du dumping fiscal et social. Un port qui n’a aucune vision internationale, qui manque de compétence, qui souffre de l’absence de dialogue entre les collectivités. Pourtant, le site est exceptionnel, il existe des entreprises volontaires, le marché du grand yachting se développe, la métropole est porteuse d’espoir. Alors, que comptez-vous faire pour relancer le Port ? ».
Didier Parakian indique en premier lieu être en désaccord avec Samia Ghali sur le PLU qui «rend plus de 2 500 hectares aux entrepreneurs ». De lancer : « Il faut sauver la SNCM, Jean-Claude Gaudin et Roland Blum font tout pour trouver une issue heureuse à ce dossier». Puis d’en venir au port : «14 milliards de chiffre d’affaires, 13 000 emplois sur Marseille, 1 200 000 croisiéristes qui sont venus l’an dernier à Marseille et qui ont dépensé, en moyenne, 150 euros par jour ». Il se prononce ensuite pour un développement de la réparation navale, la création d’un technopole de la mer ainsi que, sur un plan plus ludique, d’un grand aquarium. Et d’ajouter : «Nous avons le Napoléon Bonaparte qui est échoué, au lieu de le voir partir à la ferraille pourquoi ne pas le récupérer pour en faire un hôtel, un Casino, ou le technopole de la mer ?». Et de conclure en indiquant que Jean-Claude Gaudin souhaite la création de deux nouvelles zones franches : une dans le centre-ville et une autre dans la vallée de l’Huveaune.

« Quatre poissons qui vont se courir après dans un aquarium »

Pour Samia Ghali : «Ce n’est pas le tourisme qui va faire vivre le port, on ne va pas y arriver avec les Terrasses du Port, encore moins avec 4 poissons qui vont se courir après dans un aquarium. Il faut réindustrialiser le site, travailler sur le développement de la réparation navale. Si Marseille ne se réveille pas c’est l’Algérie qui se réveillera car, une fois qu’elle n’aura plus ni gaz ni pétrole, on assistera à une industrialisation de ce pays. Alors, la forme 10 est essentielle en matière de réparation».
Puis de préciser :«J’ai voté contre la charte Ville/Port en premier lieu à cause des conteneurs. La charte en prévoit dans les quartiers Nord. Ce n’est pas possible, ils doivent aller sur Fos».

« L’État ne peut plus se comporter comme il le fait aujourd’hui »

Pour Jean-Marc Coppola : «L’État ne peut plus se comporter comme il le fait aujourd’hui : il décide et c’est aux collectivités, qu’il étouffe par ailleurs, de payer. L’Etat doit montrer l’exemple en investissant. Il faut développer l’emploi, l’activité, et cela peut se faire en respectant les individus comme l’environnement. Le développement du Port est nécessaire car, s’il faut 750 touristes pour créer un emploi il suffit de 100 conteneurs pour en créer un. Il s’impose également de développer les recherches dans tous les domaines qu’offre la mer. Et il faut se préparer à une révolution énergétique : actuellement 90% du trafic du port est lié aux hydrocarbures, un trafic qui est appelé à prendre fin». Et de conclure: «Marseille a besoin d’argent. Le Premier ministre a annoncé 3 milliards dont 2,5 pour la Gare Saint-Charles. Il faut prendre l’argent et laisser les marseillais décider où il sera le plus utile ».
Sophie Camard revient sur les propos de Samia Ghali notamment sur la formation : « C’est vrai qu’il y a des problèmes. Mais il faut voir que les collectivités, les organismes de formation ont du mal à obtenir des informations claires sur les besoins du monde économique. Il faut apprendre à se mettre tous autour d’une table». Concernant le Port : «Il faut avoir une vision stratégique et surtout ne pas nous concurrencer entre nous. On parle d’un technopole de la mer, il existe un tel projet à Toulon. De même en ce qui concerne la réparation navale, il y a La Ciotat. Définissons, ensemble, les priorités».
Un débat dense qui montre que la Fédération entrepreneuriale de la diversité a réussi son examen d’entrée sur la scène marseillaise en posant, loin de tout communautarisme, les questions relatives au devenir de la cité.
Michel CAIRE

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