Off d’Avignon – On a vu à l’Atelier Théâtre actuel une « Dame de chez Maxim » déjantée et irrésistible

Publié le 26 juillet 2017 à  17h30 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  17h18

La Dame de chez Maxim  (© Evelyne Desaux)
La Dame de chez Maxim (© Evelyne Desaux)

Moderniser les classiques, en gardant intact l’esprit du texte, sans trahir l’auteur, ni paraître complaisant, voilà avec La dame de chez Maxim de Feydeau, l’ambition de la Compagnie «Les Sans chapeau fixe» et de sa directrice artistique Johanna Bové. S’emparant de ce chef d’œuvre théâtral, elles nous proposent un spectacle moderne aux accents rock, avec chansons et chorégraphies emballantes, La dame de chez Maxim créé le 17 janvier 1899 au Théâtre des Nouveautés à Paris devenant de l’aveu même de la troupe: «Un cabaret burlesque à l’esthétique vintage et chic». La pièce demeurant tout de même ce vaudeville imaginé par Feydeau qui a pour ambition de faire rire mais également de brosser un portrait férocement drôle de la bourgeoisie et de la bêtise humaine. Ainsi montée, et à ce titre, la pièce permet à de jeunes spectateurs qui n’ont pas l’habitude d’aller au théâtre de découvrir un univers particulier, de s’amuser, de se distraire et de réfléchir sur les rouages qui fondent les relations familiales ordinaires. Feydeau en ressort grandi d’ailleurs, et surtout pas poussiéreux comme lors d’adaptations par le passé, souvent vulgaires et totalement hystériques. Car, si les portes claquent, et les femmes trompées poursuivent de leur vengeance leurs maris volages, on ne doit pas tomber dans la lourdeur et il faut beaucoup de doigté, d’intelligence et de finesse pour restituer avec grâce, et netteté toute la parole libre de Feydeau, écrivain majeur et féministe avant l’heure. Les acteurs ici, tous excellents y parviennent avec un bonheur de jouer extrême et qui se voit. De l’intrigue farfelue, plus complexe qu’il n’y paraît dans les enjeux qu’elle suscite, Johanna Boyé et Pamela Ravassard tirent une comédie intemporelle dont tous les spectateurs présents dans le cadre du Off, à l’Atelier Théâtre Actuel d’Avignon sortent ravis, conquis, emballés. Au centre de l’intrigue donc cette danseuse du Moulin Rouge connue sous le sobriquet de la «Môme Crevette» que le docteur Petypon, habituellement grand buveur d’eau de Vichy a ramené chez lui passablement éméché après avoir «fait la noce» avec son ami Mongicourt. Et voilà qu’il se réveille tandis que sa femme Gabrielle va et vient dans l’appartement, au risque de découvrir l’intruse. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà que le Général Petypon du Grêlé débarque d’Afrique pour inviter le docteur et sa femme au mariage de Clémentine sa filleule orpheline, et que se méprenant il prend la môme crevette pour l’épouse du coquin et nuitamment aviné Petypon. La suite est une sarabande de malentendus, de courses poursuites et de délires burlesques. Jean-Paul Aron qui écrivait que «le théâtre de Feydeau est celui de la folie» et que «son langage théâtral est sans failles» serait fort satisfait de voir que la compagnie «Les Sans Chapiteau fixe» a tout compris, et sert la pièce avec brio, et faste. Ainsi La dame de chez Maxim se pare grâce à ce travail admirable de ses plus beaux atours.
Jean-Rémi BARLAND
La dame de chez Maxim à l’atelier Théâtre actuel d’Avignon jusqu’au 30 juillet à 15h10. Réservations au 04 90 82 04 02. atelier-theatre-actuel.com

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