On a entendu au Grand Théâtre de Provence d’Aix le piano magique d’Elizabeth Leonskaja

Publié le 4 décembre 2016 à  22h19 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h45

perfection pianistique et générosité Elisabeth Leonskaja a séduit le public du GTP
perfection pianistique et générosité Elisabeth Leonskaja a séduit le public du GTP

Voilà l’une des grandes pianistes internationales. Un monument. Une légende, qui à l’égal de Martha Argerich (sensiblement du même âge), mène sa carrière selon ses élans du cœur et non pas en fonction d’une quelconque recherche de notoriété. Pas de course à l’honneur chez Elisabeth Leonskaja mais une quête d’authenticité et une volonté farouche de servir la musique. D’ailleurs très peu présente dans les médias, essentiellement par choix, cette pianiste s’est forgée une solide réputation auprès du public, plus que par la presse pourtant dithyrambique à son endroit. Née à Tbilisi, ayant donc vécu en URSS avant que de s’exiler en 1978 pour s’établir à Vienne (elle a également depuis obtenu la nationalité autrichienne), cette artiste incomparable fut longtemps la complice pianistique et l’amie de Sviatoslav Richter avec qui elle enregistra notamment les sonates de Mozart et avec qui elle donna nombre de concerts en duo. Auréolée d’une discographie imposante, Elisabeth Leonskaja donne l’impression de tout savoir jouer. C’est le cas ! Avec une élégance naturelle qui n’exclut pas une grande autorité dans le toucher la pianiste a donné au Grand Théâtre de Provence (GTP) un récital d’une beauté somptueuse et d’une grande richesse de programme. Pour commencer Beethoven et sa «Fantaisie en sol mineur» pas tant jouée que cela et qui offre des possibilités de jeu infinies. Elisabeth Leonskaja a privilégié l’aspect symphonique de l’œuvre, constante d’ailleurs durant toute la soirée où l’on eut l’impression qu’elle faisait entendre de son clavier un orchestre tout entier. Les notes se succèdent, enveloppant le spectateur, les attaques sont précises, puissantes, jamais violentes, le son du piano d’une clarté sans égale, et tout cela confère au récital sa part de magie. La longue sonate n°18 de Schubert, avec ses quatre mouvements et surtout la Grande sonate de Tchaïkovski comme on ne l’entend jamais, suivront dans un même élan de perfection pianistique et de générosité à l’attention du public. Une pluie de rappels plus tard, et une salve d’applaudissements plus loin, Elisabeth Leonskaja a quitté la scène aussi discrètement qu’elle l’avait occupée à son entrée. Discrétion, humilité, mais génie surtout ! Un miracle s’achève ! Un ange est passé !
Jean-Rémi BARLAND

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