On a vu à La Roque d’Anthéron : Alexei Volodin dans un programme très éclectique

Publié le 31 juillet 2015 à  17h13 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h30

Le pianiste Alexei Volodin (Photo C. Gremiot)
Le pianiste Alexei Volodin (Photo C. Gremiot)

Si l’interprétation de trois sonates de Scarlatti par Alexei Volodin ne fut pas un moment d’une grande intensité artistique, l’ensemble de son récital donné ce jeudi à La Roque impose cependant le respect. Faisant corps avec son piano, semblant entreprendre avec lui un dialogue relevant de l’intime, le jeune prodige russe a dominé son sujet et a surtout offert un programme très éclectique. Après Scarlatti, ce fut Prokofiev, servi en maître. Sonates et trois extraits des dix pièces de l’opus 12 pour une performance d’exécution n’excluant pas l’émotion. Mais c’est avec la sonate numéro 10 de Medtner (1880-1951), compositeur peu joué en récital -ses morceaux sont plutôt utilisés en rappel-, que Volodin a donné la pleine mesure de sa sensibilité et de son sens poétique. Un splendide instant prolongé en rappel par un mouvement de sonate de ce même Medtner. Après l’entracte changement de décor avec une Polonaise de Chopin donnée dans un mélange d’autorité et de douceur, puis, ce fut le Carnaval de Robert Schumann mené tambour battant presque sans interruption. Très éloignée des versions de Kissin et Kirill Gerstein, deux de ses compatriotes, son interprétation privilégie la vitesse, la profondeur du son, Volodin frappant fort sur les touches faisant surgir chez l’auditeur toutes les couleurs des tableaux schumanniens. C’est beau et intense et d’une intelligence de vue rare. Un splendide concert où le pianiste a su prendre des risques et s’est vu très applaudi par un public entièrement conquis.
Jean-Rémi BARLAND

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