On a vu à Aix : Bach dans la lumière avec Raphaël Pichon et Pygmalion

Publié le 11 mars 2015 à  16h54 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h42

Au moment des saluts, les solistes et Raphaël Pichon devant l’ensemble Pygmalion (Photo M.E.)
Au moment des saluts, les solistes et Raphaël Pichon devant l’ensemble Pygmalion (Photo M.E.)

En choisissant de composer un programme autour des Cantates de Jean-Sébastien Bach consacrées à la célébration de la Réforme, Raphaël Pichon avait choisi de faire découvrir à son public des compositions festives du Cantor de Leipzig. Des bijoux de composition qui sont fort peu accrochés aux programmes consacrés à Bach. Ce nouveau programme, le jeune directeur musical avait choisi de le créer sur scène mardi soir, au Grand Théâtre de Provence avant de le donner le lendemain à Besançon puis de le « tourner » un peu partout l’automne venu.
C’est un Bach joyeux et lumineux qui nous était donc proposé à cette occasion. Une musique toujours aussi complexe, tout en demeurant accessible au plus grand nombre, à laquelle Raphaël Pichon insuffle vie et caractère. En fait, il dirige ces partitions comme un grand horloger ferait fonctionner un mouvement avec de multiples complications. Tout y est, la précision, les tempi, la limpidité, les nuances. Il faut dire que le maestro bénéficie d’un orchestre de top niveau au diapason baroque et d’un ensemble vocal hors normes. A ce propos il est plaisant de constater que dans la lignée de prestigieux aînés, de jeunes chefs créent et dirigent des chœurs exceptionnels. Raphaël Pichon et Pygmalion, Mathieu Romano et son ensemble Aedes, entre autres, en sont les exemples parfaits.
Pour en revenir à Jean-Sébastien Bach et au concert de mardi, les interprétations des trois cantates et d’un motet furent d’une élégance rare. Vocalement, au risque de me répéter, ce fut somptueux. Chœur parfaitement en place, attentif, limpide à tous les pupitres et beaux solos avec la présence de Sabine Devieilhe dont la voix précise et colorée fit merveille; de la dentelle. Appréciés, aussi, le ténor Thomas Hobbs et la basse Benoît Arnould. Quant à Lucile Richardot, alto, elle ne s’est pas trop mal sortie de sa prestation dans la première cantate interprétée, «Singet dem Herrn ein neues Lied» qui impose de descendre très bas.
S’il excelle comme chef de chœur, Raphaël Pichon ne manque pas d’atouts, aussi, pour diriger l’orchestre. Il utilise à merveille les cordes, superbes, de son ensemble de même que ses bois éclatants. Le continuo est d’une redoutable efficacité et les trompettes «naturelles» d’une précision qui mérite d’être signalée, tant ces instruments anciens sont difficiles à jouer. Pour preuve les parties de cor naturel de l’une des cantates dont l’interprétation fut pour le moins «délicate». Mais ce «bémol» fut vite oublié pour laisser le public tout à son bonheur après une reprise en forme de bis de l’ «Halleluja» final du motet, un monument de virtuosité chorale.
Nous devrions retrouver Raphaël Pichon à Aix-en-Provence en 2016 pour un rendez-vous festivalier des plus originaux. Et pour ceux qui voudraient profiter de la musique de Bach par Pygmalion, Sabine Devieilhe, Raphaël Pichon et leurs amis, rappelons que l’enregistrement chez Harmonia Mundi de la «Köthener Trauermusik» est disponible dans les bacs et que ce CD est auréolé de la Victoire 2015 du meilleur enregistrement classique.
Michel EGEA

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