On a vu à l’Odéon – « Dédé » une opérette « vaudevillesque » fort bien enlevée

Publié le 28 novembre 2016 à  20h11 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

La quasi totalité des interprètes de cette production de «Dédé» (il  manque Cécile Galois et Jacques Lemaire sur la photo) réunis pour l’un  des tutti final (Photo Christian Dresse)
La quasi totalité des interprètes de cette production de «Dédé» (il manque Cécile Galois et Jacques Lemaire sur la photo) réunis pour l’un des tutti final (Photo Christian Dresse)

Elle a beau être âgée d’une vingtaine d’années, cette production de «Dédé», l’opérette de Christiné sur un livret d’Albert Willemetz, n’a pas pris de ride. Remarquez, vingt ans n’est pas l’âge où la peau peut être touchée par les effets du vieillissement. Puis cette reprise à l’Odéon de Marseille, mise en scène par Jacques Duparc, a été largement adaptée au goût du jour avec des effets comiques dans l’air du temps; il y fut même question de «primaires»… Bref, dimanche après-midi, pendant deux heures et quelques poussières, c’est la joie entraînée par les quiproquos, et les rires liés au comique des situations qui ont accompagné la représentation, dans la salle bien remplie. De jardin à cour et de cour à jardin, tout un petit monde se meut dans le magasin de chaussures, devant un cyclorama du plus beau des bleus, sous une enseigne de néon rose et sur un fauteuil monumental de velours rouge surmonté d’une immense chaussure talon aiguille… Et il s’en passe, des choses, dans cette boutique où les amants s’aiment, les amours se nouent, les cocus sont magnifiques et les girls affriolantes. Jacques Duparc impose un rythme endiablé à l’action dont il est aussi l’un des principaux acteurs, incarnant avec justesse, faconde et bonhomie Robert Dauvergne, le gérant de la boutique. Un gérant mis en place par «Dédé», André de la Huchette, nouveau propriétaire de l’enseigne achetée, pour arriver à ses fins, au mari de sa maîtresse tant désirée, Odette Chausson. Mais le Dédé est aimé par Denise, la première vendeuse qui, elle-même, résiste aux feux de Maître Leroydet… Finalement Denise finira dans les bras de Dédé, Odette dans ceux de Dauvergne, Chausson ne pouvant que constater que ses cornes prennent du volume et Leroydet retrouvant sa chère étude. Aux côtés de Jacques Duparc, c’est une distribution solide qui a donné vie à l’œuvre. A commencer par Cécile Galois, une Odette puissante, un peu trop, parfois, et comédienne en diable. Carole Clin campe une Denise pleine de charme, de jalousie rentrée avec une pointe de gouaille dans sa voix et son chant que ne renierait pas une gamine de Paris. En jeune séducteur argenté, Grégory Benchenafi excelle, son sens de la comédie allié à sa solide voix de baryton, donnant une belle épaisseur à Dédé. Leroydet est incarné par un Jacques Lemaire en pleine forme et Chausson par Francis Dudziak qui honorait ici avec bonheur et talent son premier engagement à l’Odéon. Jean Goltier, Stéphane Defolie et Bruno Simon complétant solidement la distribution. Comment ne pas évoquer, aussi, la plastique, mais pas que, de Mlles Antonin, Berruet, Roussaly-Martin, Sarre, Thebault et Turpin, girls aux jambes à donner le tournis aux plus sages des hommes ; danseuses, elles ont aussi révélé quelques qualités vocales, composant un chœur qui fit battre des cœurs et, des arguments de comédiennes. Dans la fosse, un quintet d’instrumentistes, avec à sa tête Bruno Membrey, a su dynamiser la partition, lui donnant parfois un petit côté jazzy qui lui va à merveille. De la belle ouvrage, donc, et du plaisir !
Michel EGEA

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